Les récentes chutes de neige boostent l'afflux touristique, mais mettent sous pression l'hôtellerie-restauration
"Le téléphone chauffe ces derniers temps", confie Lionel Fontaine, directeur d'Hotelis, une agence spécialisée dans le recrutement pour l'hôtellerie et la restauration, jeudi dans l'émission de la RTS Forum. "Nous étions préparés. C'est une période que nous préparons depuis début novembre et nous avons hâte d'y être, car elle est très propice pour les hôteliers, et par voie de conséquence, pour nous (…) Nous serons sous tension jusqu'à la fin février."
Et d'ajouter: "Avant, pour recruter quelques cuisiniers, cela prenait quelques jours. Aujourd'hui, il faut des outils digitaux et des campagnes marketing plus coûteuses et intensives."
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"On s'arrange dans les petites stations"
Dans les grandes stations, où les attentes des clients sont plus élevées, il est indispensable de recourir à des professionnels du recrutement, souligne le directeur d'Hotelis. En revanche, dans les plus petites stations, qui bénéficient cette année d'un enneigement précieux permettant leur ouverture, "on s'arrange souvent", explique Lionel Fontaine.
"Les restaurants à caractère familial peuvent compter sur des amis ou des proches pour combler les besoins en personnel, car il y a peu de touristes et peu d'hôtels."
L'exemple des Paccots
La station des Paccots, dans le canton de Fribourg, n'avait pas pu ouvrir pendant les Fêtes depuis huit ans et, l'hiver dernier, elle n'avait fonctionné que neuf jours. Dans un tel contexte, il est difficile de maintenir une équipe stable.
Olivier Berthoud, membre du conseil d'administration du domaine des Paccots, explique: "On a pas mal de bénévoles, on a beaucoup d'employés auxiliaires. Comme on n'arrive pas toujours à leur offrir un plein-temps, on se tourne vers des personnes ayant un travail accessoire, comme des jeunes ou des retraités. Et le week-end, tous ceux qui adorent la neige viennent nous donner un coup de main."
Au fil des saisons, certains employés deviennent des habitués. "Oui, ça se fidélise pas mal", poursuit Olivier Berthoud. Cependant, après deux saisons difficiles, il constate une perte de personnel, notamment parmi les retraités, dont l'âge avance. "Certains jeunes, eux, ont plus de travail et sont moins disponibles pour des missions occasionnelles."
Une situation moins tendue cette année
Cette année, la situation semble moins tendue qu'au cours des deux dernières années, marquées par une grave pénurie de main-d'œuvre. "Aujourd'hui, on n'est plus dans une grosse pénurie", admet Lionel Fontaine. "Les moments les plus difficiles sont derrière nous. Nous voyons enfin le bout du tunnel."
La situation s'améliore grâce à la formation d'une nouvelle génération de professionnels, notamment des apprentis ayant repris leur cursus après la pandémie de Covid-19, ainsi qu'à l'arrivée de renforts en provenance de France.
En Suisse, les besoins sont colossaux et il n'est pas toujours possible de compter uniquement sur les ressources locales, précise Lionel Fontaine. "Les touristes en Suisse sont très exigeants, ils préfèrent que le personnel parle français. Faire venir des cuisiniers portugais ou espagnols est parfois compliqué, même si les Italiens, par exemple, à Crans-Montana, sont toujours les bienvenus", indique-t-il.
Il faut donc élargir la recherche au-delà des frontières helvétiques: "Nous avons de plus en plus de travailleurs venant de France, mais aussi d'Italie, et pour la Suisse alémanique, d'Autriche ou d'Allemagne."
Propos recueillis par Coraline Pauchard et Renaud Malik
Adaptation web: Valentin Jordil