Crise de l’accueil des demandeurs d’asile: Berne priée d'agir sur la vitesse des procédures
Le canton d’Argovie, quatrième canton suisse, tire la sonnette d'alarme. Submergé par l’afflux de demandeurs d’asile, il a dû ouvrir des abris souterrains pour faire face à la situation. "Nous sommes à la limite à tous points de vue, que ce soit en termes d'hébergement et d'encadrement, d'intégration, d'école ou de sécurité", déplore Jean-Pierre Gallati, conseiller d’Etat UDC argovien.
La prise en charge des demandeurs d’asile est l’un des principaux problèmes des collectivités publiques. Le système serait même au bord de l’effondrement, selon l’Association des communes suisses. Sa directrice Claudia Kratochvil attend davantage de soutien de la part des autorités fédérales, notamment une réduction rapide du nombre de procédures en suspens "en prenant des décisions définitives dans les centres fédéraux d’asile pour ensuite n’attribuer aux communes que les personnes avec un statut clair".
>> Plus de détails dans notre article : Le système d'asile risque de s'effondrer, avertit l'Association des communes suisses
Répartition des gens et vitesse des procédures
Pourtant, les demandes d’asile affichent une tendance à la baisse. Le problème se pose donc plutôt à l’interne, soit au niveau de la répartition des gens et de la vitesse des procédures.
La réduction des cas en suspens est clairement une priorité, cette année comme l’année passée. Nous avons engagé du personnel pour ce faire, ce qui aura un impact positif sur la durée des procédures
"Les procédures durent le temps qu’elles durent. Nous devons examiner chaque demande individuellement, et ça prend son temps", explique Magdalena Rast, porte-parole du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). "La réduction des cas en suspens est clairement une priorité, cette année comme l’année passée. Nous avons engagé du personnel pour ce faire, ce qui aura un impact positif sur la durée des procédures."
Mêmes préoccupations en Suisse romande
Le problème réside dans la gestion des personnes déjà présentes: celles qui quittent les centres fédéraux après 140 jours sans décision et qui sont transférées aux cantons, souvent pour des semaines, des mois, voire plus. Ces dernières deviennent la charge des collectivités locales, qui doivent assurer leur hébergement et leur encadrement. Sans compter le travail d'intégration qui s'impose en cas de décision favorable, ce qui peut prendre plusieurs années. Et le tout, si possible, doit avoir lieu en harmonie avec la population.
Si l’alerte vient aujourd'hui de Suisse alémanique, la Suisse romande a déjà exprimé les mêmes préoccupations. Cantons et communes appellent Berne à ne pas les laisser seuls face à cette problématique, dans un contexte politique tendu autour des questions d’asile. Une lueur d'espoir pour les cantons et les communes, mais surtout pour les gens qui sont hébergés dans des abris sans lumière du jour.
Rouven Gueissaz/Agnès Wuthrich