Résumé de l’article
Gerhard Pfister dénonce l'attitude "dangereuse" de l'UDC, qui a exigé la démission de Viola Amherd
Viola Amherd se trouve sous le feu des critiques de l'UDC pour des dysfonctionnements au sein de son département et dans l'armée, en raison par exemple de retards dans l'introduction d'équipements. Réagissant dans le 19h30, Gerhard Pfister estime que cette attitude de demander la démission d'une conseillère fédérale est "dangereuse", contraire au système helvétique et constitue une "violation des règles et des institutions suisses".
Aux yeux du conseiller national zougois, des succès sont à mettre au crédit de la Valaisanne: "Elle a réussi à convaincre la population de la nécessité de nouveaux avions de combat. Elle a aussi réussi à faire en sorte que le Parlement augmente les fonds pour l'armée."
Gerhard Pfister admet cependant que le Parlement doit se demander comment améliorer le management de certains projets au sein du Département fédéral de la défense. Il rappelle toutefois le nombre important de dossiers en cours, dont une grande majorité sont "en ordre".
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Rapprochement avec l'Otan
Partisane d'une neutralité stricte, l'UDC voit également d'un mauvais œil la volonté de Viola Amherd de rapprocher la Suisse de l'Otan. Une coordination avec l'alliance s'avère néanmoins nécessaire, soutient Gerhard Pfister. Citant le chef de l'armée, il relève que notre pays est capable de se défendre "pendant environ un mois"
Conclusion: "Nous avons besoin d'aide. D'où vient ce soutien? Il vient de l'Europe et de l'Otan. La Suisse doit se demander quelle est sa contribution pour une défense commune en Europe", argumente-t-il.
Cap sur le Conseil fédéral?
Après neuf ans à la tête de son parti, Gerhard Pfister a fait savoir lundi que c'était "le bon moment" pour passer le relais. Le nom de la personne qui succédera au Zougois sera connu en juin à l'issue d'une assemblée des délégués qui aura lieu à Bienne.
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Mais ce retrait ne signifie pas retraite pour autant. A Berne, il se murmure d'ailleurs que Gerhard Pfister ambitionne de siéger au Conseil fédéral. Le politicien de 62 ans aurait donc abandonné la présidence de son parti pour préparer sa candidature. Interrogé par la RTS, il botte en touche. Le doyen de fonction du Conseil national assure toutefois qu'il répondra à la question si un jour elle se pose.
Des excuses à la Suisse romande
Après le rejet des élargissements autoroutiers lors des dernières votations, une sortie de Gerhard Pfister avait fâché en Suisse romande, où tous les cantons avaient refusé les agrandissements — dont celui de l'A1 entre Le Vengeron (GE) et Nyon (VD).
"Il ne se passera plus rien chez vous ces 20 prochaines années", avait lâché le président du Centre, partisan du oui.
Gerhard Pfister dit aujourd'hui regretter cette phrase et présente ses excuses à celles et ceux qui l'ont interprétée comme une menace. "C'est le contraire de ce que je voulais dire", assure-t-il. Et de clarifier sa position: "J'ai constaté que ces projets étaient d'une grande complexité. Cela a duré plus de 20 ans avant que le peuple suisse ne vote. Je crains maintenant que cela va durer plus de dix ans, au moins, jusqu'au prochain vote sur de nouvelles autoroutes", déclare-t-il.
Le "défi" réussi du changement de nom
Pour rappel, Gerhard Pfister a été le fer de lance de la fusion, en 2021, entre sa formation, le Parti démocrate-chrétien (PDC), et le Parti bourgeois-démocratique (PBD). Cette union a donné naissance à une nouvelle entité, Le Centre.
Un rebranding délicat, car il a biffé le "C" de chrétien et donc la référence historique au catholicisme. "Je suis fier d'avoir réussi à convaincre la base", se félicite Gerhard Pfister. "C'était un défi", souligne-t-il.
Texte web: Antoine Michel et Mérande Gutfreund
Propos recueillis par Jennifer Covo et Nathalie Ducommun
Isabelle Chassot défend également Viola Amherd
Interrogée sur la polémique enflant autour de Viola Amherd, la conseillère aux Etats centriste Isabelle Chassot a également critiqué dans Mise au point la virulence des attaques de l'UDC contre la conseillère fédérale, assurant que la démission de la Valaisanne n'était pas à l'ordre du jour et se disant surprise de l'effervescence des médias à ce sujet.
En demandant la démission d'une ministre en place, alors même que celle-ci a rempli le mandat qui lui a été confié, l'UDC a "franchi" une ligne, estime la Fribourgeoise. Pour elle, "il est dangereux qu'un parti gouvernemental commence à s'en prendre aux institutions et à leur fonctionnement", estime-t-elle.
Isabelle Chassot réfute par ailleurs tout intérêt pour la présidence de son parti en remplacement de Gerhard Pfister. Elle dit se réjouir de retrouver le Conseil des Etats et le "travail politique au quotidien" après 18 mois passés au sein de la commission d'enquête parlementaire concernant le rachat de Credit Suisse.
La conseillère aux Etats estime que Gerhard Pfister "a réussi à donner de la consistance et de l'épaisseur au parti, à en faire un acteur incontournable" grâce à un investissement "important et fort". Pour reprendre la main, Isabelle Chassot imagine plutôt une personne élue au Conseil national, où le débat est, selon elle, "plus vif et partisan".
Pas d'ambitions gouvernementales
Interrogée sur son ambition de siéger au Conseil fédéral, la Fribourgeoise répond que l'envie d'exercer cette fonction lui fait défaut. La politicienne de 59 ans dit bien connaître les limites et les contingences de la charge gouvernementale, pour avoir travaillé comme collaboratrice de deux ministres PDC, Arnold Koller et Ruth Metzler.
Isabelle Chassot estime par ailleurs que "l'évolution de ces dernières années ne va pas dans le bon sens, avec une personnalisation de la politique, une grande polarisation et une immixtion des partis politiques auprès de leurs conseillers fédéraux".