Publié

Soudaines et violentes, les avalanches de printemps sont souvent sous-estimées

Une avalanche sur une pente raide (image d'illustration). [Keystone - Maxime Schmid]
Les avalanches de printemps peuvent être risquées pour des marcheurs en basse altitude / Le 12h30 / 2 min. / le 18 mai 2024
Avec un long week-end férié de Pentecôte qui s'annonce plutôt ensoleillé, les randonneurs et randonneuses seront nombreux en montagne. Mais les spécialistes avertissent que des avalanches de printemps peuvent survenir un peu partout, comme la semaine dernière au-dessus de Kandersteg.

Troquant au plus vite les skis pour les chaussures de montagne, les randonneurs sont attirés vers les sommets au printemps et ignorent souvent le danger des avalanches en cette période, pensant que l'hiver et ses risques sont loin derrière.

La semaine dernière, une coulée soudaine a ainsi fait un mort, un Français de 32 ans, et plusieurs blessés au lac d'Oeschinen, près de Kandersteg (BE), un site prisé des touristes pour ses panoramas vertigineux. Plus de 60 personnes ont aussi dû être évacuées de la zone à risque par hélicoptère.

>> Lire aussi : Une avalanche à Kandersteg fait un mort et quatre blessés

Des quantités de neige importantes

Comme à Oeschinen, ces avalanches de printemps peuvent être aussi subites que dangereuses et ne sont pas rares en cette saison dans les endroits à forte pente. Une coulée de neige lourde et mouillée accompagnée de roches dévale rapidement la pente, piégeant les randonneurs qui se trouvent dans les zones herbeuses en dessous de la limite de la neige.

Interrogée samedi dans le 12h30, Célia Lucas, collaboratrice à l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF), précise qu'il y a cette année encore beaucoup de neige en altitude, environ une fois et demie plus que les normes de saison.

S'il y a des avalanches, elles peuvent être plus grandes que d'habitude et avancer plus loin

 Célia Lucas, collaboratrice à l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches

Le SLF évalue actuellement à 3 sur 5, soit marqué, le danger d'avalanche sur l'est du Valais, le Tessin et le sud des Grisons. Il est faible ou limité (1 et 2 sur 5) sur le reste des Alpes.

Mais avec ces importantes couches de neige, des avalanches peuvent survenir dans toutes les zones. Et selon Célia Lucas, "s'il y a des avalanches, elles peuvent être plus grandes que d'habitude et avancer plus loin. Le danger est donc plus prononcé que d'habitude."

Un risque sous-estimé

Et ce risque sournois est sous-estimé, comme l’explique Pierre Mathey, guide de montagne: "Une partie des gens ne sont pas conscients de ce danger d'avalanche, parce qu'il est invisible. Le premier conseil avant de s'engager dans une randonnée quelle qu'elle soit, en été ou en hiver, est de se renseigner sur les conditions."

Les offices du tourisme locaux peuvent notamment donner des informations importantes pour les randonnées pédestres, tout comme les guides de montagne et les accompagnateurs.

En cas de glissade, la chute est souvent fatale, parce qu'on n'arrive pas à se récupérer

Pierre Mathey, guide de montagne

Cette prudence est d'autant plus importante que les restes de neige déposés par l'avalanche restent dangereux durant des semaines, car ils se trouvent dans des pentes raides et les randonneurs ne sont pas forcément équipés pour traverser ces zones. "En cas de glissade, la chute est souvent fatale, parce qu'on n'arrive pas à se récupérer", constate Pierre Mathey.

En outre, les chemins de randonnée ne sont pas systématiquement barrés durant la mauvaise saison, même si des plaques de neige peuvent s'y trouver. "Si la neige est très dure, il faut savoir renoncer", conclut le guide de montagne.

Sujet radio: Stéphane Deleury

Adaptation web: Frédéric Boillat

Publié