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Plus de 100 substances, dont des métaux lourds, retrouvées dans les puffs

Des substances indésirables dans les puffs
Des substances indésirables dans les puffs / A bon entendeur / 6 min. / le 21 mai 2024
Des analyses menées pour le compte de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT Suisse) révèlent la présence de nombreuses substances indésirables dans les puffs. L’impact de celles-ci sur la santé lorsqu’elles sont inhalées reste néanmoins encore méconnu.

Des métaux lourds, des sels de nicotine et des arômes artificiels: ce sont quelques-unes des plus de 100 substances détectées dans une série de puffs, dénonce l’Association suisse pour la prévention du tabagisme.

Des résultats révélés en primeur dans l’émission A Bon Entendeur de la RTS. "On est très inquiets de ces résultats", commente Luciano Ruggia, directeur d’AT Suisse. "Ils montrent la présence de substances très problématiques pour la santé des jeunes", précise-t-il.

Une toxicité encore à démontrer

Toutes les puffs testées contiennent des métaux, dans de faibles proportions. "Majoritairement du nickel, du zinc, du chrome et de l’antimoine", détaille Aurélie Berthet, responsable de l’Unité de santé environnementale d’Unisanté, à Lausanne. "Il est très difficile de savoir si c’est à un niveau toxique ou non, parce qu’il n’y a pas vraiment de référence pour ces valeurs de métaux dans ces dispositifs", ajoute-t-elle.

Idem pour les arômes artificiels détectés. Ces substances sont utilisées dans l’alimentation et certaines sont considérées comme irritantes ou sensibilisantes mais leurs effets en cas d’inhalation ne sont pas connus.

"Le corps humain, nos poumons, ne sont pas faits pour inhaler d’autres choses que l’air extérieur", analyse toutefois Jacques Cornuz, directeur d’Unisanté. Et d’ajouter : "chez les jeunes, il y a encore une maturation, que ce soit des poumons ou du cerveau. Donc ces puffs, qui apportent des substances nocives au niveau des poumons, il faut les éviter."

Sels de nicotine plus faciles à inhaler

Treize des seize cigarettes électroniques jetables testées contenaient par ailleurs des sels de nicotine. Contrairement à la nicotine classique, dite "purifiée", les sels de nicotine sont obtenus par adjonction d’acide, ce qui en facilite l’absorption.

"Pour un jeune qui va vapoter, cette forme de nicotine sera beaucoup plus douce pour la gorge et donc beaucoup plus facile à fumer qu’une cigarette conventionnelle ou de la nicotine purifiée", observe Aurélie Berthet.

Renforcement de la réglementation

Du côté d’AT Suisse, on réclame un renforcement de la réglementation des puffs. Elles "ne sont soumises à aucun contrôle, on peut importer de Chine tout ce qu’on veut", martèle Luciano Ruggia. "Il faut de véritables contrôles avant la mise sur le marché", continue-t-il.

Le directeur réclame par ailleurs une interdiction pure et simple des puffs sur le marché suisse. "Il faut faire une grande différence entre les cigarettes électroniques à système ouvert (rechargeables, ndlr) qui peuvent présenter un intérêt pour un gros fumeur qui veut arrêter et les cigarettes électroniques jetables, qui sont une catastrophe pour l’environnement et surtout la porte d’entrée pour les jeunes dans la dépendance", affirme-t-il.

Fin 2023, trente-quatre pays avaient interdit la vente de cigarettes électroniques, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Alexandre Willemin et Linda Bourget

Adaptation web: ther

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