Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC, trop souvent en porte-à-faux avec son parti?
On savait Céline Amaudruz plus libérale que son parti sur plusieurs questions de société, mais ces derniers jours, elle clame haut et fort ses divergences. Certains collègues de parti se disent "agacés" par ses fortes prises de position et ses petites phrases. Comme quand elle constate que "la communication suisse alémanique n'est pas forcément la même que la communication romande" ou quand elle lance "à titre personnel, je pense que ce n'est pas une question de gauche ou de droite. Je pense que c'est une question de société".
En tant que vice-présidente de l'UDC, elle est l'une des porte-voix de son parti, dont on s'attendrait à ce qu'elle défende la ligne officielle. Mais au contraire, Céline Amaudruz assume ses désaccords. Et cela questionne certains des siens, qui l'ont confirmé à la RTS. Invitée vendredi dans l'émission Forum, la principale intéressée se défend.
La Genevoise tient d'abord à mettre les choses au clair. Certes, sur la forme, elle n'est "pas toujours d'accord", mais sur le fond, elle assure partager "90%, voire 95% des idées" de son parti.
Que dire alors de sa réaction à la démission mercredi de la conseillère fédérale Viola Amherd? Dans l'émission Forum, la conseillère nationale est allée jusqu'à dire: "j'espère que ce n'est pas le communiqué (de l'UDC suisse) qui a fait prendre cette décision à Viola Amherd". Un communiqué qui justement demandait la démission de cette dernière.
>> Lire à ce sujet : L'UDC exige la démission de Viola Amherd, estimant qu'elle gère mal l'armée
Un parlementaire UDC contacté par la RTS et qui souhaite rester anonyme dit son incompréhension face à une telle déclaration. "Le parti avait travaillé sur l'appel à la démission de Viola Amherd, il s'était mis d'accord... et elle s'en désolidarise. Ce n'est pas correct", murmure-t-il.
Rester fair-play, "une qualité primordiale"
Sur le fond, Céline Amaudruz estime pourtant être restée en "phase totale avec son parti". Elle aussi a émis des critiques concernant la ministre de Défense démissionnaire qui, selon elle, a "mis à mal la sécurité interne du pays".
Je suis transparente vis-à-vis de mon électorat. Je ne vais pas mentir
La Genevoise ne transige néanmoins pas sur le "respect" à adopter à l'égard d'une conseillère fédérale qui quitte ses fonctions. Raison pour laquelle elle a reconnu l'engagement de Viola Amherd, explique-t-elle. "Une fois que le match est fini, vous devez avoir la capacité de prendre du recul et de vous montrer fair-play", image-t-elle encore.
Mais cette figure de l'UDC romande ne devrait-elle pas faire preuve d'un devoir de réserve, comme le suggèrent certains de ses collègues? "Je suis transparente vis-à-vis de mon électorat. Je ne vais pas mentir", lance la principale intéressée. Et puis, "si cela ne correspond plus aux attentes du parti", la Genevoise se dit prête à laisser sa place de vice-présidente (qu'elle occupe depuis 2016), à celui ou celle qui pense "faire mieux" qu'elle.
Malgré des voix critiques à l'interne du parti, personne en Suisse romande ne remet ouvertement en question la place de Céline Amaudruz. Pour ses soutiens, l'UDC a justement tout à gagner d'une vice-présidente qui tranche de temps à autre avec sa direction, parfois déconnectée de la base du parti et de la Suisse romande.
Future prétendante au Conseil fédéral?
Pour certains, ses positions plus libérales sur les questions de société, comme l'accès des femmes au marché du travail, la placent justement en pole position pour un jour espérer arriver au Conseil fédéral. En effet, la candidature idéale ne doit pas seulement plaire dans sa formation politique, mais aussi donner des gages aux autres partis.
Romande, elle serait en bonne ligne pour remplacer Guy Parmelin, le doyen de fonction. Mais quand on lui pose la question, Céline Amaudruz dit se consacrer simplement à son "rôle de vice-présidente" pour l'instant.
Son style de direction, elle en est convaincue, c'est aussi ce qui a permis à l'UDC romande d'avoir un tel succès. "Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis" et "je ne vais pas changer ma façon de faire", insiste-t-elle enfin.
Sujet radio: Romain Carrupt
Adaptation web: Doreen Enssle