"On n'essaie pas d'enlever la retraite, mais de la financer le plus longtemps possible", déclare Anna Ludwig
Lors de l'introduction de l'AVS en 1948, l'espérance de vie à la retraite était d’environ douze ou treize ans. Aujourd’hui, elle dépasse vingt ans, soit environ dix ans de plus. En votation le 3 mars prochain, l'initiative "Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne" demande donc le relèvement de l'âge de la retraite à 66 ans, puis de poursuivre cette augmentation en fonction de l'évolution de l'espérance de vie.
"Il y a de plus en plus de personnes arrivant à l'âge de la retraite (...). Face à cela, il y a de moins en mois de jeunes, parce que nous faisons de moins en moins d'enfants", explique Anna Ludwig, responsable romande du "oui" à l'initiative sur les rentes. Elle estime que ce déséquilibre démographique doit être compensé. Dans le cas contraire, il risque de mettre en péril le financement des retraites.
Nous endettons l'AVS et nous créons une dette colossale que nous allons transmettre à nos enfants.
Mais elle estime que ce problème n'est pas nouveau: "Nous le connaissons maintenant depuis vingt ans. A l'époque, le conseiller fédéral Pascal Couchepin avait déjà dit que nous avions un problème structurel de l'AVS et qu'il faudrait augmenter l'âge de la retraite, mais depuis, la politique n'a absolument rien fait".
"Toutes les réformes qui ont été prises comme AVS 21 ne sont que des mesures pansements. Elles ne s'attaquent pas au problème de fond qui est de savoir comment allons-nous financer les retraites pour les générations à venir?", souligne Anna Ludwig.
Selon elle, le financement de l'AVS est garanti seulement jusqu'en 2030. "Ensuite, on parle d'un déficit monstrueux", à partir de 2050, il se monterait à près de 80 milliards de francs. "Comme comparaison, le tunnel du Gothard nous a coûté 12 milliards et la crise Covid 30 milliards", rappelle-t-elle.
Nous étions obligés de lancer une initiative populaire parce que le Parlement n'a pas fait les adaptations nécessaires en vue de l'évolution démographique
Pour pérenniser l'AVS, l'ancienne présidente des Jeunes PLR neuchâtelois imagine d'autres solutions, notamment l'augmentation des charges salariales ou de la TVA, ou encore la réduction des rentes. Mais "toutes ces mesures font extrêmement mal" et elles seraient plus douloureuses que la hausse de l'âge de la retraite, explique-t-elle.
"Si nous augmentons les charges salariales, cela va toucher particulièrement les jeunes. Car nous avons une longue vie active devant nous", déclare la doctorante de l'Université de Fribourg de 26 ans. "On parle d'une augmentation des charges salariales aux alentours de 2%. Cela paraît peu, mais sur une vie active de 40 ans, c'est un salaire annuel", poursuit-elle.
Selon elle, déjà aujourd'hui, "la plupart des gens continuent de travailler au-delà de l'âge de la retraite, (...) ce qui permet d'augmenter leurs rentes". L'initiative "essaie juste de faire en sorte qu'on puisse financer une retraite pour tout le monde le plus longtemps possible", précise Anna Ludwig.
La génération des baby boomers va vider complètement les caisses de l'AVS
Si aucune mesure n'est prise, la génération des baby-boomers va épuiser les réserves de l’AVS, craint Anna Ludwig. "Cela ne signifie pas qu'il faut arrêter de leur payer leurs retraites. Mais si nous n'adaptons pas le mécanisme, c'est ce qui arrivera", prévient-elle.
"Finalement, ce que l'on essaie de faire, c'est de ne pas de mettre en péril le financement de l'AVS", mais d'assurer "par un système fiable" le sauvetage des retraites, déclare-t-elle.
En conclusion, elle estime qu'il n'y a pas de conflit ou de fossé entre générations. Dans le cas contraire, les plus de 65 ans ne soutiendraient pas l'initiative, "finalement, c'est une question de perspective".
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Propos recueillis par: PIetro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares