Selon la télévision et radio alémanique SRF et le rapport de contrôle du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), la livraison de l'entreprise thounoise Swiss P Defence (anciennement Ruag Ammotec) portait sur 645'000 munitions de sniper de deux calibres différents. Les munitions auraient été envoyées à l'entreprise polonaise UMO SP, qui les aurait ensuite transmises à l'Ukraine quatre jours plus tard.
Il n'est pas clair si les munitions ont été utilisées en Ukraine.
Cette réexportation contrevient à l'embargo sur les biens d’équipement militaires et au principe de la Suisse de ne pas livrer d'armes à des Etats en guerre. "Nous pouvons confirmer que les exportations vers l'entreprise polonaise concernée ne seront plus autorisées jusqu'à nouvel ordre", a déclaré le Seco à la SRF. L'entreprise figure sur une liste noire pour violation de contrat.
L’entreprise suisse pas au courant
Comme le précise encore le rapport du Seco, Swiss P Defence n'était pas au courant de la transmission avant la livraison. L'entreprise a donc exporté les munitions en pensant qu'elles resteraient en Pologne. Le Seco avait autorisé l'exportation en deux livraisons sur présentation d'une autorisation d'importation de la Pologne, conformément à l'ordonnance sur le matériel de guerre, en novembre 2022 et en mai 2023.
Swiss P Defence avait également pris des mesures pour minimiser de tels risques. Elle aurait convenu avec l'entreprise polonaise, dans un contrat-cadre, que la revente des munitions ne pouvait se faire que sur le territoire polonais, à des autorités publiques, des entreprises de sécurité privées, des fabricants d'armes ou des organisations sportives.
Selon le rapport de contrôle du Seco, la Pologne a au final tout de même livré à l'Ukraine, le 14 juillet 2023, 145'000 munitions de sniper de calibre 0,338 et 500'000 munitions de calibre 0,308.
Interpelée par SRF, Swissmem, la faitière de l'industrie, souligne que l'entreprise suisse n'est pas en cause. Pour elle, le problème se trouve dans le comportement de la société polonaise. Elle accepte la décision de la Confédération et estime que c'est une solution raisonnable.
ats/lan