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Monika Rühl: "Il n'y a pas de solutions faciles pour un financement de la 13e rente AVS"

Les invités de La Matinale (vidéo) - Monika Rühl, directrice d’economiesuisse, et Ueli Leuenberger, président de l’AVIVO Genève
Les invités de La Matinale (vidéo) - Monika Rühl, directrice d’economiesuisse, et Ueli Leuenberger, président de l’AVIVO Genève / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 13 min. / le 4 mars 2024
Après l'acceptation de la 13e rente AVS se pose la question de son financement. Pour Monika Rühl, directrice d'Economiesuisse, interrogée dans La Matinale, il n'y a pas de solutions faciles, mais les entreprises ne veulent pas être pénalisées. Pour Ueli Leuenberger, président de l'AVIVO Genève, il y a de l'argent pour tout, sauf pour les retraités. 

"Nous respectons évidemment cette décision très claire des Suissesses et des Suisses", a relevé lundi dans La Matinale Monika Rühl, directrice d'Economiesuisse, la faîtière qui compte plus de 100'000 entreprises et 2 millions d'emplois. Mais "notre souci reste le financement de l'AVS. C'est le premier pilier de notre prévoyance vieillesse, il faut prendre soin de cette assurance vieillesse".

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Il faut bien comprendre le système de l'AVS, explique-t-elle encore. "Depuis toujours, ce sont les jeunes qui paient les rentes des rentiers. C'est un contrat entre les générations. On va maintenir ce système." Or, il y a de plus en plus de rentiers et de moins en moins de jeunes qui payent. C'est un fait démographique. "Je regrette cette situation pour les jeunes parce qu'il va falloir payer."

Pouvoir vivre dignement

Pour Monika Rühl, l'assainissement de l'AVS est primordial. "C'est une question de société, c'est aussi une question de justice. Dans un pays riche comme le nôtre, tout le monde doit pouvoir vivre dignement une fois qu'il ou elle a passé à la retraite. C'est une évidence." Mais il faut décider à présent comment financer cette 13e rente. "C'est nous tous qui allons financer cette augmentation de rente. C'est un aspect qui a peut-être été un peu oublié lors de la décision d'hier."

Dans un pays riche comme le nôtre, tout le monde doit pouvoir vivre dignement une fois qu'il ou elle a passé à la retraite. C'est une évidence

Monika Rühl, directrice d'Economiesuisse

Un ras-le-bol sous-estimé

La directrice d'Economiesuisse reconnaît toutefois avoir sous-estimé "ce ras-le-bol qui existe apparemment dans la société". Selon elle, il aurait fallu proposer un contre-projet à cette initiative comme à celle des jeunes PLR, lors des débats parlementaires. Mais ces débats ont eu lieu en 2023, année électorale. "Les partis politiques ne voulaient pas discuter du fond et ils ont tout simplement décidé de rejeter cette initiative."

A travers un contre-projet, "un financement ciblé pour les rentiers qui ont vraiment besoin de cet argent aurait pu être prévu. Maintenant, cette 13e rente profite à tout le monde, même aux rentiers qui n'en ont pas vraiment besoin, ce que je regrette. Nous avons dans notre pays, vu que c'est un pays riche, beaucoup de rentiers qui ont beaucoup d'argent et qui n'ont pas besoin de cette rente", précise-t-elle encore.

Qui va payer cette 13e rente?

Aucune décision n'a encore été prise sur le financement de cette nouvelle rente, rappelle Monika Rühl. Trois solutions sont envisagées: une augmentation des cotisations ou de la TVA, ce qui va diminuer le pouvoir d'achat, ou une hausse du financement de la Confédération. Mais "les finances fédérales sont dans un mauvais état déjà maintenant".

Les entreprises suisses vont contribuer pour trouver une solution. Mais elles ne veulent pas être pénalisées

Monika Rühl

Il n'y a pas de solution facile, relève-t-elle, "mais c'est un bon signe" que le gouvernement présente une décision sur le financement de la 13e rente AVS cette année encore, comme l'a annoncé la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider. "Les entreprises suisses vont contribuer pour trouver une solution. Mais elles ne veulent pas être pénalisées", souligne Monika Rühl, tout en rappelant que le système suisse repose sur trois piliers. "Il y aura une prochaine étape. On va voter sur la réforme de la LPP (le deuxième pilier), cet automne probablement. C'est important de dire oui à cette réforme après la décision de dimanche", conclut-elle.

>> Relire : Le comité contre la réforme du 2e pilier annonce que le référendum a abouti

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: lan

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"Arrêter de dresser les jeunes contre les vieux"

Egalement interrogé dans La Matinale, Ueli Leuenberger, le président de l'AVIVO Genève, association de défense des retraités et futurs retraités, dit "merci à cette énorme majorité du peuple qui a accepté cette 13e rente AVS. Ce qui s'est passé ce week-end n'est pas seulement une question de portemonnaie, mais une question de justice".

"Il faut arrêter d'essayer de dresser les jeunes contre les vieux", répond-il à Monika Rühl. "L'AVS est une oeuvre de solidarité où les jeunes ont toujours cotisé pour les rentiers, pour les plus vieux."

"Ce qui ressort de cette votation, c'est le fait que la population a insisté sur le fait qu'il y a de l'argent pour tout sauf pour les retraités", relève-t-il.