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Raynald Droz: "C'est extrêmement compliqué" de s'équiper en armement en ce moment

L'invité de La Matinale - Raynald Droz, brigadier et futur divisionnaire de l’armée suisse
L'invité de La Matinale - Raynald Droz, brigadier et futur divisionnaire de l’armée suisse / La Matinale / 13 min. / le 7 octobre 2024
Des "coûts exorbitants" à cause de la concurrence: le brigadier Raynald Droz explique dans La Matinale de la RTS combien il est difficile pour l'armée de s'équiper à l'heure d'une tendance mondiale au réarmement dans un contexte de conflits internationaux.

Alors que l'armée suisse a "très peu d'armement à disposition" et que ses équipements "deviennent obsolètes", selon les mots de Raynald Droz lundi sur les ondes de la RTS, il est "extrêmement compliqué de monter en puissance maintenant". "Il n'y a presque plus rien sur le marché" et "les coûts sont exorbitants", dénonce-t-il en pointant du doigt la volonté des autres pays de se réarmer également face aux menaces extérieures.

>> Notre suivi en direct des conflits au Proche-Orient et en Ukraine : Les cérémonies du premier anniversaire de l'attaque du 7 octobre débutent en Israël et La Russie a lancé des attaques aériennes nocturnes sur Kiev et Odessa

On est les derniers sur la liste parce qu'on a besoin de petits volumes

Raynald Droz, brigadier

Particularités de la Suisse

Celui qui deviendra dès le 1er janvier commandant de la division territoriale 1 – qui gère tous les engagements de l'armée en Suisse romande – estime que la Suisse est en danger "au niveau des équipements". "On n'est pas à jour", insiste-t-il en soulignant que c'est "pratiquement le plus mauvais moment" pour "reconstruire notre capacité de défense" car "tout le monde est en train de se rééquiper". Les équipements "arrivent en fin de vie", ce qui "coûte extrêmement cher car il faut les réparer", détaille le brigadier lundi.

La condition particulière de la Suisse explique ces difficultés à se rééquiper: le fait d'avoir une armée non professionnelle implique d'avoir "un équipement qui permet (aux soldats, ndlr) de survivre et de se protéger" et sa petite superficie ne lui permet pas de faire le poids face à ses concurrents. "On est les derniers sur la liste parce qu'on a besoin de petits volumes", remarque Raynald Droz.

On a deux gros morceaux qui sont en train de bouger et on ne sait pas de quelle manière ça va dégénérer

Raynald Droz, brigadier

Pourtant, le budget militaire a bel et bien été augmenté: alors qu'il était en baisse constante depuis la fin de la Guerre froide, le retour en 2022 de la guerre sur le continent a marqué un changement de cap. La Suisse compte désormais consacrer 1% de son PIB à l'armée, au plus tard d'ici à 2035. Pour la tranche 2025-2028, l'armée disposera de 4 milliards de francs supplémentaires, le portant à 29,8 milliards.

>> Pour en savoir plus sur le budget de l'armée, lire : Au terme d'un vif débat, les Chambres accordent 4 milliards de plus à l'armée pour les années 2025-2028

Changement de paradigme

Raynald Droz note encore que des changements de paradigme s'opèrent dans les équipements militaires, afin de faire face à des situations nouvelles comme le regain de tensions entre la Russie et l'Otan ou entre la Chine et Taïwan. "On a deux gros morceaux qui sont en train de bouger et on ne sait pas de quelle manière ça va dégénérer. Jusqu'ici, c'était local (....) On n'avait pas cette confrontation de masse importante qui pourrait déstabiliser les équilibres."

Propos recueillis par: Pietro Bugnon

Article web: Julie Marty

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