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Toujours de fortes disparités entre les cantons dans le dépistage du cancer du sein

Les performances des programmes de dépistage du cancer du sein en Suisse varient d’un canton à l’autre, selon une étude d'Unisanté publiée mardi. Les résultats sont dans la norme européenne, mais la couverture en matière de dépistage systématique reste basse.

Quatorze cantons invitent toutes les femmes âgées de 50 à 69 ans (jusqu'à 74 ans dans neuf d'entre eux) à un dépistage par mammographie tous les deux ans. Ils sont répartis en dix programmes de santé publique distincts (VD, VS, GE, FR, BE-JU-NE, SG-GR, BE-SO, TG, BS, TI).

Leurs résultats sont régulièrement surveillés depuis leur lancement en 2010. L'étude du Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté) à Lausanne, mandatée par Swiss Cancer Screening, constitue ainsi le 6e suivi, sur la base de trois millions de dépistages anonymisés. Le rapport s’est principalement concentré sur les femmes de 50 à 69 ans et la période 2019-2021.

Dans les douze autres cantons, un dépistage dit "opportuniste", hors programme officiel, reste la seule option pour se faire dépister. Les résultats de ces mammographies ne sont pas disponibles pour l'évaluation nationale.

>> L'interview dans Forum de Jean-Luc Bulliard, médecin et directeur de l’étude :

Jean-Luc Bulliard, responsable d'une étude sur le dépistage du cancer du sein et du secteur épidémiologie à Unisanté. [Unisanté]Unisanté
Le dépistage du cancer du sein progresse en Suisse, malgré des disparités régionales: interview de Jean-Luc Bulliard / Forum / 4 min. / le 6 août 2024

Genève, seul romand sous la moyenne

En Suisse, 60% des femmes âgées entre 50 et 69 ans résident dans un canton qui leur propose systématiquement une mammographie de dépistage tous les deux ans. Ce chiffre a presque doublé depuis le début du suivi (34% en 2010) mais il demeure bas en comparaison européenne.

La participation des femmes aux programmes cantonaux a légèrement augmenté depuis 2010 et atteint désormais 47%. Des différences importantes sont observées entre les cantons. La couverture la plus élevée est constatée dans la région BE-JU-NE (60%) et la plus basse à Bâle-Ville (36%). Côté romand, elle est de 57% à Fribourg, 52% en Valais, 47% dans le canton de Vaud et 40% à Genève.

L'écart entre les cantons romands, précurseurs dans le domaine, et les autres régions diminue tendanciellement, mais la participation et la fidélisation y restent globalement plus élevées.

Jusqu'à 1,7% de faux-positifs

L'analyse a aussi montré des différences persistantes entre les programmes dans la qualité du dépistage. En moyenne, lors d'un premier examen, un cancer a été détecté chez sept personnes sur 1000. Le risque de recevoir un résultat faussement positif lors de son premier examen peut jusqu'à tripler (de 0,6% à 1,74%) suivant le canton. Les raisons de ces disparités ne sont pas clairement identifiées.

Toutefois, lors des tests suivants, les interprétations des clichés sont plus homogènes et stables. Le bénéfice est donc plus important lorsqu'une personne participe aux dépistages de manière régulière.

Le rapport entre les bénéfices (réduction de la mortalité, traitement moins lourd, etc.) et les risques (surdiagnostic, anxiété après un résultat faux positif, etc.) s'améliore avec l'âge: il est le plus favorable entre 70 et 74 ans.

Augmentation encourageante

Au total, plus de 70% des cancers du sein sont détectés à un stade précoce en Suisse. Les performances des programmes sont globalement conformes aux normes européennes, conclut Unisanté. L'augmentation continue de la participation est également encourageante.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Environ 6500 personnes sont touchées chaque année en Suisse. Parmi elles, 80% ont 50 ans ou plus au moment du diagnostic.

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