Dans l'espace, sur un bateau ou avec les plus démunis: ils vivent des Fêtes hors de l'ordinaire
Le Noël de Diana, ukrainienne réfugiée en Suisse
Passer Noël loin des siens, c’est la réalité de Diana, 23 ans, originaire de Kharkiv en Ukraine. Elle a fui la guerre en mars 2022 et vit désormais dans un studio, niché au cœur du quartier des Pâquis, à Genève. Chez elle, tout est parfaitement rangé et sobre. Seul un élément détonne avec l’ensemble: un petit sapin en plastique, illuminé d’une guirlande sur un coin de meuble. "Mes parents me l’ont envoyé d’Ukraine", s’exclame-t-elle avec un grand sourire.
Sa mère, arrivée en Suisse avec Diana, est retournée à Kharkiv il y a un an. Diana, elle, est restée. Trop peu de perspectives en Ukraine. A Genève, elle étudie à l’université, s’implique dans des associations et construit une vie sociale. Avec ses amis rencontrés ici, elle fêtera Noël deux fois. Le 6 janvier, comme le veut la tradition orthodoxe ukrainienne, et les 24 et 25 décembre, selon le calendrier catholique.
En Ukraine, à cette période, elle avait pour habitude de préparer le sapin avec ses parents et son frère. Ensemble, ils dégustaient les douze plats traditionnels, douze comme les douze apôtres. C'est ce que veut la coutume. Cette année, c'est par téléphone que la famille se souhaite Joyeux Noël.
Les saisonniers à Verbier, comme une "petite famille" à la montagne
Dans un des restaurants de Verbier, ils sont près d'une vingtaine à travailler durant l'hiver. Ils viennent en majorité de France, mais aussi d'Espagne, du Portugal ou de Belgique. Noël, c'est la haute saison. Ils passent donc les fêtes loin de leurs proches.
C'est le cas de Lorie, 29 ans, responsable de salle venue du nord de la France. Dans la célèbre station de ski, ses amis sont devenus un peu comme une "petite famille" raconte la jeune femme. Les vacanciers, eux aussi, sont là pour se retrouver, donc "c'est notre rôle de faire passer un bon Noël à ces familles", insiste la Lilloise.
Dante, le patron du Offshore Café à Verbier, assure que ses employés travaillent, mais pas que. "On essaie de faire un repas staff un peu plus spécial et on prépare un cocktail", dit le restaurateur.
Avec des bénévoles à Bulle, le partage est au cœur des fêtes
Dans un local de la ville de Bulle, une dizaine de bénévoles s'activent pour préparer des paniers garnis – chocolat, pâtes, friandises – qui seront livrés le soir de Noël à des familles fribourgeoises dans le besoin. Tous font partie de l’association les Saint-Bernard du Cœur, histoire sans Faim.
Colomba, elle, donne de son temps depuis "6 ou 7 ans". Mettre la main à la pâte un 24 décembre, c'est un peu son "cadeau aux gens dans le besoin". "En espérant que ça leur donne une étincelle pour ce soir", ajoute-t-elle.
A l'initiative de ce mouvement se trouve Claude Maillard, qui a fondé l'association en 2017. Comme dans d'autres structures, les besoins ont explosé depuis.
Au total, l'association soutient "1351 familles – soit 4632 personnes, dont 2161 enfants", détaille très précisément la présidente. Mais faute de moyens et de bénévoles, les fameux paniers de Noël ne seront livrés qu'à 20 ménages en cette fin d'année, "des familles qu'on n'allait pas livrer régulièrement", explique encore Claude Maillard.
Fêter loin de ses proches, dans l'espace
Deux astronautes américains bloqués dans l'espace ne sont pas rentrés pour les fêtes de fin d'année. Sunita Williams et Butch Wilmot vivront cette période loin de leur famille et de leurs amis. Ils devaient passer huit jours sur l'ISS et y resteront plus de neuf mois, jusqu'en mars 2025.
L'astronaute suisse Marco Sieber devrait partir pour l'espace dès 2027, pour une durée de six mois. Comment gérer le sentiment d'isolement durant les fêtes? Pour lui, avec un esprit d'équipe fort et un moral de fer.
Mais pour passer le cap de la nouvelle année, pas question de sabrer le champagne: "On ne peut pas boire d'alcool dans l'espace et surtout pas de champagne! Le CO2 dans les boissons n'est pas bien dans l'apesanteur. Le liquide ne peut pas se séparer du gaz", explique-t-il. Pour garder le moral, Marc Sieber prévoit déjà d'apporter avec lui du Gruyère et du chocolat.
Au milieu des océans, sur un bateau
Des chapeaux de Père Noël, des décorations, des pulls de Noël. Les navigateurs et navigatrices du Vendée Globe ont redoublé d'originalité pour fêter dignement le réveillon et le 25 décembre. La réalité ne change pas: la solitude est toujours présente. Le Genevois Alan Roura redoutait un peu ces fêtes de fin d'année.
"Tout le monde va être en famille et je suis un peu tout seul sur mon bateau. Mais bon, c'est comme ça. On ne m'a pas forcé, je l'ai choisi, mais c'est vrai que ça fait bizarre", souligne-t-il. La situation est difficilement compréhensible pour les enfants, explique son épouse Aurélia Mouraud. Elle explique: "C'est particulier, mais finalement, c'est mon troisième Noël sans Alan, donc ça fait partie de nos habitudes".
Grâce aux appels vidéos, les skippeurs et skippeuses gardent le lien avec les proches. Il y a aussi les cadeaux cachés sur leur bateau. Et pour le repas, il est aussi possible de se faire plaisir, avec un peu de foie gras et du champagne.
Sujets radio: Salomé Laurent, Emilien Verdon, Mehdi Piccand, Sophie Iselin et Grégoire Perroud
Adaptation web: Doreen Enssle, Lucie Ostorero