Monseigneur de Raemy: le célibat des prêtres, "c'est une chance incroyable"

La question du célibat des prêtres revient souvent sur le tapis. L'évêque de Bâle a récemment estimé qu'il serait difficile à l'avenir de maintenir un célibat obligatoire. Alain de Raemy ne partage pas cette position. "Je pense que c'est une chance incroyable. On voit des figures de célibataires qui ont été d'une générosité grâce à leur célibat", souligne-t-il.

Quelqu'un qui n'avait pas d'enfant, c'était un peu un échec, et Jésus a vécu un peu comme ça

"Quand le célibat est au profit d'un certain égoïsme, d'un repli sur soi ou quelque chose de maladif, ça ne va pas, c'est sûr", admet l'administrateur apostolique du diocèse de Lugano. "Mais celui qui nous a donné l'exemple, c'est Jésus lui-même, et saint Paul l'a ensuite suivi."

"Je le dis des fois, un peu pour provoquer: le célibat, c'est la faute de Jésus. C'est lui qui a vécu comme ça, qui a contredit les habitudes de son époque. La fertilité était la bénédiction de Dieu. Quelqu'un qui n'avait pas d'enfant, c'était un peu un échec, et Jésus a vécu un peu comme ça. Il y a un message de générosité totale, mais il faut le vivre."

De moins en moins de fidèles

Comme dans la plupart de l'Occident, la part des personnes non religieuses est en hausse continue en Suisse. Elle est même récemment devenue majoritaire. Alain de Raemy n'est pas surpris. "Ça nous met devant la réalité de ce que vivent les personnes. Elles sont catégorisées d'après le baptême, mais elles s'éloignent de plus en plus de l'Eglise. Certains parents baptisés n'envoient pas leurs enfants au catéchisme, ne font pas baptiser leurs enfants. La situation est plus transparente, si on veut."

C'est important de parler des scandales avec les fidèles. Sinon, c'est comme si on parlait tout le temps de votre famille dans les médias et que vous n'avez jamais de réunion de famille

Les scandales d'abus sexuels dévoilés en 2023 - l'étude de l'Université de Zurich et l'affaire de l'Abbaye de Saint-Maurice notamment - ont engendré une perte de confiance des fidèles vis-à-vis de l'Eglise. "Cela en a fait réfléchir certains. S'ils n'entendent ces affaires qu'à travers les médias, c'est sûr qu'ils en déduisent qu'ils n'appartiennent pas à ce groupe-là. Mais je pense que c'est une information partielle, tout importante et vraie qu'elle soit", estime-t-il.

Face à cela, Alain de Raemy essaie de donner un autre message. "Je suis allé à la rencontre des fidèles du diocèse de Lugano. Il y avait une centaine de personnes à chaque soirée et c'était important pour eux de pouvoir en parler, de pouvoir échanger là-dessus et de ne pas être limités à ce que disent les médias, tout vrai que ce soit, mais de pouvoir réagir et se comprendre dans l'église. C'est comme si on parlait tout le temps de votre famille dans les médias et que vous n'avez jamais de réunion de famille."

>> L'interview complète d'Alain de Raemy dans La Matinale :

Propos recueillis par Delephine Gendre

Version web: Antoine Schaub