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"On craint que la situation s'aggrave encore l'an prochain", prévient la directrice de Santésuisse

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Verena Nold, directrice de l’association des assureurs-maladie Santé Suisse
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Verena Nold, directrice de l’association des assureurs-maladie Santésuisse / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 27 septembre 2024
Les années passent et se ressemblent concernant les hausses des primes d'assurance maladie. L'année prochaine ne fera pas exception et cela pourrait être encore pire en 2026, a déjà prévenu la directrice de Santésuisse Verena Nold vendredi dans La Matinale de la RTS.

La population suisse n'a pas échappé à une énième hausse des primes d'assurance maladie. L'augmentation moyenne pour l'année 2025 atteint 6% sur l'ensemble du territoire, avec toutefois de fortes disparités régionales (de +1,5% à Bâle-Ville jusqu'à 10,5% au Tessin).

>> Plus de détails dans notre article : Les primes maladie augmenteront de 6% en 2025: et chez vous? Nos cartes

Santésuisse, la faîtière des assureurs maladie, estime que l'ensemble du système est responsable de la hausse des coûts de la santé, à l'exception des assureurs eux-mêmes. Aux yeux de sa directrice Verena Nold, les caisses permettent au contraire d'économiser des milliards chaque année à travers leur tâche principale qui consiste à contrôler les factures individuelles. Elle rappelle également que les caisses maladie n'ont pas le droit de faire de bénéfices sur l'assurance de base.

"Les caisses sont obligées de contrôler les coûts et de les faire diminuer. Depuis des années, elles économisent par exemple dans les frais d'administration, qui ne représentent que 5%. Cela signifie que 95% des primes sont dépensées pour les traitements médicaux. On voit que la concurrence entre les assurances maladie les oblige à être plus efficaces", argue-t-elle.

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Médecins et hôpitaux visés

Pour expliquer l'augmentation des coûts de la santé, Verena Nold rejette notamment la faute sur les hôpitaux et les médecins, avec lesquels les négociations tarifaires sont âpres. "On essaie de négocier des tarifs les moins élevés possibles, mais nous l'avons entendu, ils veulent plus d'argent, et tout cela est payé par nos primes. La pression politique est aussi très élevée. C'est pour cela qu'on ne peut pas éviter les augmentations de tarifs", explique-t-elle.

Pour la directrice de la faîtière des assureurs, l'accroissement des tarifs médicaux, lié aux quantités de soins livrées, ne laisse rien présager de bon pour l'avenir et les primes futures.

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"La tendance ne montre aucun signe d'amélioration. Nous craignons que l'année prochaine, avec l'augmentation des tarifs médicaux négociés avec les hôpitaux et les médecins, la situation ne s'aggrave encore", prévient-elle.

Dans La Matinale de la RTS, Verena Nold critique l'attitude de certains médecins. "Actuellement, nous avons un système de santé où c'est le libre-service en matière de tarif médical [...] Les médecins peuvent facturer comme ils veulent [...] Il y a une tendance, parfois, d'en faire trop, et pas toujours pour le bien du patient."

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Le nouveau système tarifaire pour stabiliser les coûts?

Pour la directrice de Santésuisse, la solution passe par le nouveau système tarifaire pour les médecins, actuellement en négociation entre les différents acteurs du secteur et qui devrait entrer en vigueur en 2026.

"Aujourd'hui, on ne sait pas combien gagnent les médecins. On pense qu'il y en a beaucoup qui gagnent pas mal, mais on manque de chiffres. C'est pour cela qu'à l'avenir, il faut demander les chiffres réels pour connaître les coûts réels. Cela permettrait de voir si quelqu'un gagne beaucoup sur les frais d'une assurance sociale", argumente Verena Nold.

Pour lutter contre la hausse des coûts de la santé, Santésuisse propose aussi la mise en place d'un moratoire sur le catalogue de prestations remboursées. La faîtière pointe du doigt les nouveaux traitements, comme ceux contre l'obésité.

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Autre solution proposée: la mise en place d'une planification suprarégionale des établissements de soins. "En Suisse, nous avons beaucoup d'hôpitaux et leur planification revient aux cantons. On voit qu'il y a des régions intercantonales qui feraient sens, par exemple Fribourg et Vaud ou Fribourg et Berne. Il faudrait un cadre légal fédéral pour obliger les cantons à planifier cela ensemble", détaille la directrice.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Article web: Jérémie Favre

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