La pénurie de logements s'est aggravée et s'est répandue à toute la Suisse romande, explique la directrice de Naef

L'invitée de la Matinale (vidéo) - Virginie Galland, directrice générale de Naef Immobilier
L'invitée de la Matinale (vidéo) - Virgnie Galland, directrice générale de Naef Immobilier / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / hier à 07:32
Invitée mardi dans La Matinale, Virginie Galland, directrice générale de Naef Immobilier, explique que la pénurie de logements s'est aggravée et s'est répandue à toute la Suisse romande. La demande dépasse aujourd'hui largement l'offre, entraînant une hausse régulière des loyers.

La Suisse est une terre de locataires, une exception en Europe. Cette situation est due à plusieurs facteurs, particulièrement à la cherté et l'attractivité du pays, qui attire de nombreuses personnes, y compris fortunées.

"Beaucoup de personnes viennent s'installer en Suisse, notamment pour accéder à la propriété. Ce sont surtout des personnes privilégiées qui ont accès à l'achat, ce qui explique pourquoi la Suisse reste majoritairement une terre de locataires", analyse Virginie Galland.

En Suisse, l'évolution de la démographie, le vieillissement de la population, ainsi que l'éclatement des familles augmentent les besoins en logements

Virginie Galland, directrice générale de Naef Immobilier 

La pénurie s'élargit à toute la Suisse romande

La pénurie de logements est actuellement exacerbée par une forte croissance démographique, le vieillissement de la population et l'éclatement des familles.

Virginie Galland souligne que le taux de logements vacants en Suisse romande est de 1,08%, en baisse depuis cinq ans. Auparavant, les grandes villes comme Genève et Lausanne étaient sous pression, aujourd'hui, l'ensemble de la Suisse romande est touchée.

La directrice générale de Naef Immobilier cite l'exemple de Fribourg, qui n'était pas en situation de pénurie il y a peu, mais qui fait désormais face à cette réalité.

De plus, tous les segments du marché sont touchés. "Les appartements les plus demandés sont les appartements dits familiaux, c'est-à-dire avec deux chambres et un salon. (...) Mais nous avons aussi une pénurie sur les petits logements, notamment les studios, qui sont souvent recherchés par les étudiants", affirme-t-elle.

Les délais administratifs sont un obstacle à la croissance

Selon l'experte, le rythme de construction ne parvient pas à suivre la demande croissante. Cette situation est particulièrement problématique dans les villes, où les délais pour obtenir les permis de construire et les démarches liées aux oppositions peuvent retarder les projets de dix à quinze ans.

Nous constatons que l'administratif, surtout en milieu urbain comme à Genève, occupe des quartiers entiers. Dans ces zones, nous avons du mal à trouver des repreneurs

Virginie Galland, directrice générale de Naef Immobilier 

En raison de la lenteur administrative, certains projets ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins actuels. Par exemple, dans le cadre des plans de quartier, il est fréquemment nécessaire de construire à la fois des logements et des bâtiments administratifs. Cependant, particulièrement à Genève, où des quartiers entiers leur sont dédiés, les besoins ont changé et il est difficile de trouver des repreneurs pour ces zones de bureaux.

Virginie Galland préconise donc l'abandon de la construction d'habitations de type standard au profit de logements hybrides. Ces logements répondraient mieux aux besoins actuels, notamment ceux des seniors, qui occupent souvent des logements trop grands et inadaptés.

Transition énergétique et hausse des loyers

Le loyer moyen en Suisse est passé de 820 francs en 1990 à 1412 francs en 2022. Cette augmentation est principalement due à la pénurie de logements. Le principe de l'offre et de la demande joue un rôle crucial. Selon Virginie Galland, le droit du bail, en vigueur depuis 1990, contribue également à cette hausse des loyers.

La transition énergétique des bâtiments, bien que nécessaire, risque aussi d'augmenter les loyers. Ces travaux auront un impact, mais Virginie Galland souligne que des différences sont à attendre selon les cantons, car les législations et les subventions sont différentes.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Miroslav Mares

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