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Oui aux deux initiatives sur la santé, loi sur l'électricité plébiscitée, selon le premier sondage SSR

Selon le premier sondage SSR, les deux initiatives sur la santé soumises le 9 juin prochain auraient les faveurs de la population
Selon le premier sondage SSR, les deux initiatives sur la santé soumises le 9 juin prochain auraient les faveurs de la population / 12h45 / 2 min. / le 3 mai 2024
Une courte majorité de la population soutient pour l'heure les deux initiatives sur l'assurance-maladie, montre vendredi le premier sondage SSR en vue des votations du 9 juin. La loi sur l'approvisionnement électrique est, elle, bien partie pour triompher. Quant à l'initiative contre la vaccination obligatoire, elle devrait être largement rejetée.

Trois mois après le oui à la 13e rente AVS, le peuple va-t-il accepter une nouvelle avancée sociale le 9 juin prochain? A quelques semaines du vote, l'initiative d'allègement des primes bénéficie en tout cas du soutien de plus de la moitié des Suisses (56% de oui contre 40% de non), selon le premier sondage SSR réalisé par l'institut gfs.bern. Le texte lancé par le Parti socialiste veut accorder des subsides à tous les assurés dont les primes dépassent 10% du revenu disponible.

Plutôt que plafonner les primes, Le Centre propose de traiter le mal à la racine et d'introduire un mécanisme pour limiter la hausse des dépenses de santé. Son initiative "pour un frein aux coûts" recueille également l'appui d'une majorité de la population (52% de oui contre 41% de non). Pour ces deux initiatives, l'écart reste toutefois serré et gfs.bern ne s'avance pas à prédire l'issue du vote, et ce d'autant plus que ces textes doivent aussi convaincre la majorité des cantons.

Pour les deux autres objets soumis au peuple, la situation en ce début de campagne semble nettement plus claire. La Loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables est pour l'heure plébiscitée par 75% des Suissesses et des Suisses (19% de non), tandis que l'initiative contre la vaccination obligatoire serait rejetée par sept votants sur dix, contre un peu plus d'un quart qui l'accepteraient.

La gauche veut alléger la facture des assurés moins aisés

Depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur l'assurance-maladie en 1997, les primes ne cessent de grimper, grignotant le pouvoir d'achat des Suisses. De gauche à droite, tout le monde s'accorde à dire que cette situation n'est pas tenable, sans que les différents acteurs du secteur ne trouvent le remède pour juguler cette flambée des coûts. Le PS a donc décidé de s'en prendre aux symptômes et a déposé en janvier 2020 une initiative pour plafonner les primes à 10% du revenu.

A gauche, sans surprise, cette proposition est accueillie avec enthousiasme. Aujourd'hui, près de neuf sympathisants socialistes sur dix y sont favorables. Chez les Verts, le soutien dépasse les trois quarts. Les sans-parti acceptent aussi largement le texte (68% de oui). A l'inverse, le rejet le plus vif se retrouve au sein de l'électorat du PLR (73% de non), devant celui de l'UDC et des Vert'libéraux (56% de non chacun). Les proches du Centre sont quant à eux très divisés (45% de oui contre 49% de non).

Moins on gagne, plus on vote oui

Le plafonnement des primes fait un carton en Suisse romande et au Tessin, avec plus de 70% d'intentions de vote favorables. Ces régions sont aussi celles où, en général, on paie des primes plus élevées que la moyenne nationale. Loin d'être sourds à l'idée, les Suisses alémaniques, de leur côté, se montrent plus réservés. La moitié des germanophones sondés se disent prêts à voter oui, mais ils sont presque autant (46%) à prôner le rejet du texte. A noter que les femmes semblent plus enclines à accepter la proposition (61% de oui / 35% de non) que les hommes (51% de oui / 46% de non).

L'approbation de l'initiative est surtout fortement corrélée au revenu : plus on gagne de l'argent, moins on est disposé à voter oui. Ainsi, plus de trois quarts des personnes issues des ménages les moins aisés (moins de 5000 francs par mois) se déclarent favorables au plafonnement des primes. Chez les personnes gagnant entre 9000 et 11'000 francs par mois, le soutien chute à 51%. Seuls les ménages les plus nantis (plus de 11'000 francs par mois) s'opposent majoritairement à la proposition (57% de non).

Pas de front uni contre le frein aux coûts

Face au même diagnostic, l'initiative du Centre propose un autre traitement à l'explosion des dépenses de santé : agir sur les coûts. Pour le parti de Gerhard Pfister, instaurer un frein aux coûts obligerait tous les acteurs du système à se mettre autour de la table et à mettre en oeuvre les solutions qui existent depuis longtemps. De gauche à droite, tous les autres grands partis du pays rejettent ce mécanisme qu'ils jugent inefficace et susceptibles de créer une médecine à deux vitesses.

Près de deux tiers des sympathisants du Centre sont convaincus par l'initiative (63% de oui), tout comme une large majorité des électeurs indépendants (70% de oui). Même si leur parti recommande de voter non, plus de la moitié des électeurs des Verts sont aussi acquis à l'idée. Dans les autres formations, aucune majorité ne se dessine en faveur du frein aux coûts dans le domaine de la santé. Du côté de l'électorat PLR, l'accueil est même carrément hostile (59% de non).

Le frein aux coûts parle aux Latins

Avec pas moins de 74% d'opinions favorables, le frein aux coûts fait un score canon en Suisse italienne. La Suisse romande se range également derrière l'initiative du Centre (56% de oui). En revanche, les avis sont très partagés en Suisse alémanique (48% de oui contre 46% de non), où la problématique des coûts de la santé est généralement moins aiguë que dans les cantons latins.

Comme pour l'initiative d'allègement des primes, le revenu est un des facteurs déterminants dans le choix du vote, voire le plus important. Le frein aux coûts recueille en effet une majorité d'intentions de vote favorables dans toutes les catégories de revenu, sauf chez les personnes issues d'un ménage gagnant plus de 11'000 francs par mois (44% de oui contre 49% de non). Dans les classes les moins aisées, le soutien dépasse les 60%.

La Loi sur l'approvisionnement électrique ratisse large

A moins d'un coup de tonnerre d'ici au 9 juin, rien ne semble pouvoir faire barrage à la Loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables. La seule résistance significative se retrouve à l'UDC. L'électorat UDC (48% de non contre 46% de oui) est divisé, au même titre que le parti. Alors que la plupart de ses parlementaires avaient voté en faveur du texte au Parlement, le parti a ensuite officiellement pris position contre la loi, désavouant "son" conseiller fédéral Albert Rösti.

Défendue par le Conseil fédéral, la plupart des partis et les grandes organisations environnementales, la nouvelle législation vise à promouvoir les énergies renouvelables en Suisse, avec un double objectif: assurer la sécurité de l'approvisionnement à long terme et décarboner la consommation. Hormis à l'UDC, le projet fait la quasi-unanimité au sein des sympathisants de gauche comme de droite (de 85% de oui au Centre et au PLR à 94% chez les Vert'libéraux). Un peu moins enthousiaste, l'électorat indépendant y reste majoritairement favorable (58% de oui).

Menés par la Fondation Franz Weber, les opposants dénoncent la priorité donnée à la production d'électricité sur la protection de la nature. Ils craignent en particulier que la nouvelle loi ne porte atteinte au paysage et aux biotopes protégés. Mais ce discours porte peu dans la population, quelle que soit la région linguistique. Trois quarts des Romands et des Alémaniques soutiennent ainsi le projet. Le Tessin semble un peu plus perméable aux arguments du comité référendaire, mais le oui y reste largement majoritaire (68%).

Large front contre l'initiative contre la vaccination obligatoire

Lancée pendant la pandémie de Covid-19, l'initiative "Pour la liberté et l’intégrité physique", sur laquelle le peuple est aussi appelé à se prononcer le 9 juin, vise à exclure toute obligation vaccinale ainsi que tout préjudice social et professionnel en cas de refus de se faire vacciner. Plus largement, le texte exige que "les atteintes à l’intégrité physique ou psychique d’une personne requièrent son consentement".

Parmi les grands partis, seule l'UDC soutient le texte. Le Conseil fédéral et toutes les autres formations politiques du pays relèvent pour leur part que l'intégrité physique est déjà inscrite dans la Constitution et que, aujourd'hui déjà, personne ne peut être contraint de se faire vacciner contre son gré en Suisse. En cas d'acceptation de l'initiative, les opposants craignent par ailleurs une insécurité juridique dans divers domaines en lien avec la santé.

Les intentions de vote correspondent parfaitement aux recommandations de vote des partis. Alors que plus de la moitié des proches de l'UDC approuvent l'initiative (54% de oui), une très grande majorité des électeurs des autres formations la repoussent, à plus de 80%. L'électorat indépendant penche lui aussi, quoique légèrement, en faveur du rejet (50% de non / 47% de oui). Le non est par ailleurs majoritaire dans les trois régions linguistiques, avec un maximum en Suisse romande (74% de non).

Didier Kottelat

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Méthode

Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 9 juin 2024, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 12 et le 25 avril 2024 auprès de 11'040 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.