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Nouvelle directrice de la Croix-Rouge suisse, Nora Kronig est "inquiète" du désengagement de l'Etat

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nora Kronig, nouvelle directrice de la Croix-Rouge suisse
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nora Kronig, nouvelle directrice de la Croix-Rouge suisse / La Matinale / 13 min. / aujourd'hui à 07:00
Minée par des crises internes l'an dernier, la Croix-Rouge suisse est désormais dirigée par Nora Kronig depuis le mois de mai. Malgré ce contexte, la Genevoise déclare dans La Matinale être arrivée dans un environnement "serein" et "bienveillant".

Licenciement du directeur Markus Mader fin 2022 pour divergences de vues; une enquête externe faisant état de manquements de la part de l'organe dirigeant lors de ce limogeage, entraînant la démission de la présidente Barbara Schmid-Federer; départs en cascade au comité directeur: la Croix-Rouge suisse (CRS) n'a pas été épargnée par les remous ces dernières années.

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C'est dans ces conditions que Nora Kronig, 44 ans, a repris les rênes de la plus grande organisation caritative du pays, forte de 50'000 bénévoles et de centaines de milliers de bénéficiaires. Invitée dans La Matinale, cette ancienne diplomate, qui travaillait ces dernières années à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), confie être arrivée "dans un environnement serein" et "bienveillant".

"Je crois que, lorsque nous avons passé une phase turbulente, nous pouvons tirer des leçons de ce qui s'est passé. Maintenant, ce qui est important pour nous, c'est de construire notre institution, de la renforcer et d'avoir un fédéralisme que nous vivons, à l'image de notre pays. Là, je crois que nous avons encore du travail", déclare-t-elle sur l'antenne de la RTS, indiquant aussi que les finances de la CRS sont "saines et durables".

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Se recentrer sur les missions de base

La Croix-Rouge suisse souhaite désormais se reconcentrer sur ses missions sociales humanitaires, elle qui se substitue parfois à l'Etat dans les domaines où ce dernier ne veut pas, ou ne peut pas intervenir.

L'organisation fondée en 1866 par le général Guillaume-Henri Dufour pourrait même être mise fortement à contribution dans un futur proche, après la récente annonce par le Conseil fédéral d'un vaste programme d'économies. La Confédération a notamment prévu la suppression de la participation à l'accueil extrafamilial, mais aussi des coupes dans le financement de l'AVS et l'intégration des étrangers.

"Ça m'inquiète", concède Nora Kronig, qui craint un désengagement de l'Etat dans ses missions sociales. "Je trouve qu'il est très important que l'Etat soit aux côtés des plus vulnérables", développe-t-elle.

Organisation plus agile que l'Etat

Nora Kronig loue la complémentarité des deux entités. "Notre rôle est un peu différent, nous sommes peut-être plus agiles et avons des entrées et des accès à des personnes extrêmement vulnérables que l'Etat a moins. La complémentarité va dans les deux sens."

A la question de savoir si la Croix-Rouge suisse devra supplanter l'Etat dans certaines de ses tâches en cas de désengagement, Nora Kronig répond qu'il s'agit d'un retour sur l'histoire de la CRS.

"Quand le général Dufour a créé la Croix-Rouge suisse, l'idée était justement de ne pas seulement s'engager dans le domaine militaire, mais aussi d'appuyer toute la partie humanitaire. C'est de là que vient la Croix-Rouge, que nous sommes nés et je crois qu'il est extrêmement important de continuer à s'engager sur des dimensions intrinsèquement liées les unes aux autres", explique la directrice.

Quoi qu'il en soit, la Suisse peut compter sur l'engagement de sa population, soutient Nora Kronig en faisant le point sur l'entraide dans notre pays. "J'ai été particulièrement impressionnée cet été par l'élan de solidarité autour des intempéries. Nous sommes reconnaissants envers les personnes qui nous soutiennent et qui nous font confiance pour pouvoir aider les autres", conclut-elle.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Article web: Jérémie Favre

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