Les échanges ont été fructueux, avec des positions critiques, mais toutes les parties sont prêtes à s'engager en faveur de ce plan d'action, a développé le ministre de l'Economie. Le but est d'améliorer les conditions-cadres dans l'offre de logements de qualité, à loyers abordables et adaptés aux besoins.
Les mesures touchent à plusieurs domaines, comme le développement de l'aménagement du territoire ou l'allègement des procédures de construction. Chaque mesure a sa propre temporalité, a continué le Vaudois. Certaines peuvent être appliquées rapidement tandis que d'autres demandent d'abord des adaptations.
Cette table ronde est organisée pour la deuxième fois, dans un contexte dans lequel il manque entre 7000 et 10'000 nouveaux logements chaque année pour couvrir la demande.
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Plein de petites réformes, mais attention à l'excès
Selon Jean-François Steiert, conseiller d'Etat fribourgeois et représentant des cantons, c’est une somme de petites réformes qui permettra de faire face à la crise du logement. Interrogé dans La Matinale, il estime que le plan d'action prévoit des mesures intéressantes, par exemple pour lutter contre les oppositions abusives qui bloquent les nouvelles constructions.
Il faut toutefois faire attention à ne pas tomber dans l'excès. "Je pense qu'il faut avoir des règles beaucoup plus simples", argumente le consultant immobilier indépendant Hervé Froidevaux pour qui les règles en vigueur "datent d'une autre époque". "On a construit des réglementations et ajouté une couche à chaque fois (...) et à un moment donné, ça devient indigeste", précise-t-il.
"On a accumulé des règles, le danger serait d'en rajouter", prévient-il. "Je pense qu'on doit repenser cet arsenal de règles (...) il faut les démolir et en reconstruire des plus simples et applicables facilement." Et d'avertir: "Ca ouvre la porte à de très nombreux recours (....) c'est trop compliqué".
Hervé Froidevaux insiste: il faut "arrêter de faire de la politique. "Si vous voulez protéger les locataires, les propriétaires et les investisseurs. Il faut être pragmatique (...), repenser tout ça, se mettre autour de la table (...) et faire des compromis".
Construire plus haut et diversifier
Parmi les autres solutions évoquées pour lutter contre cette pénurie de logements, construire plus haut peut-être une bonne idée pour densifier, d'après le consultant immobilier. "C'est une des voies à suivre", selon Hervé Froidevaux. "On veut construire plus, densifier, avoir plus de logements par mètre carré, donc ça veut dire, souvent, construire en hauteur, construire entre deux bâtiments, surélever. C'est ce qui se fait aujourd'hui."
Il évoque beaucoup de projets à Genève, "notamment dans le quartier du PAV (Praille-Acacias-Vernets), avec des bâtiments hauts qui sont en train de voir le jour". Ce dispositif permettrait en plus "d'avoir des espaces publics de qualité, avec des espaces verts", ajoute Hervé Froidevaux.
Autre solution imaginée par l'expert: la possibilité de faciliter la transformation d'anciens hôtels ou de locaux de bureaux en appartements qui, selon lui, est "une bonne piste". "Aujourd'hui, la mixité est indispensable, aussi pour que les gens voyagent moins entre le lieu de travail, de loisir et les logements", développe-t-il. "C'est important de le favoriser, pour autant que d'un point de vue technique et économique ce soit également faisable."
Mais, pour Benoît Bovay, avocat et professeur à l'Université de Lausanne, cette idée est plus ou moins facile à mettre en oeuvre. "Il faut encore que les bâtiments s'y prêtent. Ce n'est pas toujours simple", prévient-il.
Une autre possibilité serait de modifier des zones d'affectations destinées au commerce pour en faire des habitations. "Pourquoi pas s'il y a des zones excédentaires", indique l'avocat. Mais là encore, il reste dubitatif: "il faudrait revoir les plans d'affectation, ce qui prendra un petit peu de temps".
Sujets radio: Marielle Savoy
Adaptation web: Julie Marty
Des projets de construction obstrués par les recours
Certains accusent les recours aux projets de construction de les ralentir, voire les bloquer. Pour Hervé Froidevaux, il y en a effectivement trop, donc il suggère de "se concentrer sur les recours d'utilité publique, qui servent l'intérêt public, et enlever ceux qui sont d'intérêt personnel et qui ne visent qu'à retarder les constructions".
Et d'ajouter: "On sait que le rythme de la construction est extrêmement important."
Une idée que les avocats ne soutiennent pas. Pour eux, dire qu'il y a trop d'oppositions et qu'elles sont souvent abusives est exagéré. Benoît Bovay estime au contraire que beaucoup de projets sont menés sans intervention.
Et s'il y a des oppositions, elles peuvent, dans certains cas, permettre de réduire le nombre de recours, qui sont, eux, des ralentisseurs plus importants pour les projets de construction, considère Camilla Jacquemoud, avocate chez Kepler à Genève.
"Aujourd’hui, l'opposition est présentée comme l’origine du mal pour les projets de construction, mais ça peut aussi permettre de faire avancer les choses parce qu’on liquide certaines objections ou craintes et ensuite, on avance", relève-t-elle.