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Une médecin suisse est rentrée d'Antarctique, où elle travaillait sur l'isolement extrême

Photo de la station Concordia, base de recherches scientifiques franco-italienne. [AFP - Armand Patoir]
Une médecin suisse est rentrée d'Antarctique, où elle menait depuis un an des recherches / Le Journal horaire / 27 sec. / hier à 10:02
La médecin suisse Jessica Studer a mené durant un an des recherches en biomédecine en Antarctique pour le compte de l'Agence spatiale européenne (ESA). La Vulliéraine de 34 ans a ainsi affronté quatre mois d'obscurité totale et des températures de moins 80 degrés.

Basée à la station Concordia, la médecin a étudié les effets de l'isolement extrême et des conditions environnementales sur le corps humain. L'ESA espère en tirer des enseignements pour de futures missions spatiales, a indiqué Jessica Studer dans un podcast récemment publié dans la série "Spaceinfo Club".

L'ESA envoie chaque année un ou une médecin en Antarctique. Jessica Studer a fait partie de la 20e équipe hivernale sur la station, située à plus de mille kilomètres des côtes, sur un plateau à plus de 3000 mètres d'altitude.

Autarcie totale

L'altitude est particulièrement fatigante. "Rien que faire quelques pas dehors coûte beaucoup", témoigne-t-elle. Cela influence aussi la concentration et le travail. La longue obscurité entraîne aussi des problèmes de sommeil. Et ce coin perdu et solitaire pèse sur le moral.

La Suissesse et les autres participants à cette mission étaient livrés à eux-mêmes. "Savoir que l'on est enfermé, que l'on ne peut pas sortir, c'est un gros stress". Durant les mois d'hiver, il n'y a aucune possibilité qu'un avion atterrisse à proximité en raison du froid intense. "Il fait tout simplement trop froid".

Sur la station spatiale internationale, il est possible d'évacuer quelqu'un dans les 24 heures en cas d'urgence médicale. Sur la "Concordia", cela n'est pas possible pendant les mois d'hiver. "On dépend de ce qu'il y a sur la station", explique Jessica Studer.

"Etre prête à tout"

Il y a ici une médecin de la station et une médecin de l'ESA. "Si on s'imagine une inflammation de l'appendice, un problème cardio-vasculaire ou pire, une opération, nous sommes seulement deux. Le but est d'être prête à tout".

Les participants peuvent toujours téléphoner en Europe, écrire des messages. Mais il manque une réelle interaction sociale, estime-t-elle au terme de son expérience. L'équipe est par contre devenue au fil du temps des membres de sa famille. "On les aime, mais parfois, on est aussi agacé par eux."

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Durant sa formation, elle s'est découvert un intérêt pour la physiologie humaine en conditions extrêmes. C'est grâce à la mission analogue Asclepios de la Suisse qu'elle s'est intéressée à la médecine spatiale. Elle a aussi effectué un stage au sein du Centre national d'études spatiales français (CNES). Elle a déposé sa candidature pour devenir médecin de recherche de l'ESA au sein de l'équipe de l'Antarctique.

Lorsqu'elle a quitté l'Europe pour l'Antarctique, Jessica Studer était pleine d'énergie. Rétrospectivement, elle n'a pas vraiment lu de livres, ni fait toutes les choses qu'elle voulait faire pendant cette année. "Il y a le travail, les relations avec les autres membres du team. C'est ça, au fond".

ats/rad

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