Bilan en demi-teinte pour la Suisse après deux ans au Conseil de sécurité de l'ONU

La Suisse s'attribue un autosatisfecit après un an au Conseil de sécurité de l'ONU. [Keystone]
Quel bilan pour la Suisse au terme de ses deux ans au Conseil de sécurité de l'ONU? / La Matinale / 1 min. / hier à 06:19
La Suisse a-t-elle compromis sa neutralité pour obtenir une place parmi les grandes puissances? Cette interrogation avait suscité de nombreux débats en 2022, lorsque l’Assemblée générale des Nations unies l’avait élue pour siéger au Conseil de sécurité. Deux ans plus tard, ce mandat, achevé fin 2024, semble s’être conclu dans une relative indifférence à Berne, loin des controverses qui avaient marqué son début.

L'Organisation des Nations Unies (ONU), ses procédures complexes et ses enjeux globaux, peut parfois paraître éloignée des préoccupations helvétiques. Cette perception a peu à peu nourri un désintérêt pour l’action, les discours et les votes de la délégation suisse au Conseil de sécurité ces deux dernières années.

Deux moments ont néanmoins marqué ce mandat. Premièrement, l'abstention de la Suisse lors d’un vote en 2023 sur la reconnaissance d’un État palestinien, une décision qui a suscité des critiques de la part d’organisations non gouvernementales en Suisse et à l’étranger. Deuxièmement, les reproches répétés de la Russie, accusant la Suisse d’avoir abandonné sa neutralité dans le contexte de la guerre en Ukraine.

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Craintes de l'UDC

Ces critiques de la Russie ont conforté les craintes de l’UDC, qui estime que les sanctions prises après l’attaque de l’Ukraine ont affaibli la neutralité suisse. Le plus grand parti du pays affirmait toutefois que la Suisse perdrait encore davantage sa neutralité et sa crédibilité en siégeant au Conseil de sécurité. Or au terme de ces deux années, la diplomatie suisse n’a finalement pas commis d’erreur majeure qui aurait terni sa réputation internationale.

L’inverse est aussi vrai: la Suisse n’a pas non plus réalisé d’exploit particulier qui aurait renforcé son rayonnement global. Comme à son habitude, la Suisse s’est concentrée sur des enjeux liés au droit humanitaire, un domaine dans lequel elle est historiquement reconnue. Ce positionnement, prudent mais cohérent, a en tout cas permis au Conseil fédéral de minimiser les critiques sur le front de la politique intérieure.

Des réussites mais aussi des échecs

Le mandat de la Suisse au Conseil de sécurité a, en outre, été marqué par quelques succès notables, notamment l’adoption d’une résolution en mai renforçant la protection du personnel humanitaire et des Nations unies dans les conflits. Elle a également mis en avant les liens entre sécurité internationale et changements climatiques, et a soutenu la parité. Enfin, elle a redoré l’image d’un Conseil  "déconnecté" en organisant son déplacement au Soudan du Sud ou en Colombie.

Cependant, la Suisse a également rencontré des difficultés avec sa proposition de "diplomatie scientifique", jugée trop abstraite par les autres diplomates. Berne a par ailleurs surpris les pays arabes en s’abstenant sur l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l’ONU, sans toutefois être critiquée ouvertement pour ne pas avoir repris son financement à l'UNRWA, la responsabilité étant attribuée principalement à Washington.

Sujets radio: Etienne Kocher et Carrie Nooten

Texte web: hkr

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