Un peu moins de 30% des personnes exilées d'Ukraine réussissent à travailler en Suisse
Cet automne, les autorités ont décidé de plusieurs mesures pour accélérer leur insertion professionnelle. Mais le marché du travail n'est pas facilement accessible pour ces personnes exilées. Le récit de Yuliia Shaparieva, rencontrée par la RTS, démontre cette difficulté.
Cette femme ukrainienne est arrivée en Suisse il y a deux ans avec son fils. Elle avait un objectif: travailler et devenir indépendante. Alors, elle a enchaîné les cours de français et de coaching. Mais malgré deux stages d'aide en cuisine, cette diplômée en comptabilité ne décroche aucun emploi.
"J'étais vraiment déçue, car je me voyais déjà cuisinière. Mais j'ai compris que je ne pouvais pas rester sur cette piste", regrette-t-elle. Yuliia Shaparieva jongle avec un budget serré. Depuis cet été, elle suit une formation accélérée d'aide comptable avec en ligne de mire un diplôme reconnu en Suisse.
Surqualification
Pour le député Guy Gaudard (PLR/VD), fondateur de l'entreprise d'électricité Gaudard Energie qui a l'habitude de former et d'engager des réfugiés, l'hypothèse est peut-être que "les Ukrainiens sont plutôt du domaine académique et que les professions qui leur sont proposées ne leur conviennent tout simplement pas". Depuis deux ans, il n'a reçu aucune postulation de la part d'Ukrainiens.
C'est également le constat de Xavier de Montmollin, responsable de la structure de réinsertion professionnelle Connexion-Ressources. Les Ukrainiens et Ukrainiennes que l'entreprise coache sont bien formés et ont un profil plutôt universitaire. Se projeter dans un emploi moins bien qualifié n'est ainsi pas facile.
"Le travail de nos coachs est de pouvoir parfois déconstruire pour reconstruire. C'est aussi de pouvoir expliquer comment se passe le travail en Suisse, les attentes des employeurs, les exigence du marché suisse et la reconnaissance des diplômes", explique Xavier de Montmollin.
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Nouvelles exigences cantonales
Alors qu'elle a suivi ce chemin professionnalisant, Yuliia Shaparieva pourrait être rattrapée par les nouvelles exigences du Canton de Vaud: tous les Ukrainiens et Ukrainiennes avec un niveau élémentaire de français ou parlant anglais ont maintenant le devoir de s'inscrire au chômage et d'accepter tout emploi convenable, sous peine de possibles sanctions.
"La Suisse a déjà mis plein d'argent pour les Ukrainiens. C'est logique de devoir travailler ou de chercher un travail" estime-t-elle. Yuliia Shaparieva devra faire ses postulations, mais elle espère malgré tout terminer sa formation, pour travailler dans l'univers qu'elle aime, celui des chiffres.
Sujet TV: Céline Fontannaz
Adaptation web: Raphaël Dubois