Modifié

Une ligne centralisée pour les victimes d'abus dans l'Eglise, promesse qui tarde à se matérialiser

Le SAPEC dénonce la lenteur de la mise en place d'une ligne centralisée pour les victimes d'abus dans l'Eglise. [AFP - Loïc Venance]
Le SAPEC au chevet des victimes d'abus dans l'Eglise catholique / La Matinale / 1 min. / le 7 mars 2024
Les diocèses romands ont recensé peu de signalements d'abus sexuels ces six derniers mois, soit depuis la publication d'une étude pilote de l'Université de Zurich sur les victimes d'abus au sein de l'Eglise catholique suisse. Les associations réclament une ligne d'appel unique pour centraliser la prise de parole.

Depuis la publication de cette étude en septembre 2023, 170 nouvelles personnes se sont manifestées auprès des diocèses et des services ou organisations de soutien. L'Evêché de Bâle, qui comprend le Jura et le Jura bernois, a annoncé mardi 92 signalements. Mais ailleurs en Suisse romande, seuls une vingtaine de cas ont été signalés au total.

>> Lire à ce sujet : De nombreuses autres victimes d'abus dans l'Eglise catholique se sont manifestées

Mais cela ne signifie pas spécialement que la Suisse romande a été moins touchée par le phénomène. De nombreuses personnes préfèrent une écoute extérieure à l'Eglise.

Trop nombreux organismes

Les victimes romandes - ainsi que les témoins - peuvent ainsi choisir de s'adresser à d'autres organismes, comme une commission indépendante ou encore le groupe de Soutien aux personnes abusées par des prêtres de l’Eglise catholique (SAPEC).

Or, si on additionne ces témoignages à ceux recueillis par les diocèses de Lausanne, Genève/Fribourg et Sion, on atteint environ 80 signalements depuis septembre 2023. Sans compter les centres LAVI d'aide aux victimes, qui recueillent eux aussi cette parole.

Cette fragmentation est problématique aux yeux des associations de victimes. Le SAPEC, notamment, souhaite la création d'une antenne indépendante et centralisée, par le biais d'une ligne téléphonique unique, qui apporterait un soutien aux personnes de tous les cantons et toutes les confessions.

Une ligne centralisée

Mais cette promesse "tarde à se concrétiser", déplore jeudi dans La Matinale la cofondatrice et vice-présidente du SAPEC Marie-Jo Aeby. "Le 12 septembre 2023, dans une conférence de presse, l'Eglise a annoncé la création de ce centre d'appel. Les associations de victimes sont impatientes que ça se réalise. Et on se rend compte que c'est très long."

Une telle ligne permettrait d'avoir un "premier recueil de la parole" par des personnes "professionnelles, indépendantes de l'Eglise" qui pourraient réorienter les victimes vers les instance ou interlocuteurs adéquats, explique-t-elle.

"Faire rouler un cube"

À 76 ans, la Vaudoise présentera jeudi soir sa démission. Le président Jacques Nuoffer quittera son poste d’ici la fin de l’année. Ils souhaitent tourner la page et confier les rênes à des personnes plus jeunes "après presque 14 ans de travail intensif". Mais la relève n'est pas tout à fait assurée.

Marie-Jo Aeby lance ainsi un appel aux personnes "de toutes les religions et toutes les philosophies" motivées à devenir des membres actifs et donner des coups de main pour faire bouger les choses. "Je crois que les choses ont avancé, mais tellement lentement...", soupire-t-elle. "Un ami me disait hier: on doit faire rouler un cube. C'est un peu ça notre réalité. On doit faire rouler un cube."

>> Son interview complète jeudi dans La Matinale :

L'association SAPEC de soutien aux victimes d'abus sexuels dans l'Eglise attend la relève
L'association SAPEC de soutien aux victimes d'abus sexuels dans l'Eglise attend la relève / La Matinale / 5 min. / le 7 mars 2024

Sujet radio: Anouk Pernet

Propos recueillis par Valérie Hauert

Texte web: Pierrik Jordan

Publié Modifié