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Témoignage d'un Suisse qui a combattu dans la Légion internationale de l’armée ukrainienne

Le retour en Suisse des ressortissants helvétiques ayant combattu en Ukraine pose question
Le retour en Suisse des ressortissants helvétiques ayant combattu en Ukraine pose question / 19h30 / 3 min. / mardi à 19:30
La justice militaire suisse a lancé 24 procédures contre des citoyens suisses soupçonnés d’avoir combattu en Ukraine, un du côté russe et 23 du côté ukrainien. Parmi ces volontaires figure Jona Neidhart, un Zurichois de 36 ans. Récemment rentré après deux ans sur le front ukrainien, il critique l'"hypocrisie de la Suisse" face à ce conflit.

De retour en Suisse depuis deux mois, Jona Neidhart se dit fier d’avoir combattu pour les Ukrainiens et la liberté. Aujourd’hui, il se considère comme un miraculé, n’ayant subi ni blessure de guerre, ni séquelles psychologiques, en dépit de la barbarie du conflit.

"Les Russes sont beaucoup plus nombreux et ne respectent aucune règle sur le champ de bataille. Cela signifie que nous devons nous battre contre un ennemi qui est absolument brutal et sans conscience", témoigne-t-il mardi dans le 19h30 de la RTS.

Face à la stupeur de l'invasion

Choqué par l'invasion russe en mars 2022, Jona Neidhart, alors âgé de 34 ans, a quitté ses études universitaires à Berne pour s’enrôler dans la Légion internationale de l’armée ukrainienne, "Slava Ukraina".

Il a servi pendant deux ans dans la compagnie "Bravo", où les pertes ont été lourdes. "Un de mes camarades est mort l’année passée en novembre. Nous avons dû récupérer son corps. Il n'avait plus de tête", relate-t-il.

Malgré l’horreur, il affirme comprendre les raisons de son combat, ne perd pas sa motivation sur le champ de bataille. En traversant les régions libérées, les civils ukrainiens leur donnaient énormément de gratitude: "Ils nous remerciaient et disaient qu'ils se sentaient enfin libérés de ces 'monstres russes', que c'était vraiment magnifique". En Ukraine, Jona Neidhart estime avoir combattu pour la démocratie.

De la ligne de front à la justice

Le 13 juin dernier, le Zurichois est rentré en Suisse et s’est volontairement présenté à la justice militaire, car il est illégal dans notre pays de combattre pour une armée étrangère. Il espère écoper de la peine maximale de trois ans de prison.

Selon lui, cela lui donne l’occasion de sensibiliser le public à l’absurdité de condamner quelqu’un qui se bat pour une cause juste, dont dépendent tout l’Occident et aussi la Suisse, à ses yeux.

Cependant, il n’est pas certain que la justice militaire helvétique aura la main aussi lourde. La peine pourrait se limiter à une amende. En effet, la motivation d’un citoyen suisse qui sert dans une armée étrangère peut influencer la détermination de la peine.

L’écriture comme arme de dénonciation

En attendant son procès, il lui est interdit de quitter la Suisse, une situation qu’il trouve difficile. Il aimerait pouvoir faire beaucoup plus, car à ses yeux, "chaque jour, des innocents sont tués, massacrés par les Russes".

Désormais, il poursuit son combat dans un livre, dans lequel il dénonce le manque de matériel militaire occidental fourni à l’Ukraine.

Sujet TV: Julien Guillaume

Adaptation web: Miroslav Mares

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