Torréfactrice fribourgeoise depuis 2017, Lucie Adisson a vu les grains de café devenir de plus en plus chers. Elle constate que les prix ont doublé et ce, peu importe l'origine.
"Pour moi, la grande surprise cette année est l’augmentation vraiment conséquente du prix du Robusta, qui était jusque-là un café considéré comme moins cher. Il arrive quasiment au prix de l’Arabica", a-t-elle témoigné vendredi dans le 19h30 de la RTS. Confrontée à ces hausses inédites, Lucie Adisson a donc dû augmenter de trois francs le prix au kilo de son café torréfié.
Hausse pour les consommateurs
Le café de la Fribourgeoise se retrouve notamment dans les tasses des habitués du Café Ferdinand à Genève, où la gérante Anna Faleeva tente de contenir les effets de l’inflation. "On essaie de regrouper nos commandes pour diminuer les frais de livraison. Jusqu'ici, on a réussi à jouer pour que la hausse ne soit pas trop ressentie [...], mais je ne sais pas pour combien de temps", confie-t-elle.
Dans les magasins, les consommateurs ne sont par contre pas épargnés: le café se paie déjà 3,7% plus cher depuis le début de l’année, une tendance qui devrait d'ailleurs s'accentuer ces prochains mois. "Il y a toujours une différence d'à peu près un à trois mois entre le moment où le prix monte et l'impact sur les consommateurs. C'est souvent dû au stock que les torréfacteurs ont, ce qui retarde l'augmentation de prix", explique Nicolas Tamari, directeur général de Sucafina, une société de négoce basée à Genève.
Des conditions climatiques extrêmes à l’origine de la crise
Depuis maintenant un an, le cours du café en bourse s'envole et a atteint fin septembre son plus haut niveau depuis dix ans. Cette flambée s’explique par les mauvaises récoltes au Brésil et au Vietnam, les deux plus grands pays exportateurs. Dans la région de Sao Paulo, le Brésil fait face à sa pire sécheresse depuis 70 ans, réduisant drastiquement les rendements de ses plantations de café. Quant au Vietnam, le pays subit de lourdes pertes après les inondations causées par le typhon Yagi.
La situation n’est pas près de s'améliorer et les acteurs du marché s’attendent à ce que ces catastrophes climatiques se répètent, affectant durablement la production mondiale. Pendant ce temps, la consommation de café ne faiblit pas, bien au contraire. En Chine, par exemple, les envies de caféine explosent et la consommation a grimpé de près de 40% en cinq ans. Au rythme de ces évolutions, le café serait déjà la deuxième boisson la plus consommée au monde après l’eau.
Reportage TV: Clémence Vonlanthen
Adaptation web: ther