Les infractions pénales enregistrées en 2023 ont augmenté pour la deuxième année consécutive, de 14% sur un an, à 522'558. Les vols ont atteint un niveau record, les homicides sont supérieurs à la moyenne tandis que la cybercriminalité a explosé. Les polices plaident pour davantage de moyens.
Les délits contre le patrimoine, y compris les vols, ont enflé de 17,6% comparé à 2022, révèle la statistique policière de la criminalité (SPC) de l'Office fédéral de la statistique (OFS) publiée lundi. Ils représentent près de 70% des infractions au Code pénal (CP) enregistrées.
Vols par effraction et dans les véhicules
Les vols par effraction et par introduction clandestine (41'429 infractions) se sont notamment intensifiés l'an dernier (+15,9%). Alors que la police avait enregistré en moyenne 98 vols de ce type par jour en 2022, elle en a comptabilisé 114 en 2023.
Les vols de véhicules ont aussi augmenté de 17,5% (à 54'517). Mais ce sont surtout les vols de valeurs dans les véhicules qui ont explosé (+71% à 18'192) pour atteindre des records depuis l'introduction de cette statistique en 2009.
"Bien qu’il s’agisse de cas de moindre importance, ces délits causent un énorme travail pour les corps de police", réagit Mark Burkhard, président de la Conférence des commandantes et des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS) cité dans un communiqué. Pointant l’absence d’échanges de données entre les corps de police, cantonaux et municipaux, il plaide pour des bases de données nationales afin de lutter contre la criminalité sérielle.
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Davantage d'homicides
L'an passé a connu un record de 2057 infractions de violence grave (+5,9% par rapport à 2022). La police fait état de 53 homicides contre 42 l'année précédente - un chiffre supérieur à la moyenne de 48 établie depuis 2009.
Les tentatives d'homicide (+17,4% à 229 infractions) ainsi que le nombre de lésions corporelles graves (+15,5% à 880) se sont multipliées. Le nombre de viols (-3,2% à 839) et celui des brigandages graves (-25% à 51) ont quant à eux diminué.
Les infractions de violence domestique totalisent 19'918 cas, soit au même niveau que ces quatre dernières années. Sur les 53 homicides enregistrés, 25 l’ont été dans un cadre de violence domestique, une proportion légèrement inférieure à celle observée ces cinq dernières années, selon l'OFS.
Parmi les victimes dans le cadre d'une relation de couple - actuelle ou ancienne - 14 femmes et 2 hommes sont décédés. Par ailleurs, 4 jeunes filles ainsi que 5 adultes (2 femmes et 3 hommes) ont été tués au sein de leur famille ou dans le cadre d'autres relations de parenté.
Plus largement, les infractions de violence ont atteint 47'381 cas en 2023, en légère hausse de 1,5% comparé à l'année précédente. Exprimée en nombre d'infractions pour 1000 habitants, leur fréquence reste à un niveau similaire à celui des cinq dernières années (5,4).
Cybercriminalité
Les infractions d'escroquerie ont aussi atteint un record depuis 15 ans (29'314 cas). Près de 80% de celles-ci avaient un mode opératoire numérique. Depuis leur première publication en 2020, les chiffres de la criminalité numérique ne cessent d'augmenter, relève l'OFS.
L'an passé, les infractions pénales commises dans l'espace numérique ont bondi de 31,5% sur un an. La majorité relevait de la cybercriminalité économique, en progrès de 36,5%. Comparé à 2022, les cas de "phishing" (+70%), d'usurpation de cartes ou d'identité (+66%) sont particulièrement fréquents. Les cyberdélits sexuels ont cependant reculé de 7,4%.
Pour Serdar Günal Rütsche, directeur du Réseau national de soutien aux enquêtes dans la lutte contre la criminalité informatique (NEDIK) cité par la CCPCS, il est "urgent de mettre en place des ressources policières dans ce domaine ou de procéder à leur distribution adéquate". Même si les cyberdélits ne représentent que 8,4% des infractions en 2023, des sommes élevées ou des dommages importants sont souvent en jeu alors que la poursuite de tels délits s'avère très complexe.
Mineurs prévenus
En 2023, un total de 90'403 personnes ont été prévenues d'infractions au Code pénal, soit 3’710 personnes de plus qu’en 2022 (+4,3%). Parmi elles, le nombre de mineurs est en hausse de 4,2% par rapport à 2022 (11'032) tandis que le nombre d'adultes prévenus (25 ans et plus) atteint un record à 65'549.
Environ 44% de toutes les personnes prévenues étaient de nationalité suisse, contre 47% en 2022 et 31% étaient des résidents étrangers (32% en 2022). Une proportion de 6,6% des prévenus étaient des requérants d’asile, des personnes admises provisoirement ou des personnes vulnérables (+2,4% par rapport à 2022).
Enfin, si les infractions au Code pénal ont augmenté en 2023, le nombre d'infractions à la loi sur les stupéfiants enregistrées a lui diminué de 1,5% (54'458 infractions), précise l'OFS. Quant aux infractions à la loi sur les étrangers et l'intégration (LEI), elles sont en hausse de 21,5% à 43'180.
ats/kkub
Hausse des violences domestiques en Valais et des cambriolages dans le Jura
Avec 40,2 infractions au code pénal pour 1000 habitants, contre 59,3 en moyenne nationale, "le Valais reste un canton sûr", s'est félicitée la police cantonale lundi dans un communiqué présentant ses statistiques annuelles en matière de criminalité. D'autres chiffres s'avèrent toutefois moins flatteurs en comparaison nationale, comme la hausse de 19,89% des cas de violences domestiques.
Avec 452 cas enregistrés en 2023, contre 377 en 2022, les violences domestiques font partie des problématiques qui "préoccupent" la police cantonale valaisanne. A l'échelle suisse, ce type d'infraction est resté stable ces quatre dernières années, avec 19'918 cas comptabilisés en 2023 contre 19'978 en 2022.
Le Valais fait aussi face à une hausse de 5% des vols simples et par effraction, ce que Christian Varone, commandant de la police cantonale, explique dans le 12h30 "par le fait d’être confronté à des bandes de jeunes multirécidivistes (....) et certains ressortissants magrébins". Il ajoute un lien "avec des individus qui recherchent des moyens financiers en lien avec la consommation de stupéfiants", "certaines personnes qui sont en situation de précarité", et aussi le fait d'être face à des jeunes "plutôt motivés à obtenir rapidement des moyens pécuniaires faciles". Selon lui, la "prévention" est le maître-mot.
Les cambriolages en hausse dans le Jura
Les infractions au Code pénal commises dans le canton du Jura l'an dernier sont en hausse de 10%, passant de 3017 à 3305. C'est surtout le nombre de cambriolages qui a explosé avec une hausse de 41%. Comme attendu, le nombre d'affaires liées à la cybercriminalité est en nette augmentation (+61%).
Les chiffres de la statistique policière de la criminalité dévoilés lundi à Delémont par la police cantonale reflètent la tendance suisse actuelle, à l'exception des vols par effraction, a relevé le canton du Jura.
Les vols par effraction sont en effet en hausse de 41% dans le canton du Jura alors qu'au niveau suisse, ils avancent de 13%. Cette évolution sur sol jurassien s'explique par des phénomènes sériels: des vols dans des installations sportives et des vols dans des restaurants et des bars. Dans ces deux séries, il s'agit d'une criminalité locale et les auteurs ont été interpellés.
Flambée de cyber-escroqueries dans le canton de Neuchâtel
En 2023, le canton de Neuchâtel enregistre une hausse globale des infractions au Code pénal de 7%, moins qu'au niveau national. Mais pour la première fois, les cas de cyber-escroqueries dépassent les cambriolages.
L'an dernier, les infractions pénales ont totalisé 12'242 cas, indique lundi la police neuchâteloise. Sur une période de 10 ans, cela représente un recul de 24% des infractions enregistrées, mais la cybercriminalité, elle, s'est accélérée.
Ainsi, les infractions de criminalité numérique ont grimpé de 50% entre 2022 et 2023 dans le canton de Neuchâtel. Et les cyber-escroqueries ont explosé: +59% d'une année à l'autre, alors qu'en moyenne suisse elles ont crû de 31%.