Réunies à Bruxelles, Viola Amherd et Ursula von der Leyen relancent les négociations avec l'UE
Il reste beaucoup à faire pour un nouvel accord et les équipes doivent trouver des solutions, a déclaré Viola Amherd lors d'un point de presse commun à Bruxelles. Pour la Suisse, il s'agit de préserver l'accès au marché européen pour les entreprises nationales. Parallèlement, l'immigration doit être orientée vers le marché du travail et la protection des salaires doit être garantie.
Il s'agit de stabiliser et de développer le partenariat. Les entreprises doivent pouvoir exporter leurs produits sans obstacles vers l'UE, a déclaré Viola Amherd. Près de la moitié - soit 298,77 milliards de francs - des exportations suisses sont allées à l'UE en 2022, selon les données du Département fédéral des affaires étrangères.
Des valeurs communes
Viola Amherd a ajouté que la Suisse et l'UE ne sont pas seulement liées par des intérêts, mais aussi par des valeurs et des objectifs, comme l'engagement pour la paix, la démocratie et l'Etat de droit.
Ursula von der Leyen a elle exigé des négociations rapides. Il faut profiter de l'entrain et continuer à travailler avec élan. "Notre objectif est de conclure les négociations cette année encore", a déclaré la présidente de la Commission européenne. L'UE souhaite renforcer ses relations avec ses partenaires économiques les plus proches. Elle a évoqué un paquet de dix accords.
L'Allemande a souligné la "bonne protection" des droits des citoyens européens travaillant en Suisse: "Pour nous, il est tout à fait décisif que tous les citoyens de l'UE soient traités de la même manière en Suisse, indépendamment de l'Etat membre dont ils sont originaires"
Après près de trois ans d'arrêt
Avec le lancement des négociations, les chercheurs en Suisse sont dès à présent admis à participer aux appels d'offres "ERC Advanced Grants 2024" du Conseil européen de la recherche, a précisé la présidente de la Confédération. Les propositions de la Suisse seront traitées comme celles d'un pays associé.
La participation des chercheurs suisses à certains programmes européens est importante pour que "nos têtes pensantes" puissent collaborer, ont souligné les deux présidentes. La Suisse a perdu l'accès aux programmes de l'UE comme Horizon Europe en 2021.
Les discussions sur un accord-cadre institutionnel étaient alors dans l'impasse. En mai 2021, le Conseil fédéral avait mis fin unilatéralement aux négociations avec l'UE. Après cet échec, les deux parties ont mené des entretiens exploratoires qui ont abouti à un "common understanding" (accord commun). Sur cette base, la Suisse et l'UE viennent d'adopter, en mars, leur mandat de négociation respectif.
Des mandats de négociation fixés par les deux parties
Les deux parties disposent depuis quelques jours d'un mandat pour ce nouveau cycle de négociations. La semaine dernière, les ministres européens ont donné leur feu vert et leurs instructions à l’équipe d'Ursula Von der Leyen pour lancer les négociations. La semaine d’avant, le Conseil fédéral avait fixé son mandat de négociation. Et pour passer au stade suivant, rien de tel qu'une poignée de mains et un sommet.
>> Lire aussi : Le Conseil fédéral adopte le mandat de négociation avec l'UE et La Commission européenne a le feu vert pour négocier avec Berne
Ces négociations techniques vont s'ouvrir dès cette semaine en présence des négociateurs en chef des deux parties, à savoir Patric Franzen pour la Suisse et Richard Szostak pour l'Union européenne. Viola Amherd a également rencontré le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, qui est le commissaire responsable des relations avec la Suisse.
Une visite réciproque de Maros Sefcovic en Suisse auprès du ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis est prévue pour le début de l'été. Le chef du DFAE n'est lui pas présent lundi à Bruxelles.
Sujet radio: Etienne Kocher
Adaptation web: boi avec ats
Electricité, circulation des personnes, reprise du droit européen...
Les négociations s'annoncent délicates, car si le terrain a été bien préparé, les attentes sont parfois opposées. Les discussions vont notamment porter sur des accords nouveaux ou actualisés dans les domaines de l'électricité, de la libre circulation des personnes ou des transports terrestres. Des éléments institutionnels comme la reprise dynamique du droit et l'implication de la Cour européenne de justice pour le règlement des différends font également partie du paquet de négociations.
Côté suisse, pour convaincre le peuple d’accepter le paquet le Conseil fédéral veut obtenir de nouvelles concessions sur la protection des salaires et sur la défense du service public. Mais à Bruxelles, on est en période électorale, avec des élections continentales prévues en juin. Derrière la commission, ce sont ainsi 27 pays qui exigent que la Suisse s’adapte aux règles si elle veut jouer, afin qu'elle n’obtienne pas le beurre et l’argent du beurre. Il est donc difficile d'imaginer que les négociations se terminent comme prévu encore en 2024, même si Ursula von der Leyen a souhaité lundi des négociations rapides.
Invité dimanche dans le 19h30, l'eurodéputé Andreas Schwab, président de la délégation européenne pour les relations avec Berne, a expliqué que si la Suisse veut participer au marché européen, elle doit respecter ses règles. Il s'est toutefois dit prêt à certaines concessions. "L'Union européenne comprend la situation de la Suisse, au milieu de l'Europe, avec un marché du travail très tendu et des coûts de la vie très élevés. Et donc si le gouvernement suisse, sur des bases très claires, nous dit que les entrepreneurs ne peuvent plus embaucher des travailleurs européens pendant un certain temps, je pense qu'on pourrait l'accepter. Parce que la libre circulation des travailleurs ne sera pas touchée."