Le casse-tête des quotas dans les comités directeurs des fédérations sportives

Les Suisses Arnaud Grange et Marie van der Klin lors des Jeux olympiques de la jeunesse à Buenos Aires en 2018. [Keystone - Manuel Lopez]
Swiss Olympic instaure des quotas dans les comités directeurs des fédérations nationales / La Matinale / 1 min. / hier à 06:22
Depuis le 1er janvier, des quotas sont en vigueur au sein des fédérations nationales affiliées à Swiss Olympic, la faîtière du sport suisse. Chaque comité directeur doit désormais compter au moins 40% d'hommes et 40% de femmes, au risque de voir son financement diminuer.

Le quota de genre voulu par Swiss Olympic a pour but de promouvoir plus de diversité. Interrogée dans Forum mercredi, Lucie Schoch, sociologue du sport à l’Université de Lausanne, estime que la diversité dans les instances dirigeantes est "importante", car elle peut amener de la "richesse dans les décisions" et "sur les terrains sportifs".

Il est donc nécessaire, selon elle, de garantir une diversité "de genres", "de classes" et "de races". Et le fait d'avoir plus de femmes qui prennent des décisions grâce à ces quotas pourrait avoir comme conséquence "une féminisation" des "décisions des organisations". Mais "il faut rester prudent", temporise-t-elle, car les femmes ne sont pas les seules à pouvoir offrir cette féminisation, les hommes aussi, note-t-elle.

Selon les disciplines, le défi que représentent ces quotas n'est toutefois pas le même.

>> Ecouter l'interview de Lucie Schoch dans Forum :

Swiss Olympic instaure des quotas dans les comités directeurs des fédérations nationales: interview de Lucie Schoch
Swiss Olympic instaure des quotas dans les comités directeurs des fédérations nationales: interview de Lucie Schoch / Forum / 6 min. / hier à 19:00

L'exemple de Swiss Sailing

Avec trois hommes et quatre femmes, Swiss Sailing, la faîtière de la voile, est en règle. Le changement s'est fait petit à petit. Il y a quatre ans, Anne-Sophie Thilo était la première femme à intégrer le comité. "Les femmes n'étaient pas forcément sur le radar quand il fallait chercher des nouveaux candidats ou candidates pour de tels postes. On n'y pensait pas ou on avait des a priori, des préjugés", observe dans La Matinale Anne-Sophie Thilo.

Mais selon elle, les mentalités ont évolué. "Avec la nouvelle génération, ce n'est plus quelque chose d'anormal que d'avoir une famille, un travail et des engagements bénévoles en même temps. Je pense que notre manière de percevoir tout ça est en train d'évoluer et de changer."

Rôles modèles

La navigatrice salue l'opportunité faite aux femmes de servir de futurs rôles modèles, même si le choix des quotas questionne. De nombreux sports comptent plus de pratiquants masculins. Blaise Decrausaz, de l'association romande de lutte suisse, explique la difficulté de parvenir à la parité dans les instances dirigeantes .

"La faîtière est séparée en deux. Nous avons l'Association fédérale masculine et l'Association fédérale féminine. Dans les clubs, on arrive à atteindre en partie ces quotas. On a même des femmes qui sont présidentes de club. Par contre, plus on monte dans la hiérarchie, que ce soit au niveau cantonal, romand ou fédéral, plus ça devient difficile."

>> L'interview de Pierre Hagmann dans La Matinale :

Swiss Olympic. [swissolympic.ch]swissolympic.ch
Qutoas dans les comités des fédérations spotives: interview de Pierre Hagmann / Le Journal horaire / 51 sec. / hier à 09:02

Efforts entrepris

Face à ces différentes réalités, Swiss Olympic rassure et promet d'être tolérante, pour autant que le non-respect des quotas soit justifié. Pierre Hagmann, porte-parole de la faîtière du sport suisse, l'assure: Swiss Olympics tiendra compte des efforts entrepris.

"Une fédération qui ne remplit pas le quota de genre de 40% ne doit pas pour autant s'attendre à une réduction immédiate de ses subventions. Swiss Olympic considère cette nouvelle règle comme un programme d'impulsion."

"Mais si une association ne montre aucune volonté d'apporter sa contribution à cette idée et évolution, cela sera activement adressé et pourra à un moment donné conduire à des sanctions financières."

Le canton de Vaud prend les devants

Le canton de Vaud, de son côté, n'a pas attendu l'entrée en vigueur de la loi pour inciter les femmes à prendre du galon. Le canton offre depuis un an une formation pour les actuelles et futures dirigeantes.

"Le premier cours est par exemple utile pour comprendre les facteurs historiques, culturels et organisationnels qui complexifient l'engagement des femmes dans la gouvernance sportive", détaille Julien Echenard, responsable du projet pour l'Etat de Vaud. "On donne simplement des outils supplémentaires. Evidemment, on ne va forcer personne à faire du bénévolat."

Il poursuit: "On espère juste pouvoir mettre deux-trois conditions cadres qui favorisent cet engagement. Si vous avez des femmes dans un comité de clubs sportifs, il y a potentiellement plus de chances que ce club se développe bien au niveau de la pratique des femmes et des filles."

>> L'interview de Julien Echenard dans La Matinale :

L'équipe du Servette FC Chênois féminin à l'entraînement. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
Quotas dans les comités sportifs: interview de Julien Echenard / La Matinale / 1 min. / hier à 06:21

Camille Besse/asch

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