L'initiative pour la responsabilité environnementale peine à convaincre, selon un premier sondage
"Dans cette phase précoce de la campagne, le stade de formation de l'opinion semble moyennement avancé", écrit l'institut gfs.bern. Selon ce premier sondage, 33% de la population rejette à coup sûr cet objet et 16% y est "plutôt défavorable", tandis que 28% des sondés se disent fermement en faveur du texte et 17% "plutôt favorables". Six pour cent sont encore totalement indécis. "Il s'agit d'un portrait instantané à environ sept semaines de la votation, et non d'un pronostic", précise gfs.bern.
L'initiative des Jeunes Vert-e-s exige que l'économie suisse, importations comprises, se réinsère dans les limites naturelles terrestres d'ici dix ans.
"Compte tenu du stade précoce de la campagne et du peu de traitement médiatique, ces valeurs sont de nature à étonner", commente l'institut. "Elles signalent un réflexe fondamental de défense vis-à-vis du projet" qui n'augurent "rien de bon" pour l'initiative (voir encadré).
Clivages traditionnels
Le clivage entre les deux camps reflète une opposition partisane plutôt traditionnelle sur les sujets environnementaux: les sympathisants et sympathisantes des Vert-e-s, du PS et des Vert'libéraux (PVL) soutiennent assez clairement l'initiative, tandis que l'électorat des autres partis la rejette sans équivoque.
L'institut relève un clivage au sein du PVL entre la base et les élus du parti. Tandis que la députation vert'libérale au Conseil national a voté contre en bloc, l'initiative jouit d'une vaste sympathie au sein de son électorat.
Par ailleurs, l'initiative récolte une majorité d'approbation chez les femmes, les 18-39 ans, la population précaire et les urbains. C'est même un véritable fossé qui se creuse entre les sexes: 56% des femmes approuvent l'initiative tandis que les hommes sont 59% à la rejeter.
Autre indicateur marquant: l'approbation diminue de façon assez linéaire avec l'augmentation du revenu: ainsi, les foyers disposant de revenus peu élevés approuvent majoritairement l'initiative, tandis que ceux disposant de plus de 7000 francs sont une majorité à la rejeter.
Un clivage linguistique se dessine également: les Romands (55% de oui) et les italophones (52%) sont plutôt favorables au texte tandis que les Alémaniques le rejettent (52% de non).
Des argumentaires bien établis
Les différents argumentaires liés aux préférences de vote sont déjà clairement identifiables. Si une majorité d'environ deux tiers des votants reconnaissent l'existence d'une surconsommation des ressources et la nécessité de réduire l'impact environnemental de la Suisse sur son territoire ainsi qu'à l'étranger, deux tiers également voient des inconvénients dans la mise en œuvre de l'initiative, notamment une crainte de voir les prix augmenter en Suisse.
Par ailleurs, 65% estiment que des interdictions et des réglementations risquent d'affaiblir l'économie helvétique, et 61% craignent que l'initiative force à des renoncements drastiques et qu'elle abaisse massivement le confort de vie en Suisse.
La participation s'annonce plutôt faible
Enfin, à l'heure actuelle, l'intérêt pour cette votation est faible: seuls 35% des répondants affirment leur volonté de prendre part au scrutin. C'est nettement en dessous de la moyenne des dernières années (47% entre 2011 et 2023).
D'après gfs.bern, le pourcentage devrait grimper à mesure que le dimanche de votation approche. Mais selon ses projections, il traduit une participation qui s'annonce légèrement inférieure à la moyenne.
Pierrik Jordan
Vers un refus?
Dans son analyse, gfs.bern observe que les adversaires de l'initiative disposent déjà d'arguments capables de réunir une majorité. "L'opposition s'est déjà formée en particulier en Suisse germanophone, au sein de la droite bourgeoise, chez les hommes et les personnes disposant de revenus élevés", relève l'institut.
>> Lire à ce sujet : Les partis bourgeois s'opposent à l'initiative pour la responsabilité environnementale
En outre, à mesure que l'on avance dans une campagne d'initiative populaire, les arguments des opposants ont tendance à gagner en importance. "Ce phénomène conduit en règle générale à une augmentation de la part de 'non'", rappelle gfs.bern. "Par conséquent, le fait que l'initiative démarre en dessous de la barre de 50% ne présage rien de bon."
Un refus de l'initiative le 9 février 2025 semble le plus probable en l'état actuel des choses, concluent les sondeurs.
Méthodologie
Le sondage a été réalisé en ligne et par téléphone, entre le 2 et le 16 décembre 2024, auprès de 18'845 personnes en Suisse (14'667 personnes en Suisse alémanique, 3819 en Romandie et 359 dans le Tessin).
La marge d'erreur est de +/- 2,8 points.