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Pascale Baeriswyl: "On veut mettre l'accent sur un meilleur respect du droit international humanitaire"

L'ambassadrice à l'ONU Pascale Baeriswyl salue la résolution de trêve au Proche-Orient. [Keystone]
La Suisse accueille des membres du Conseil de sécurité de l'ONU à Genève: interview de Pascale Baeriswyl / Forum / 7 min. / le 25 août 2024
Quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont réunis ce week-end à Genève à l'occasion des 75 ans des Conventions de Genève. Seule la Russie a décliné l'invitation. Pour Pascale Baeriswyl, ambassadrice de la Suisse auprès des Nations unies, l'événement reste toutefois un succès à même de placer le droit international humanitaire au centre de l'attention.

La Suisse siège depuis 20 mois au Conseil de sécurité de l'ONU en tant que membre non permanent. C'est à ce titre qu'elle a accueilli dimanche et lundi les membres du Conseil à Genève. Invitée dimanche de l'émission Forum, Pascale Baeriswyl a expliqué qu'il s'agissait d'un signe important de réengagement pour les Conventions de Genève, qui sont "l'épine dorsale du droit humanitaire".

"Il ne s'agit pas de sensibiliser les membres, car tout le monde est tout à fait conscient qu'il s'agit de Conventions universellement ratifiées. Mais je pense que c'est un signal de réengagement et qu'il s'agit aussi de montrer qu'on veut mettre l'accent sur un meilleur respect du droit international humanitaire partout dans le monde", précise-t-elle.

Il y a énormément de tensions entre les grandes puissances, et plus de 120 conflits dans le monde

Pascale Baeriswyl, ambassadrice de la Suisse auprès de l'ONU

La Russie seule absente

Questionnée sur l'absence de la Russie, seul pays du Conseil à avoir refusé l'invitation, Pascale Baeriswyl admet qu'il aurait été préférable que tout le monde soit là, mais estime que l'événement reste un belle réussite. "Je rappelle que c'est une invitation de la Suisse et que quatorze membres ont non seulement accepté l'invitation, mais qu'ils viennent aussi avec une délégation de haut niveau. Plus de la moitié du Conseil sera représenté au plus haut niveau de leurs ambassadeurs et ambassadrices, et tout cela, en plein été".

Se refusant à analyser le refus de Moscou, la diplomate juge toutefois qu'on ne peut pas parler de boycott. "Je ne crois pas qu'on puisse dire ça comme ça. Je crois qu'on travaille bien avec la Russie, on essaie de faire de notre mieux avec elle à New York et ici à Genève aussi."

On a passé une résolution pour la protection des humanitaires au mois de mai. Une résolution suisse, alors que les humanitaires sont menacés plus que jamais dans l'histoire de l'humanité

Pascale Baeriswyl, ambassadrice de la Suisse auprès de l'ONU

Pascale Baeriswyl rejette toutefois la critique du numéro deux de la mission russe au Conseil de sécurité, qui avait estimé qu'une telle rencontre était une perte de temps et que le Conseil de sécurité avait mieux à faire. "On investit surtout le week-end. En termes de jour de travail, ça prendra un jour et demi. Un jour et demi pour montrer l'engagement pour les Conventions de Genève, je ne pense pas que ce soit une perte de temps", analyse-t-elle.

Une époque "chargée de défis"

Autre thème important, le rôle de la Suisse au sein du Conseil de sécurité. Fixé à deux ans, son mandat au sein de l'instance onusienne se terminera à la fin de l'année.

A l'heure du bilan, Pascale Baeriswyl estime que la Suisse a pu contribuer à plusieurs succès, bien que la situation internationale soit compliquée. "Au Conseil de sécurité, nous sommes à une époque chargée de défis, avec énormément de tensions entre les grandes puissances, et plus de 120 conflits dans le monde. Nous essayons donc au quotidien de faire la différence en faisant respecter le droit international et le droit international humanitaire, dont la Suisse dépend tant économiquement qu'en termes de sécurité."

Et de citer plusieurs réussites: "On a travaillé sur l'accès humanitaire en Syrie; on a pu renouveler l'opération de maintien de la paix en Bosnie; on a pu, au mois de mars, avec les membres élus, faire le premier pas vers un cessez-le-feu à Gaza. Et l'un des succès qui a été peu discuté bien qu'il soit l'un des plus importants, c'est qu'on a passé une résolution pour la protection des humanitaires au mois de mai. Une résolution suisse, alors que les humanitaires sont menacés plus que jamais dans l'histoire de l'humanité", conclut-elle.    
                                

Propos recueillis par Mehmet Gultas et Coraline Pauchard 

Adaptation web: ther

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