Susanne Wille devient la nouvelle directrice de la SSR
Réunis en assemblée samedi, le Conseil d'administration et l'assemblée des délégués ont nommé Susanne Wille à la tête de la SSR, en remplacement de Gilles Marchand. Elle entrera en fonction le 1er novembre prochain.
Ancienne animatrice de l'émission d'actualité "10 vor 10" de la SRF, Susanne Wille devient la première femme à diriger la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR). Celle qui dirige depuis 2020 le département culture de SRF succède à Gilles Marchand, qui avait annoncé son départ en janvier dernier.
>> Relire : Gilles Marchand, directeur général de la SSR, va quitter son poste
Susanne Wille va prendre cette nouvelle fonction en "pleine conscience des défis à venir", a-t-elle déclaré samedi à Berne. Elle se réjouit de pouvoir apporter son expérience pour repenser l'entreprise. "Les prochaines années ne seront pas faciles", a-t-elle admis. "Ma tâche sera d'apporter de bons arguments pour montrer ce qu'amène la SSR et pourquoi on en a besoin. Je vais écouter et tâcher de comprendre les avis parfois différents", a-t-elle ajouté.
La nouvelle directrice dit également vouloir changer l'entreprise et amener de nouvelles perspectives. "Je me positionne pour une SSR proche des gens, qui écoute et qui prône l'échange. Pour une SSR en qui on peut avoir confiance et en qui on peut s'identifier. Pour une SSR qui sait d'où elle vient, mais qui sait aussi se remettre en question et se transformer", a déclaré la journaliste âgée de 50 ans.
>> Ecouter aussi le sujet de Forum samedi soir :
![La nouvelle directrice de la SSR Susanne Wille. [SSR - Severin Nowacki]](https://img.rts.ch/articles/2024/image/17xcw2-28515114.image?w=960&h=384)
SSR - Severin Nowacki Polyglotte et dotée d'un vaste réseau
Dirigeante expérimentée, polyglotte et habile communicatrice, Suzanne Wille a occupé différentes fonctions dans les domaines les plus variés et peut compter sur un vaste réseau. Elle apporte également un grand savoir-faire en matière de transformation numérique, ainsi que des compétences éprouvées dans les domaines du management et de la stratégie.
La nouvelle directrice a passé plus de vingt ans devant la caméra dans diverses émissions de SRF et dirige depuis quatre ans son département culturel.
De grandes tâches attendent désormais Susanne Wille et la direction de la SSR, comme la répartition des concessions, la baisse des recettes et la votation sur la baisse des redevances radio-TV prévue pour 2026. L'organisation de l'Eurovision en 2025 sera également un défi.
>> L'interview de Jean-Michel Cina dans le 19h30 :
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Notoriété et compétences
Interrogé samedi dans l'émission Forum, le président du Conseil d'administration de la SSR et ex-conseiller d'Etat valaisan PDC Jean-Michel Cina a admis – comme l'a souligné plus tôt dans la journée le président du Centre Gerhard Pfister [lire encadré] – qu'il n'est pas anodin d'avoir choisi une figure bien connue du public alémanique, dans la perspective de la votation à venir sur la redevance radio-TV.
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"C'est un élément important. Mais pour gérer une telle entreprise de média de service public, ce qui est encore beaucoup plus important est d'avoir des compétences managériales, stratégiques, et de connaître les aspects de la transformation digitale", a-t-il tenu à souligner. "Nous pensons avoir trouvé ces deux aspects dans la candidature de Susanne Wille", résume Jean-Michel Cina.
Politiquement "neutre"?
Pour le Valaisan, la nouvelle directrice, qui travaille à la SSR de longue date, "connaît tout à fait" les défis qui attendent l'entreprise. "Elle était aussi à l'époque journaliste au Palais fédéral. Elle connaît donc les aspects politiques" des débats à venir, estime Jean-Michel Cina.
Alors que la SSR est régulièrement accusée d'être trop orientée à gauche, le choix d'une personne qui passe pour être "neutre" politiquement a-t-il été un critère important? "Elle a cette approche d'indépendance, cette approche du journaliste qui consiste à amener plusieurs perspectives en respectant le principe d'une information équitable entre les camps", a répondu l'ancien politicien. Et d'ajouter que, pour lui, "il ne s'agit pas là d'une question d'orientation politique".
>> Ecouter l'interview de Jean-Michel Cina dans Forum :
![Jean-Michel Cina. [Keystone - Marcel Bieri]](https://img.rts.ch/articles/2016/image/cacgnt-26029490.image?w=960&h=384)
Keystone - Marcel Bieri vkiss/lan/vic
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Une personnalité jugée "crédible"
Les réactions sont globalement positives après la nomination de Susanne Wille à la tête de la SSR. Beaucoup relèvent les importants défis qui attendent la future directrice.
Pour les Vert-e-s, la nomination de Susanne Wille est un choix "judicieux et approfondi". La journaliste connaît l'entreprise et est prête à s'engager rapidement, ce qui est important dans une période où les défis sont nombreux. Le parti attend désormais de la SSR - à tous les niveaux de l'entreprise - qu'elle remplisse son mandat qui exige un journalisme de qualité et une bonne couverture dans toutes les régions de Suisse.
La SSR doit aussi relever le défi de la numérisation, affirme le conseiller national Michael Töngi. A l'heure des "fake news" et d'une information toujours plus courte et rapide, le travail journalistique de la SSR est plus important que jamais pour la cohésion de notre pays et la démocratie, juge le Lucernois.
"Un choix politique" pour le Centre
Le président du Centre Gerhard Pfister estime que la nomination d'une personnalité bien connue du public [en Suisse allemande, ndlr] comme Susanne Wille à la tête de la SSR est "un choix politique" qui s'inscrit dans la perspective de la votation sur l'initiative visant à réduire à 200 francs la redevance radio-TV.
"J'interprète cette élection comme celle d'une personne qui peut avoir du succès dans la future campagne", a précisé le Zougois. Ayant côtoyé Susanne Wille en tant que journaliste, le président du Centre la juge en outre "très professionnelle et équilibrée".
Le passé et le parcours de Susanne Wille sont également un point positif aux yeux de la conseillère nationale Katja Christ (PVL/BS). La SSR doit faire face à des défis importants, comme la préservation d'un journalisme de qualité, la promotion de la diversité des opinions, la transformation numérique et les moyens financiers limités.
"Nous attendons de Susanne Wille qu'elle relève ces défis avec beaucoup d'élan et qu'elle fasse avancer les choses", a déclaré Katja Christ. Et a titre personnel, la Bâloise se réjouit qu'une femme forte soit désormais à la tête de la SSR. "Là où il y a une volonté [Wille en allemand, ndlr], il y a un chemin"!
Le président de l'UDC Marcel Dettling a pour sa part dit attendre que Susanne Wille fasse preuve d'humilité et s'en tienne à ses tâches.
Parcours solide
Susanne Wille devra convaincre la population de toute la Suisse de la nécessité d'un service public étoffé et assurer la cohésion des quatre régions linguistiques, estime pour sa part le Conseil du public de la SSR. Le volet politique sera le plus grand défi auquel elle devra faire face. Selon le Conseil, la journaliste de 50 ans possède toutes les qualités requises pour diriger la SSR avec succès. Elle a également démontré ses capacités de management, notamment à travers la transformation numérique de l'entreprise.
L'Alliance pour la diversité des médias se réjouit également de l'élection de Susanne Wille. La future directrice générale a jusqu'ici convaincu dans toutes ses fonctions de journaliste, d'animatrice et de gestionnaire de médias, ce qui en fait une personnalité "crédible". La journaliste alémanique doit maintenant expliquer au public pourquoi la SSR joue un rôle central à une époque marquée par la désinformation et les "fake news". Elle doit souligner l'importance d'un programme généraliste varié avec de la culture, du sport et du divertissement, souligne l'alliance.
Renforcer le partenariat social
Dans un contexte incertain, il est important que la nouvelle directrice de la SSR renforce le partenariat social, a déclaré Silvia Dell'Aquila, secrétaire centrale du syndicat des médias SSM. La future dirigeante est également appelée à être forte face aux menaces politiques.
"La nouvelle directrice doit être consciente que les collaborateurs sont la ressource principale de la SSR", a ajouté Silvia Dell'Aquila. Elle appelle Susanne Wille à être prudente dans toute mesure en lien avec le personnel et à mener une meilleure relation avec les syndicats.