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Viola Amherd: RUAG a "signé le contrat sans nous parler"

L'interview de la conseillère fédérale Viola Amherd dans Infrarouge
L'interview de la conseillère fédérale Viola Amherd dans Infrarouge / L'actu en vidéo / 7 min. / le 21 février 2024
Viola Amherd a assuré dans l'émission Infrarouge mercredi soir que l'entreprise d'armement RUAG avait signé le contrat de vente des chars Leopard 1 "sans lui en avoir parlé". Mais la cheffe du Département fédéral de la défense reconnaît avoir eu vent de l'idée début 2023.

La conseillère fédérale en charge de la Défense "ne pense pas du tout" qu'il y a un problème de gouvernance au sein de son département, elle assume pleinement son rôle. "Je prends la responsabilité pour tout ce qui se passe dans mon département", lance-t-elle sur le plateau de la RTS mercredi soir.

Sur l'affaire des chars Leopard achetés par l'entreprise d'armement aux mains de la Confédération Ruag en Italie (voir encadré), la présidente de la Confédération dit ne pas avoir été informée que le contrat allait être signé, mais seulement de l'éventualité du projet de vente des chars.

"J'ai été informée qu'il y avait des idées de vendre ces chars (...) au début de l'année passée", explique-t-elle dans un premier temps.

Puis, elle indique que pour vendre les chars, il faut "d'abord regarder avec le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO)", qui a ensuite expliqué qu'il était possible de les vendre comme prévu. "On a dit à RUAG 'vous pouvez continuer de discuter (...), mais il faut faire une demande officielle au SECO'. Après, ils ont signé le contrat sans nous parler", assure-t-elle.

"Il faut voir les détails, l'historique", se défend encore Viola Amherd.

>> Lire également : L'armée n'a pas de problème financier, mais de communication, selon une commission du National

Enquête demandée

"Je ne sais même pas si c'est le conseil d'administration qui a approuvé. Moi, quand j'ai appris tout ça, j'ai demandé au Contrôle fédéral des finances de faire une enquête (...) et hier, on a reçu le résultat. On a vu qu'il y a des problèmes de gouvernance et maintenant on est en train de combler ces lacunes. On va prendre des mesures pour améliorer tout ça", poursuit la centriste.

>> Pour en savoir plus, lire : Imbroglio sur les chars Leopard: le président du conseil d'administration de RUAG démissionne

>> Voir l'intégralité de l'émission Infrarouge :

Quel ordre de marche, Madame la présidente ?
Quel ordre de marche, Madame la présidente ? / Infrarouge / 61 min. / le 21 février 2024

Propos recueillis par Alexis Favre

Adaptation web: Julie Marty

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L'imbroglio des chars Leopard 1

En 2016, l'ancienne entreprise RUAG Holding a acheté 96 chars Leopard 1 en Italie, où elle les a ensuite entreposés. Début 2023, l'entreprise allemande Rheinmetall a demandé à RUAG MRO, qui a repris les anciens contrats passés par RUAG Holding, si elle pouvait acheter les chars de combat.

Rheinmetall avait alors ouvertement déclaré que ces chars seraient livrés à l'Ukraine après un service de maintenance effectué en Allemagne. Le 13 février, RUAG MRO a signé un contrat de vente avec Rheinmetall incluant une réserve selon laquelle la livraison n'aurait lieu qu’avec l’autorisation des autorités compétentes, soit le Conseil fédéral.

Ce dernier a refusé en juin dernier d'accéder à la demande de RUAG, invoquant le droit de la neutralité. Puis la directrice de RUAG, Brigitte Beck, avait démissionné en août à la suite de la polémique suscitée par ses déclarations liées aux exportations d'armes suisses vers l'Ukraine et sur la neutralité.

L'affaire s'est encore compliquée avec les prétentions d'une autre entreprise allemande, GLS, qui a fait valoir un contrat de vente de 25 des 96 chars avec RUAG. L'entreprise a obtenu d'un tribunal italien, par une ordonnance superprovisoire, la restitution de ces véhicules stockés en Italie.