En temps de guerre, les drones de l'armée suisse devraient livrer des informations. En temps de paix, ils sont censés surveiller la migration à nos frontières. Mais ces appareils volants sont pris dans des turbulences, révèle une enquête de SRF.
La télévision publique alémanique a mis la main sur une communication de la Délégation des finances adressée, juste avant Noël, à la conseillère fédérale Viola Amherd.
Le document alertait la ministre de la Défense du non-fonctionnement du système d'évitement des obstacles en vol des nouveaux drones de l'armée suisse, les drones israéliens Hermes 900 HFE (les "ADS 15" - pour Aufklärungsdrohnen-System 2015) - censés remplacer les anciens drones Ranger ADS 95, mis hors service en 2019.
Conséquence de ce défaut technique: les drones pourraient, par exemple, facilement percuter des oiseaux, voire mêmes des parapentistes.
"Nous étions sans doute trop crédules"
La faute incomberait au fabricant israélien, mais aussi à l'armée suisse. "Au début, nous étions sans doute trop crédules sur le fait que tout se passerait bien", a d'ailleurs lâché Urs Loher, patron d'Armasuisse, au micro de la RTS.
L'homme a passé ses Fêtes à négocier avec l'entreprise suisse Ruag pour éviter tout surcoût, et surtout trouver une parade technique à cette défaillance.
"S'il n'était pas possible (de trouver une parade technique) - ce que nous ne supposons d'ailleurs pas, car nous avons commandé une étude externe qui confirme que c'est faisable -, alors les drones auraient besoin d'un véhicule d'accompagnement dans l'espace aérien non-contrôlé", explique Urs Loher. C'est-à-dire que le drone serait assisté par "un hélicoptère ou un avion", confirme le patron d'Armasuisse.
"Totalement absurde"
Mauro Tuena, conseiller national UDC zurichois, se scandalise de la situation. "C'est totalement absurde. Je n'en crois pas mes yeux", lance-t-il au micro de la RTS.
"Il s'agit tout de même d'un montant de 300 millions de francs. Le Parlement l'a approuvé. Il y avait un cahier des charges. (...) Et maintenant, on entend toujours dire que ça ne marche pas, que ça ne fonctionne pas, que ce n'est pas opérationnel. Cela ne va pas," s'insurge le député.
Pire encore, le compte n'y est pas. La Suisse avait commandé six drones. Elle n'en a reçu que quatre. Alors qu'ils devaient être pleinement opérationnels en 2019, ils ne le seront probablement, si tout va bien, qu'en 2029.
Sujet TV: Thierry Clémence
Adaptation web: Julien Furrer