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Pompes à chaleur: des dizaines de Romands y laissent leurs économies

Pompes à chaleur : des acomptes payés dans le vide par des dizaines de Romands
Pompes à chaleur : des acomptes payés dans le vide par des dizaines de Romands / A bon entendeur / 20 min. / le 27 août 2024
Attention à votre fournisseur de pompe à chaleur (PAC). Les témoignages de propriétaires ayant perdu des milliers de francs en voulant s’équiper d’une PAC se multiplient. En cause: un commercial très actif en Suisse romande et des entreprises à la structure floue qui n’assurent pas la réalisation des travaux.

Le scénario est le même depuis des années: des petits propriétaires romands se font démarcher par un vendeur de talent, qui leur propose une pompe à chaleur à un prix très attractif. Ils s’acquittent ensuite d’acomptes substantiels, mais ne voient pas la couleur d’une installation fonctionnelle.

C’est ce qui est arrivé à Catherine Bron et à sa fille Noëlle qui vivent dans deux maisons voisines du côté de Neuchâtel. Convaincues par le commercial A.G.*, chacune décide d’installer une PAC chez elle. "C’était un très bon vendeur, très très enthousiaste, avec des réponses à nos questions", se souvient Noëlle Bron, interrogée par A Bon Entendeur. Au total, elles versent plus de 30'000 francs d’acomptes.

Un commercial très actif en Suisse romande est au centre des témoignages récoltés par ABE. [ABE - RTS]
Un commercial très actif en Suisse romande est au centre des témoignages récoltés par ABE. [ABE - RTS]

Plusieurs noms de sociétés apparaissent sur leurs documents: IAS, Orata ou encore Ecoconseil. La mère reçoit alors des éléments d’une pompe à chaleur de la marque GREE, non homologuée en Suisse, puis plus rien. Une année et demie plus tard, la société IAS change de propriétaire, Orata et Ecoconseil ne répondent pas, leur argent a disparu, A.G. est injoignable.

Ressources limitées des ministères publics?

L’homme est le dénominateur commun des nombreux témoignages recueillis par l’émission A Bon Entendeur de la RTS – au total une vingtaine de cas, entre 2022 et 2024. Les pertes affichées par ces petits propriétaires oscillent entre 3000 et 45'000 francs. Désespérés, certains ont constitué un groupe pour porter plainte conjointement contre le commercial et les sociétés avec lesquelles il a travaillé. Des victimes qui se sentent bien démunies face à ces agissements.

En 2021, Carla Huguenin s’interrogeait déjà: "Qui va stopper cette personne? Qu’est-ce qui fait qu’une personne puisse continuer malgré plein de plaintes, malgré tout ce qui nous est arrivé?" La sécurité de sa famille avait alors été menacée par une installation dangereuse réalisée pour le compte d’une société dont A.G était le directeur.

"Nous avons trouvé toute une série d’entreprises, certaines qui existent officiellement, inscrites au registre du commerce, et d’autres qui n’ont une existence que sur internet", observe Marcel Eggler, avocat dont plusieurs clients ont eu maille à partir avec A.G. "Un avocat, respectivement les clients, n’a aucun moyen de savoir [où est parti l’argent] tant qu’une autorité ne fait pas une enquête sur les flux financiers de cette histoire." Et l’homme de loi d’interroger la capacité des ministères publics à traiter ce genre de dossiers en raison de leurs ressources limitées.

Un procureur désigné à Genève et dans le Jura

Interviewé, le vice-président de la Conférence suisse des ministères publics dit lui aussi son étonnement face aux agissements répétés d’A.G. "Evidemment que ça interpelle quand on voit le nombre de personnes qui sont victimes de tels stratagèmes", commente Fabien Gasser. Il défend toutefois le rôle que le pouvoir judiciaire est amené à jouer dans ce type d’affaires: "C’est correct de dire que les ministères publics sont surchargés, on le dit depuis un certain temps déjà. Maintenant, surcharge ou pas, les ministères publics ont le devoir légal de donner suite aux dénonciations qu’ils reçoivent."

Et de concéder: "On prend plus de temps parce qu’effectivement d’autres choses sont peut-être priorisées (…) donc probablement oui, il faut être un peu plus patient." D’après les informations de la RTS, un procureur vient d’être désigné pour instruire une partie des plaintes déposées dans le canton de Genève et un autre dans le canton du Jura. 

Contacté, A.G. affirme par écrit que son rôle s’est limité à celui d’un commercial indépendant et qu’il n’a pas touché de commissions d’IAS. Il insiste aussi sur le fait de s’être toujours appliqué à fournir les conseils les plus avisés et les mieux adaptés aux besoins des clients des entreprises pour lesquelles il intervenait comme commercial. A.G affirme également qu’il ne savait pas que certains clients ne seraient pas livrés par IAS ou que le matériel livré ne serait pas conforme aux attentes des clients et aux normes applicables.

*En raison de procédures pénales en cours, le vendeur a été anonymisé.

Maya Chollet, avec Linda Bourget

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