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Ursula Schneider Schüttel: "Il n'y a pas plus de racisme en Suisse qu'ailleurs"

L'invitée de La Matinale - Ursula Schneider Schüttel, directrice de la Commission fédérale contre le racisme
L'invitée de La Matinale - Ursula Schneider Schüttel, directrice de la Commission fédérale contre le racisme / La Matinale / 14 min. / le 21 mars 2024
Comment lutter contre le racisme? Quelle est la situation en Suisse? Le 21 mars est marqué chaque année par la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination. A cette occasion, Ursula Schneider Schüttel, présidente de la Commission fédérale contre le racisme (CFR), a répondu aux questions de La Matinale.

L'attaque au couteau d'un juif orthodoxe dans les rues de Zurich le 2 mars dernier a rappelé à la Suisse que l'antisémitisme et le racisme étaient bel et bien présents dans le pays.

Nommée à la tête de la CFR en remplacement de Martine Brunschwig Graf, Ursula Schneider Schüttel estime que le racisme est toutefois souvent beaucoup moins repérable. "Le racisme n'est pas toujours visible. Il est là, un peu caché, parce qu'on juge des gens sur des stéréotypes, mais il est là. Il y a le racisme anti-noir, l'antisémitisme, le racisme contre les musulmans ou encore les discriminations contre les gens du voyage", explique-t-elle.

Evincée du Parlement lors des dernières élections, la socialiste n'a repris les rênes de la Commission fédérale contre le racisme qu'au mois de janvier 2024. Une arrivée relativement récente donc, mais qui lui permet déjà d'avoir quelques certitudes sur la situation globale du pays face à ce fléau. "Il n'y a pas d'état d'esprit raciste en Suisse. Il n'y a pas plus de racisme en Suisse que dans d'autres pays", analyse-t-elle jeudi dans La Matinale.

"Mais le racisme est là et on a peut-être l'impression que nous sommes bons, qu'on est une démocratie et que tout est en ordre, alors que ce n'est pas le cas", ajoute-t-elle en guise d'avertissement.

Pas d'augmentation du racisme chiffrable

Si une augmentation des cas de racisme est reportée au niveau national, la Fribourgeoise juge que cela ne veut pas forcément dire que le phénomène est en augmentation.

"Le racisme est surtout plus visible, car on fait plus de sensibilisation et les gens osent davantage nous faire signe quand ils rencontrent du racisme. Je pense donc que c'est surtout la visibilité du phénomène qui a augmenté", décrypte la socialiste, reconnaissant toutefois que la guerre en cours à Gaza a actuellement une réelle influence.

Pour Ursula Schneider Schüttel, le racisme ou la discrimination basée sur des stéréotypes peuvent concerner tout le monde, y compris elle-même, de manière inconsciente. Pour lutter efficacement, elle recommande de passer par l'éducation dans les écoles, où il y a encore, d'après elle, beaucoup de choses à faire.

"On peut faire plus. Les enseignants ne sont pas tous formés sur ces questions de racisme. C'est une conviction de la CFR qu'il faut davantage les former pour qu'ils puissent vraiment traiter ce sujet-là et pas seulement en classe, mais également au cours d'événements. Il faut vraiment éduquer et former", conclut-elle.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: ther

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