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"Pose ta pêche", la campagne qui explique comment faire ses besoins en randonnée

Un randonneur en Suisse. [Keystone - Gian Ehrenzeller]
Faire ses besoins dans la nature: oui, mais pas n'importe comment / On en parle / 8 min. / le 12 juin 2024
Le Club Alpin Suisse et Suisse Rando, l’association faîtière de la randonnée pédestre, unissent leurs forces pour sensibiliser les randonneurs et randonneuses lorsqu’il s’agit de se soulager en montagne. Elle cible en particulier les jeunes, via des vidéos sur les réseaux sociaux.

La campagne va droit au but: "Pose ta pêche". Cette initiative du Club Alpin Suisse et de l'association Suisse Rando répond à une inquiétude, celle du non-respect de la nature. Sur les réseaux sociaux, trois clips vidéo courts et drôles expliquent les choses à ne pas faire lorsqu’on doit se soulager. De jeunes randonneurs et randonneuses y sont filmés, suivis des hashtags #posetapeche et #scheissmoment pour la Suisse allemande.

Invitée dans l’émission On en parle du 12 juin, Lucie Wiget, biologiste et collaboratrice spécialisée libre accès et protection de la nature au Club Alpin Suisse, explique les raisons du lancement de cette campagne qui cible en particulier les jeunes: "La randonnée est en vogue. C’est le sport le plus pratiqué en Suisse, où plus de 58% des gens vont se balader. On a constaté une augmentation, notamment en Suisse romande, de près de 10% de randonneurs et randonneuses. Les jeunes sont aussi concernés, car ils et elles sont de plus en plus nombreux à partir se balader."

Un impact sur l’environnement notable

Quel est le problème lorsqu’on fait ses besoins dans la nature? "Le papier met jusqu'à cinq ans pour se décomposer, surtout en montagne, où le processus est encore plus lent qu'en plaine. Si chacun et chacune laisse son papier dans la nature, nous aurons une mare de papier au lieu d’une mare de fleurs!", répond Lucie Wiget.

Et si l’on fait juste pipi? "Si je fais pipi dans l'eau et qu’il y a dans mon urine des restes de médicaments et de l'azote, cela va avoir un effet important sur la faune et la flore qui vivent dans ces milieux-là."

Faire ses besoins en nature, mais pas n’importe comment

La biologiste tient cependant à rassurer les randonneurs et randonneuses: il ne faut pas se retenir lors d’une balade, mais il est important de se renseigner. "Où est-ce que je peux aller aux toilettes? Est-ce que je peux y aller avant de partir? Est-ce que je vais m’arrêter à un restaurant d’alpage, une cabane pour être à l’aise?"

Si ces options ne sont pas disponibles, quelques règles simples doivent être appliquées. "Pour faire pipi, il faut s’éloigner des cours d’eau d’au moins 50 mètres car l’urine va être filtrée dans le sol. De plus, la sécurité est aussi importante ; attention à ne pas se casser la figure en allant derrière un arbre. Mais on n'est pas obligé de faire cela sur le chemin ou au sommet. C’est un grand problème pour les alpinistes: tout le monde, surtout les hommes, fait son petit pipi au sommet des montagnes. C'est irrespectueux envers les autres", explique Lucie Wiget.

Et dans la neige, que faire? "C'est encore un peu différent. À un moment donné, la neige fond. C’est au printemps que les désastres de l'hiver font surface. Il faut donc être respectueux. Pour la grosse commission, il est possible de faire un trou ou soulever une pierre. Et enfin, reprendre son papier, puis recouvrir avec une pierre ou de la terre pour que cela soit discret pour les autres", conclut la biologiste.

Sujet radio: Mathieu Truffer

Adaptation web: Myriam Semaani

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