A ce jour, les femmes n’ont droit à des allocations maternité que si leur grossesse a duré au moins 23 semaines, soit un peu plus de cinq mois.
Des réflexions sont en cours à Berne pour faire évoluer la loi. La motion du Parti évangélique (PEV) veut forcer le changement et y intégrer le deuxième parent pour qui rien n'est prévu.
"Tristesse, déception, colère"
Psychologue au sein de l'association Adessia, qui accompagne les familles dans le deuil périnatal, Sandrine Limat Nobile estime que la proposition serait un véritable progrès.
"Les parents qui vivent cet événement tragique rentrent de l'hôpital ou du cabinet médical avec de la tristesse, de la déception, de la colère. Ils ne comprennent pas et sont en état de choc. Généralement, les gens ont besoin de rester dans leur bulle quelques jours, de digérer la nouvelle, de laisser sortir leur chagrin et d'entamer un deuil", relève-t-elle mardi dans La Matinale.
Un jour pour le second parent
Changer la loi, c’est donc aussi une question symbolique, une façon de reconnaître le deuil d'un enfant à naître. Le texte propose un congé d'au moins trois jours pour les femmes qui subissent une interruption spontanée de grossesse ou qui accouchent d'un enfant mort-né. Le deuxième parent bénéficierait de son côté d'un jour.
"Les papas décrivent un sentiment de détresse, mais surtout de vive inquiétude pour la santé physique et psychique de leur conjointe. Il y a donc besoin d’un temps à deux. Et de toute façon, les gens prennent déjà ce temps sous couvert d’un arrêt maladie", soutient Sandrine Limat Nobile.
Une idée contestée
Mais la proposition ne fait pas l'unanimité. Elle déplaît notamment aux patrons des petites et moyennes entreprises.
Le président de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) Fabio Regazzi fait valoir que de nombreuses circonstances permettent déjà de prendre congé.
A ses yeux, prendre en compte un nouveau motif impliquerait des difficultés pour les entreprises confrontées à des problèmes d'effectif: "Nous avons de manière générale une pénurie de main-d'œuvre, en particulier qualifiée. En Suisse, 98% des entreprises sont des PME. L'absence, même de quelques jours, d'un ou de plusieurs collaborateurs peut poser des problèmes à l'entreprise elle-même. En ce sens, il faudrait être un peu plus prudent avec ces possibilités", argumente le conseiller aux Etats tessinois centriste.
Marielle Savoy/ami