Claude-Inga Barbey souligne qu'"il ne se passe pas grand-chose" en politique genevoise, excepté quelques cas de népotisme. Pour la revue, elle préfère alors se concentrer sur des sujets de société, bien plus pertinents selon elle, puisqu'ils abordent "ce que ressentent les gens au quotidien".
Au niveau international, la comédienne se dit terrifiée par la montée de l'extrême droite. "J'ai l'impression d'être dans un processus de répétition", même si la nouvelle extrême droite, en comparaison avec celle du 20e siècle, est plus "subtile", estime-t-elle.
Quand on a peur, on est moins amenés à s'exposer
L'artiste se dit également préoccupée par le changement des valeurs, "de toutes ces grandes choses qui nous brassent à l'intérieur".
Des polémiques à la méfiance
L'humour n'est pas considéré comme un engagement par la comédienne, car ce sont ses personnages qui défendent des points de vue. Pour les conflits de génération, notamment, elle essaie d'adopter tous les axes possibles. Le but est de permettre aux spectateurs et spectatrices de discuter, de débattre, à l'issue du spectacle.
Certains rôles ont valu à l'humoriste des polémiques, avec des accusations de transphobie ou de racisme. "Ça m'a rendue méfiante. Quand on a peur, on est moins amenés à s'exposer", déplore-t-elle, soulignant une perte d'élan dans sa carrière.
Quand les gens viennent au théâtre, il faut qu'ils sortent en ayant le sentiment d'être moins cons et consolés, aidés, reconnus
Dans la revue, la production la protège, comme "personne ne sait qui a écrit quoi". Et "les emmerdes ramènent plus de monde", souligne Claude-Inga Barbey. La comédienne déplore tout de même une tendance à la remise en cause de la création, où "on ne peut plus jouer un homosexuel si on n'est pas homosexuel", par exemple.
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L'humour comme mise à distance
L'artiste, née de parents toxicomanes, a été élevée par ses deux tantes. "On est tellement nombreux à avoir des enfances de merde, c'est pas extraordinaire", considère Claude-Inga Barbey.
Mais l'humour est un "moyen de résilience, une mise à distance de la douleur", déclare-t-elle. "Quand les gens viennent au théâtre, il faut qu'ils sortent en ayant le sentiment d'être moins cons et consolés, aidés, reconnus."
Dès janvier 2025, la comédienne se concentrera sur son spectacle "L'escamotage de Madame Irma" — en duo avec Pierric Tenthorrey — joué à Genève puis en tournée en Suisse romande.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Texte web: Mérande Gutfreund