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"70% de l'empreinte carbone de nos produits se trouve dans l’agriculture", souligne le patron de Nestlé Suisse

L'invité de La Matinale - Eugenio Simioni, directeur de Nestlé Suisse
L'invité de La Matinale - Eugenio Simioni, directeur de Nestlé Suisse / La Matinale / 13 min. / hier à 07:00
Face à l'urgence climatique, Nestlé Suisse participe à AgroImpact, une initiative visant à réduire de 30% l'empreinte carbone de l'agriculture d'ici 2030. Grâce à une collaboration inédite avec des ONG et des agriculteurs, ce projet entend transformer les pratiques agricoles sur une large échelle.

Réunir un géant agroalimentaire comme Nestlé, l'ONG WWF, des distributeurs et des agriculteurs suisses semblait improbable. Pourtant, tous collaborent aujourd’hui dans AgroImpact, une initiative lancée par Prometerre. "Dialoguer avec toutes les parties prenantes pour trouver des solutions est logique et nécessaire", affirme Eugenio Simioni, directeur de Nestlé Suisse.

Créée en 2022, AgroImpact s’engage à réduire de 30% l’empreinte carbone des produits agricoles d’ici 2030. L’enjeu est majeur, car l’agriculture représente 15% des émissions de CO2 en Suisse. Nestlé, qui dépend directement des matières premières agricoles, ne pouvait rester à l’écart: "70% de l’empreinte carbone de nos produits se trouve dans l’agriculture", rappelle Eugenio Simioni dans La Matinale.

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Agroimpact, une association qui regroupe paysans, industrie, grande distribution et ONG pour réduire l'empreinte carbone. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Agroimpact, une association qui regroupe paysans, industrie, grande distribution et ONG pour réduire l'empreinte carbone / La Matinale / 1 min. / hier à 06:33

Un soutien ciblé aux fermes engagées

Aujourd’hui, 40 exploitations sont pleinement intégrées au projet et 260 autres réalisent leur bilan carbone pour rejoindre l’initiative. Les agriculteurs bénéficient de primes moyennes de 5000 francs par an et par ferme pour financer des pratiques plus durables: réduction des labours, panneaux solaires, gestion améliorée des sols.

Si certains trouvent ces montants modestes, Eugenio Simioni tempère: "Cela vient en plus des paiements directs et d’autres programmes déjà en place. Ces primes sont ciblées sur le travail à effectuer pour rendre l’exploitation plus durable."

Quant à une éventuelle augmentation des prix des produits Nestlé en lien avec ces primes, le directeur temporise. "Pour le projet AgroImpact, il est encore trop tôt. Les primes sont de l'ordre de 2% à 4% sur le prix de la matière première, ce qui est quand même considérable. On devra voir ce que cela veut dire en termes d'impact sur le coût de fabrication des produits", analyse-t-il.

Et de préciser: "Le prix juste doit être défini en fonction de la qualité et de la performance du produit. Et cela inclut la performance écologique. Une façon de valoriser le travail qui est fait à travers toute la filière".

Une vision globale de la durabilité

Si la réduction du CO2 reste la priorité d’AgroImpact, la biodiversité n’est pas oubliée. La gestion des sols y joue un rôle crucial: "La santé des sols permet de séquestrer du carbone, ce qui est essentiel. Des sols vivants créent aussi les conditions propices au développement de la biodiversité", explique ainsi le directeur de Nestlé Suisse.

Interrogé sur l’élimination des pesticides et sur la possibilité de voir également des primes associées à ce problème, Eugenio Simioni se montre par contre plus prudent mais néanmoins ouvert à l’évolution du programme: "Pour l’instant, le focus des primes est sur les émissions de CO2. À voir si d’autres incitations seraient nécessaires ou souhaitables à l’avenir", explique-t-il.

Un modèle exportable?

Le projet pourrait par ailleurs dépasser les frontières nationales. "La façon de travailler que nous avons en Suisse, où toutes les parties prenantes se mettent autour de la table, inspire nos collègues dans d’autres pays", se félicite Eugenio Simioni.

AgroImpact illustre donc une nouvelle approche où coopération et engagement conjuguent économie et environnement. Un modèle qui, s’il atteint ses objectifs, pourrait transformer durablement le secteur agroalimentaire.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Tristan Hertig

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