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Zurich veut devenir le premier canton à proposer un accès au numérique généralisé dans ses prisons

Des ordinateurs dans une prison suisse. [Keystone - Gaetan Bally]
Zurich veut devenir le premier canton à proposer un accès au numérique généralisé dans ses prisons / Le Journal horaire / 20 sec. / le 10 mars 2024
Apprendre une langue ou suivre une séance de méditation derrière les barreaux grâce à des plateformes numériques, c'est possible dans quelques rares prisons. Zurich veut devenir, d'ici à la fin de l'année, le premier canton à proposer une telle offre dans tous ses pénitenciers.

Actuellement encore, les détenus fixent des rendez-vous chez le médecin de la prison ou passent des commandes au kiosque interne en remplissant un formulaire en version papier, presque partout en Suisse.

"Les démarches quotidiennes sont dominées par le papier", a commenté récemment la ministre zurichoise de la Justice Jacqueline Fehr lors d'une rencontre avec les médias.

Améliorer la réinsertion

Cette omniprésence du papier ne concerne pas seulement les détenus, mais aussi leurs proches ou leurs avocats, qui ne peuvent communiquer avec eux qu'en leur téléphonant ou en leur envoyant des lettres. Cette réalité contredit le principe de "normalisation" qui exige que la vie quotidienne en prison se différencie le moins possible de celle qui se déroule à l'extérieur.

Cette exigence est cruciale, car 99% des détenus recouvrent, un jour, la liberté. Or leur séjour en prison les coupe de l'évolution numérique, ce qui rend leur réinsertion d'autant plus difficile. "Il est évident que nous devons changer cela", souligne Jacqueline Fehr.

Sur décision du gouvernement zurichois, le canton le plus peuplé de Suisse va dépenser 15 millions de francs pour "numériser" ses prisons. Une plateforme numérique installée dans les centres d'exécution des peines figure au coeur de ce projet "Smart Prisons Zürich" qui s'inscrit dans la Stratégie numérique adoptée en 2023 par la Conférence des chefs des services pénitentiaires cantonaux.

Witzwil (BE) et Cazis (GR) pionniers

Deux prisons suisses font figure de pionnières dans ce domaine. Il s'agit des établissements de Witzwil (BE) et de Cazis (GR), qui se sont équipés en conséquence au cours des deux dernières années. A l'étranger, la transition numérique est déjà une réalité dans des prisons allemandes, belges, finlandaises et britanniques.

En terres zurichoises, la plateforme numérique destinée aux prisons du canton a été mise au point par la société irlandaise Coresystems, qui développe des logiciels pour des autorités judiciaires depuis 20 ans. Elle est actuellement en phase de tests et sera introduite à l'essai, fin avril ou début mai, à l'aéroport de Zurich, au centre de détention en vue d'expulsions. Les pénitenciers du canton devraient en être équipés d'ici à la fin de l'année.

Ni Internet illimité, ni téléphone portable

A l'avenir, les détenus du canton auront probablement accès à des ordinateurs portables. Ces appareils leur permettront uniquement d'accéder aux applications proposées par l'établissement. Tous les détenus n'y auront probablement pas droit et il n'y aura pas d'accès illimité à Internet, souligne Jacqueline Fehr. De plus, les téléphones portables resteront interdits.

En revanche, les détenus branchés sur la plateforme pourront y utiliser un agenda numérique, y passer une commande au kiosque de la prison, y apprendre des langues, voire y suivre des instructions de fitness ou de méditation. Un accès à une bibliothèque numérique est aussi à l'étude. De plus, leurs proches pourront y inscrire leurs visites.

La mise en oeuvre de "Smart Prison" bouleversera aussi le quotidien du personnel des prisons zurichoises. Ils travailleront de manière numérique, notamment dans l'organisation des ateliers ou de la collaboration avec les services sociaux. La suppression de la paperasse leur permettra de se concentrer davantage sur la gestion des détenus, salue Jacqueline Fehr.

ats/boi

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