Le texte "Sauvegarder la neutralité de la Suisse" qualifie la neutralité helvétique de perpétuelle et armée. La Suisse ne doit adhérer à aucune alliance militaire ou de défense. La collaboration avec de telles organisations doit être limitée au cas où la Suisse serait attaquée.
L'initiative demande aussi que la Suisse ne participe pas aux guerres étrangères et ne prenne pas de sanctions économiques ou diplomatiques contre un Etat belligérant, sous réserve de ses obligations envers l'ONU. Berne doit enfin faire usage de son statut neutre dans le cadre des bons offices.
Contre le rapprochement avec l'Otan
Dans un communiqué, les initiants fustigent la reprise des sanctions de l'UE contre la Russie, parlant du "sacrifice irréfléchi d'une neutralité crédible". Ils dénoncent un manque d'orientation et un chaos en la matière.
Le comité s'oppose aussi au "fallacieux" rapprochement avec l'Otan mené par la ministre de la Défense Viola Amherd, "au lieu de s'attaquer aux lacunes et aux manques d'équipement dans la défense militaire nationale, causés par une négligence grossière". D'après son président, l'ancien conseiller national Walter Wobmann (UDC/SO), l'initiative ouvrira le débat sur l'orientation de la politique étrangère de la Suisse et sur "l'adhésion rampante" à l'organisation.
Beaucoup de signatures ont été récoltées en Suisse romande, notent les initiants. Pour le conseiller national Pierre-André Page (UDC/FR), Genève en particulier montre que la population veut préserver les valeurs traditionnelles telles que la diplomatie de paix et l'aide humanitaire. Genève, siège du CICR et de nombreuses organisations de l'ONU, constitue une plateforme en terrain neutre pour la tradition humanitaire de la Suisse.
L'initiative est soutenue par l'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher. Cité dans le communiqué tout en ne faisant pas partie du comité, le poids lourd de l'UDC estime que l'initiative est une "réponse à l'érosion subtile et à la propagande d'abolition de la neutralité suisse".
Echec d'une première initiative
L'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), ancêtre de Pro Suisse, avait déjà lancé une initiative sur la neutralité en 2011. Le texte voulait notamment limiter les missions de l'armée à l'étranger à l'aide en cas de catastrophe. L'organisation n'avait toutefois pas réussi à récolter suffisamment de signatures.
Le contexte a changé. La guerre en Ukraine a ranimé le débat autour de la neutralité helvétique. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a tenté de la transformer en "neutralité coopérative". Mais il s'est heurté au refus du Conseil fédéral.
Le gouvernement estime que la neutralité définie et pratiquée depuis 1993 garde toute sa validité. Elle laisse suffisamment de marge de manœuvre à la Suisse pour réagir aux événements que traverse le continent européen depuis le début de la guerre en Ukraine.
ats/ther
Réaction des Vert-e-s
Dans un communiqué, les Vert-e-s ont dénoncé un texte "jusqu'au-boutiste, cynique et dangereux car il nuit à notre sécurité en nous isolant diplomatiquement". L'initiative permet de protéger les criminels de guerre en Suisse, comme le président russe Vladimir Poutine. Elle interdit aussi à Berne d'assumer ses responsabilités face aux pires violations du droit international.