Parti de l'aérodrome militaire de Payerne, le premier F/A-18 s'est posé à 09h58. Environ 20 minutes plus tard, après que la piste a notamment été contrôlée, les trois autres ont atterri successivement sur l'asphalte de l'A1. Ils redécolleront plus tard dans la matinée et l'exercice sera reconduit dans l'après-midi.
L'événement n'est pas public. Mais quelque 300 invités ont été conviés (150 le matin, 150 l'après-midi) à le suivre depuis une tribune montée pour l'occasion, au bord d'un champ de betteraves et, pour des raisons de sécurité, à 300 m du site d'atterrissage, qui s'est fait depuis l'est (côté Avenches).
Avec "Alpha Uno", l'armée s'entraîne à "décentraliser" ses activités. Car avec une concentration sur trois bases aériennes - Payerne, Emmen (LU) et Meiringen (BE) -, elle pourrait être vulnérable en cas d'attaque. Un exercice d'une telle envergure n'avait plus été réalisé depuis 1991 au Tessin.
Le nombre de militaires participant à l'exercice n'a pas été communiqué pour des raisons de sécurité opérationnelle. L'espace aérien au-dessus du terrain d'essai sera surveillé de manière standard par la tour de contrôle de l'aérodrome militaire. Les drones sont interdits.
>> Lire aussi : Exercice "Alpha Uno": l'armée suisse boucle dès mardi soir l'autoroute entre Payerne et Avenches
Préparation de l'autoroute
Pour mener à bien ce test, l'autoroute entre Payerne et Avenches a été fermée dès mardi soir et le restera jusqu'à jeudi matin. La glissière de sécurité centrale a été retirée et des marquages spéciaux ont été effectués sur la chaussée.
Une double sortie forcée a été installée aux jonctions de Payerne et d'Avenches. Un itinéraire de déviation a été mis en place pour les quelque 25'000 véhicules qui circulent chaque jour sur ce tronçon. Il passe sur la route cantonale par Domdidier, Dompierre et Corcelles-près-Payerne.
Ce tronçon de l'A1 a été retenu pour son raccordement direct à l'aérodrome militaire de Payerne, mais aussi car il avait été préparé à accueillir des avions de combat lors de sa construction en 1995. Le volume de trafic, moindre que sur d'autres tronçons autoroutiers, et la possibilité d'aménager des contournements expliquent également pourquoi il a été choisi pour cet exercice.
Tester la décentralisation
Pour mémoire, le Conseil fédéral a donné son autorisation à l'opération fin janvier. Cet exercice est indispensable selon le DDPS, car tous les moyens des Forces aériennes sont actuellement concentrés sur les trois bases de Payerne, Meiringen (BE) et Emmen (LU), ce qui les rend vulnérables aux systèmes d'armes à longue portée.
Les Forces aériennes recourent donc à des mesures passives de défense, entre autres à la décentralisation, pour réduire ce risque. La décentralisation est la capacité à répartir rapidement des troupes et du matériel dans l'ensemble du pays.
Dernier exercice en 1991
Cet exercice n'est pas une première pour les Forces aériennes. Des tests comparables ont été effectués à dix reprises pendant la guerre froide. Le dernier atterrissage effectué sur une autoroute avec des avions de combat de l'Armée suisse a eu lieu au Tessin en 1991.
Le tronçon d'autoroute près de Payerne avait déjà été préparé pour des exercices d'avions de combat lors de sa construction en 1995. En outre, il convient également en raison du volume de trafic, des possibilités d'aménager des contournements et du raccordement direct à l'aérodrome militaire de Payerne.
ats/jfe/vajo