Résumé de l’article
Margot Chauderna: "L'économie doit fonctionner dans le cadre de l'environnement"
Lancée en 2021 par les jeunes Vert-e-s, l'initiative pour la responsabilité environnementale souhaite que la consommation de la Suisse se calque sur les limites planétaires devant permettre à la nature de se régénérer, et ce, dans un délai de 10 ans. Le texte des jeunes Vert-e-s précise que l'objectif devra être atteint par des mesures socialement acceptables.
"Actuellement, nous consommons plus de ressources que ce que nous avons à disposition. Nous polluons aussi plus que ce que l'environnement peut régénérer. Cela met en danger les bases de la subsistance de la vie sur Terre", estime la coprésidente des jeunes Vert-e-s suisses Margot Chauderna, invitée mercredi dans La Matinale.
>> Pour plus d'informations : Le comité d'initiative pour la responsabilité environnementale a lancé sa campagne
On aimerait que l'environnement devienne un cadre, une priorité
La Fribourgeoise de 29 ans rappelle que les limites planétaires ont été théorisées en 2009, sous la forme de neuf concepts scientifiquement reconnus. "Ces limites sont claires et nous mettent face à la réalité. Si on veut continuer à avoir une belle vie, il faut absolument qu'on les respecte, ce que notre système économique ne fait pas. L'économie doit fonctionner dans le cadre de l'environnement."
Si la Constitution fédérale dispose déjà de l'article 73, qui stipule que la Confédération et les cantons œuvrent à l'établissement d'un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l'être humain, cela ne suffit pas, selon les initiants.
"C'est déjà pas mal, mais ce n'est pas assez. On aimerait que l'environnement devienne un cadre et une priorité. Qu'on réfléchisse à partir de ça et plus que l'on agisse par rapport à ça. Les mesures nous le montrent: 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. La Suisse a aussi dépassé avec six ans d'avance la limite de plus 1,5 degré qu'elle s'était imposée en signant l'accord de Paris. C'est inquiétant et urgent. Il faut qu'on agisse", s'exclame Margot Chauderna.
>> A lire aussi : Le Conseil fédéral estime que l'initiative sur la responsabilité environnementale "va trop loin"
"Il faut qu'on ralentisse ou qu'on change de direction"
Le Conseil fédéral, par la voix d'Albert Rösti, rejette l'initiative des jeunes Vert-e-s, estimant qu'elle va trop loin et serait trop lourde pour la population et l'économie.
"Cette question du système de croissance économique infinie ne peut fonctionner sur une planète avec des ressources finies. Notre système est un engin lancé à pleine vitesse qui fonce droit dans le mur. Il faut soit qu'on ralentisse, soit qu'on change de direction", répond la biologiste de formation, laquelle demande un vrai dialogue sur la notion de "décroissance".
Le texte des initiants a été rédigé dans des termes assez généraux, ce qui a attiré un certain nombre de critiques provenant des opposants. Margot Chauderna rétorque qu'il s'agit du fonctionnement des initiatives. "On peut donner un cadre clair, ce que nous avons voulu, ou un catalogue de mesures. Notre choix doit permettre au Parlement de s'adapter."
Si la loi CO2 avait été refusée en juin 2021, jugée trop restrictive en raison de ses taxes incitatives, la nouvelle initiative viserait les personnes responsables "des dommages à l'environnement".
Margot Chauderna évoque l'exemple des super-riches et de leurs jets privés, mais aussi des multinationales: "Je crois qu'il y a 57 multinationales qui produisent 80% des émissions de CO2 mondiales. C'est vraiment là qu'il faut agir", explique-t-elle.
Et de conclure: "L'inaction est tellement plus coûteuse que le fait d'agir. C'est pour ça qu'on essaie de faire bouger les choses."
>> Lire aussi l'interview de Maxime Moix : Maxime Moix: "La Suisse doit agir pour l'environnement de manière socialement acceptable"
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Article web: Jérémie Favre