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Trois cents francs la journée de ski: une réalité dans dix ans?

Faudra-t-il débourser bientôt 200 à 300 francs pour une journée de ski? Interview de Laurent Vaucher (vidéo)
Faudra-t-il débourser bientôt 200 à 300 francs pour une journée de ski? Interview de Laurent Vaucher (vidéo) / Forum / 5 min. / aujourd'hui à 18:00
Payer 200 à 300 fr. pour une journée de ski pourrait devenir la norme d'ici dix ans, selon le président du domaine skiable de Flims-Laax Reto Gurtner. Dans une interview récente à la Radio-télévision romanche, il estime que le prix actuel des forfaits est trop bas. Cette explosion tarifaire est néanmoins contestée par des professionnels du secteur.

Lors de la saison 2023-2024, une journée de ski dans la station grisonne Flims-Laax coûtait en moyenne 97 francs, ce qui en fait l'une des plus chères de Suisse derrière Saint-Moritz (103 francs) et Zermatt (99 francs).

Interrogé par la Radio-télévision romanche (RTR) sur la flambée des prix, Reto Gurtner se montre catégorique: "Skier est aujourd'hui bien trop bon marché", déclare-t-il. Il prévoit que dans dix ans, le prix d'un forfait journalier à Flims-Laax se situera entre 200 et 300 francs.

Il justifie cette hausse par le renchérissement inévitable et le fait que la demande va se concentrer sur les stations de haute altitude, où l'enneigement restera garanti. Selon lui, de nombreuses personnes seront prêtes à payer ces tarifs, citant l'exemple du golf, où certains pratiquants déboursent jusqu'à 1000 francs pour un parcours.

Des stratégies différentes

Cette vision d'une envolée des prix ne fait cependant pas l'unanimité. Interrogé lundi soir dans Forum, Laurent Vaucher, le directeur des remontées mécaniques de Verbier - où le forfait journalier coûte en moyenne 83 francs - se montre sceptique.

"Si nous appliquions ces tarifs aujourd'hui, nous perdrions tous nos clients. Je n'ai pas de boule de cristal, mais beaucoup de choses peuvent changer d'ici à dix ans. Cela dépendra des stratégies adoptées par les stations, de leur positionnement sur le marché, de leurs politiques tarifaires et de la conjoncture économique", indique-t-il.

Si nous appliquions ces tarifs aujourd'hui, nous perdrions tous nos clients. Je n'ai pas de boule de cristal, mais beaucoup de choses peuvent changer d'ici à dix ans

Laurent Vaucher, directeur des remontées mécaniques de Verbier

Et d'ajouter: "A l'étranger, certaines stations ciblent les 10% les plus riches de la population. J'ai du mal à imaginer cela en Suisse, où le ski est profondément ancré dans notre ADN. Nous avons encore suffisamment de skieurs et je ne pense pas que nous irons vers une hausse massive des prix pour en faire un produit de luxe."

Les stations misent de plus en plus sur des modèles alternatifs, comme la tarification dynamique, un peu à la manière d'EasyJet, où le prix fluctue selon la demande. "Cela permet d'attirer plus de monde en période creuse. Nous observons aussi que la flexibilité du travail régule la fréquentation, car les gens peuvent choisir d'aller skier un autre jour que le samedi", explique Laurent Vaucher.

>> Relire : Les "prix dynamiques" des stations de ski brouillent les tarifs des forfaits

"Irréaliste" et "improbable"

Interrogé par la Radio-télévision alémanique (SRF), Berno Stoffel, directeur des Remontées mécaniques suisses, juge cette projection "irréaliste", bien qu'il reconnaisse que certaines stations de luxe pourraient suivre cette tendance. Selon lui, la hausse des prix sur dix ans n'a été que de 15%, et il s'attend à ce que cette progression modérée continue.

Christian Lässer, professeur d'économie du tourisme à l'Université de Saint-Gall, estime également que si une augmentation des tarifs à 200 francs est envisageable, atteindre 300 francs reste "relativement improbable", à moins d'un processus de concentration massif des domaines skiables, similaire à celui observé aux Etats-Unis, une évolution qu'il juge peu probable.

Selon lui, le dérèglement climatique réduira le nombre de stations viables, favorisant celles en altitude et augmentant les coûts d'investissement, mais pas au point de justifier de tels tarifs.

Propos recueillis par Valentin Emery et Mehmet Gultas

Adaptation web: Valentin Jordil avec SRF

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Evolution contraire observée avec le Magic Pass

Si le prix de la journée de ski est en hausse régulière [+15% en moyenne en 10 ans selon la branche; lire plus haut], l'arrivée de l'abonnement annuel Magic Pass fin 2017 a au contraire vu les tarifs baisser pour les personnes qui se rendent dans les stations incluses dans l'abonnement plusieurs fois par année.

Lorsqu'il est acheté à son tarif de départ, proposé au début du printemps précédant la saison hivernale, il suffit en effet de skier 5 à 10 jours dans la saison – en fonction du prix de la journée dans les stations choisies – pour rentabiliser son prix d'achat.

Un pratiquant qui skie 10 jours dans la saison et a acheté son abonnement au prix plancher (399 francs) paiera ainsi 40 francs chacune de ses journées de ski l'hiver prochain. Ou encore 55 francs s'il a acheté son abonnement au mois d'octobre (549 francs).

vic