Plus de 200 décès liés au travail en Suisse chaque année, "une réflexion est à faire"
La semaine dernière, l'effondrement d'un échafaudage à Prilly a fait la Une des journaux. Le bilan s'élève à trois morts, cinq blessés graves et six légers. Malheureusement, il n'est pas rare d'avoir des accidents mortels au travail. Et, si le type d'activité professionnelle pratiquée en est l'une des causes, elle n'est pas la seule.
Pour Jean-Pierre Tabin, coauteur d'un ouvrage sur les liens entre emploi et atteintes à la santé, la reconnaissance des accidents du travail ou des maladies professionnelles par le système suisse y participe aussi. "On a un système qui indemnise et reconnaît, mais aussi une acceptation que le travail blesse et est dangereux" et cette dangerosité est "différente selon l'activité économique", assure-t-il.
Travailler comme intérimaire est un facteur de danger, tout comme les contraintes de temps
Secteur, type de contrat, contraintes de temps
Dans le détail, les secteurs de "la construction" et de "l'industrie forestière" présentent beaucoup de risques d'accidents, relève l'invité de Forum.
Jean-Pierre Tabin ajoute que "travailler dans une équipe de travail comme intérimaire est un facteur de danger". "On n'a pas d'habitudes de travail, on n'est pas habitué à travailler en équipe, à se protéger les uns les autres de la survenue d'un accident", justifie-t-il.
>> Lire sur ce sujet : Les employés intérimaires ont 50% d'accidents au travail de plus que les fixes
Les courts délais aussi sont un facteur explicatif. "On sait aussi que les contraintes de temps, notamment le fait de devoir construire un immeuble dans un délai très court est un facteur aggravant du point de vue du risque d'atteinte à la santé", poursuit le professeur honoraire.
Chiffre stable
Jean-Pierre Tabin indique que le nombre de morts oscille "entre 200 et 250", donc qu'il s'agit d'un chiffre "assez stable". Mais "depuis un certain nombre d'années", il s'explique surtout par des "cas de maladies professionnelles, notamment les décès liés à l'amiante". La substance est "aujourd'hui le facteur de décès le plus important".
L'invité de la RTS précise qu'il y a "une centaine d'accidents par année qui conduisent à la mort d'une manière ou d'une autre".
Quoi qu'il en soit, ces chiffres sont considérés comme "socialement acceptables puisque l'assurance accident compense ce qui est arrivé", dit-il encore.
Propos recueillis par Coraline Pauchard
Article web: Julie Marty
Douze personnes sont mortes dans des accidents agricoles
Douze personnes ont perdu la vie dans des accidents agricoles en Suisse depuis le début de l'année, dont trois enfants. Deux personnes avaient déjà atteint l'âge de la retraite.
Trois enfants âgés de 6 à 9 ans ont perdu la vie en lien avec des véhicules ou des machines, indique vendredi le service de prévention des accidents dans l'agriculture (SPAA). Deux personnes sont décédées lors du renversement d'un tracteur ou un transporteur. Une personne a été écrasée lors de l'attelage d'un outil porté.
Deux personnes ont perdu la vie dans un accident dû aux gaz dans la fosse à lisier. Une personne est décédée dans une grange en feu. Deux personnes ont fait une chute mortelle d'un toit ou d'un grenier à foin. Et une personne a été retrouvée sans vie dans un box à chevaux, précise le SPAA.
Comment diminuer le nombre d'accidents liés au travail?
Jean-Pierre Tabin évoque plusieurs pistes pour faire diminuer ce nombre de 200 morts par an.
"Il faudrait que les employés se rendent compte de la dangerosité de l'emploi qu'ils acceptent", en leur apportant des informations sur le type de primes payées par l'employeur puisqu'elles varient en fonction de l'emploi, précise-t-il.
Ensuite, que "la Suva, qui s'occupe de la prévention et dont les campagnes sont essentiellement liées aux comportements individuels, devrait faire beaucoup plus sur les conditions structurelles qui font que les accidents arrivent".
Le coauteur redonne l'exemple des travailleurs intérimaires et des contraintes de temps. "Je pense qu'il y a là une réflexion à faire pour avoir une activité beaucoup plus préventive", conclut-il.