Le canton de St-Gall a révélé en été 2024 une trop forte concentration de PFAS dans la viande et le lait de certaines exploitations. Les autorités ont stoppé la vente de la viande concernée, mais pas celle du lait, car il n’existe pas de réglementation pour cette denrée. Une contamination supposément liée, selon le Canton, à l’épandage de boues d’épuration comme engrais, provenant de stations chargées en PFAS, sur les surfaces agricoles.
Des quantités trop élevées de ces substances ont aussi été trouvées dans des poissons bâlois en septembre 2024. Les analyses ont révélé qu'un poisson sur huit des fleuves et des rivières ne devrait pas être vendu.
Une législation récente
Une nouvelle législation concernant les valeurs maximales pour les PFAS dans les poissons, les viandes et les œufs vient d'entrer en vigueur le 1er août 2024.
L'association des chimistes cantonaux va donc lancer une campagne pour analyser les teneurs en PFAS des denrées pour lesquelles il existe des normes limites, comme le décrit Alda Breitenmoser, présidente de l'association et chimiste cantonale en Argovie, dans la Matinale du 24 octobre.
Par ailleurs, la Confédération va de son côté analyser les produits pour lesquels il n'y a pas encore de valeurs maximales dans la loi: les produits laitiers et les aliments végétaux.
Il y a un très fort risque que les PFAS deviennent le scandale du siècle et qu'on réalise trop tard les dégâts faits par ces molécules
Les résultats sont attendus pour fin 2025. D'ici là, il n'y a pas d’inquiétudes à avoir, selon la spécialiste. Les autorités ne s'attendent pas à mettre au jour un problème généralisé, souligne-t-elle: "Nous partons du principe qu'il existe ce que l'on appelle des ‘zones à forte concentration’ et lorsque les valeurs maximales sont dépassées - largement dépassées -, nous ne pourrons plus vendre ces produits pour protéger la santé."
>> À consulter également : Le gouvernement saint-gallois interdit la vente de viande contaminée au PFAS
Pourtant, la Fédération Romande des Consommateurs déplore la lenteur du processus. "Cela fait des décennies que nous savons que certaines de ces substances sont extrêmement nocives, explique Anne Onidi, spécialiste des tests comparatifs à la FRC, dans la Matinale. Nous savons aussi qu'il y en a beaucoup d’autres qui ont des propriétés similaires et qui n'ont pas été étudiées. Il y a un très fort risque que les PFAS deviennent le scandale du siècle et qu'on réalise trop tard les dégâts faits par ces molécules."
Consommer bio, sans garantie
Peut-on échapper aux PFAS dans la nourriture en consommant bio? "Malheureusement, même le bio peut contenir des PFAS. La contamination vient de l’eau et de la terre", répond Anne Onidi dans l’émission On en parle du 24 octobre.
La FRC a testé la présence de PFAS dans des rideaux de douche et des vestes imperméables pour enfants. "Nous avons trouvé des PFAS dans tous les échantillons que nous avons testés, même ceux aux étiquetages rassurants comme le label Oeko-tex, garantissant un taux minimum de produits chimiques. Nous avons aussi trouvé des PFC dans les produits prétendant ne pas en avoir, avec une étiquette indiquant ‘sans PFC’. Les PFC font partie de la famille des PFAS", précise Anne Onidi.
Pas d'obligation pour les fabricants
Quant aux cosmétiques, "comme les marques doivent indiquer les ingrédients de leurs produits, on pourra détecter les PFAS", explique Anne Onidi. Pour les autres produits en revanche, c'est plus difficile: "Téflon et Gore-Tex contiennent des PFAS, mais ce sont des marques avant tout. Donc le PFAS en tant que tel n'est pas indiqué."
Et de préciser: "Les PFAS sont ‘waterproof’ et résistant aux graisses, aux taches. Il faut éviter par exemple les textiles techniques comme les vestes et les chaussures en Gore-Tex, les poêles en Téflon ou le fil dentaire ‘ultra glide’. La liste est longue."
Sujets radio: Camille Degott, Aline Bachofner, Bastien von Wyss et Nicole della Pietra
Adaptation web: Myriam Semaani
Les dangers des PFAS pour l'environnement et la santé
Les PFAS sont des substances per- et polyfluoroalkylées. Il s'agit de produits chimiques qui proviennent de l'industrie. Elle en a produit 12'000 types différents à ce jour.
Ces chaînes carbonées, dans lesquelles certains atomes d’hydrogène ont été remplacés par des atomes de fluor, sont ultra-résistantes, stables et quasiment indestructibles, d'où leur nom de polluant éternel. Elles résistent à la graisse, à la saleté, à l'eau et à la chaleur.
Ces substances chimiques sont utilisées depuis des décennies par l’industrie pour leurs propriétés anti-graisses et imperméables. Elles se trouvent par exemple dans les poêles en Téflon, les habits techniques, le fart des skis et les rideaux de douche.
Quand ils se retrouvent dans la nature, ces polluants éternels s’accumulent sans se dégrader. L'Office fédéral de la sécurité alimentaire rassure: il n'y a pas de risque immédiat pour la santé. Mais leur accumulation dans l'organisme peut avoir des effets néfastes.
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