Résumé de l’article

  • Les inondations en Suisse nécessitent des efforts considérables de reconstruction, s'étalant sur plusieurs années et mêlant enjeux environnementaux, économiques et sociaux.
  • À Laufon (BL), le projet de réaménagement de la Birse débute 18 ans après une crue dévastatrice, avec un budget de 60 millions de francs.
  • L'urbanisation aggrave les risques d'inondation, poussant les autorités à trouver des solutions innovantes pour protéger les zones urbaines densément peuplées.
  • Les délais de mise en œuvre des projets de protection contre les crues sont longs, allant de 5 à 10 ans entre la planification et la réalisation.
  • Après les inondations, le long chemin de la reconstruction

    Dans les cantons les plus touchés, les chantiers de protection contre les crues prennent du temps à s’amorcer
    Dans les cantons les plus touchés, les chantiers de protection contre les crues prennent du temps à s’amorcer / La Matinale / 4 min. / aujourd'hui à 07:00
    Les inondations qui frappent la Suisse laissent des traces durables et mobilisent des efforts considérables pour la reconstruction. Celle-ci s’étale sur plusieurs années et représente toujours un défi complexe mêlant des enjeux environnementaux, économiques et sociaux.

    En 2007, les habitants de Laufon ont été confrontés à une crue dévastatrice de la Birse, la rivière qui traverse cette commune de Bâle-Campagne. Les résidents s’étaient retrouvés avec de l’eau jusqu’à la poitrine. La première pierre du projet de réaménagement de la rivière a été déposée la semaine dernière, soit 18 ans après la catastrophe.

    Ce projet d’envergure vise à mieux protéger la population contre les crues futures. "D’une part, la revalorisation de la Birse implique la rénovation et la transformation de quatre ponts et passerelles. C’est l’un des principaux défis", explique Andrea Tschopp, porte-parole de la direction des travaux publics de Bâle-Campagne. Mais avant même le début des travaux, il a fallu convaincre de nombreux propriétaires fonciers de céder une partie de leurs terrains. "Cet aspect a nécessité à lui seul 200 contrats pour régler ces cessions. Et notre chef de projet a eu des entretiens personnels avec toutes les personnes concernées."

    Il s'agit tout de même de protéger la population

    Andrea Tschopp, porte-parole de la direction des travaux publics de Bâle-Campagne

    Les travaux, prévus pour durer quatre ans, coûteront plus de 60 millions de francs, dont un tiers est financé par la Confédération. Mais est-ce alors un investissement justifié pour une crue qui survient en moyenne tous les 30 ans? "On peut se poser la question, mais il s’agit tout de même de protéger la population", répond Andrea Tschopp.

    Le projet vise également à restaurer l’environnement naturel et améliorer la qualité de vie des habitants: "Nous allons rendre à la Birse son espace d’origine: c’est un investissement pour la nature. Nous allons également créer plus d’espaces verts près de la vieille ville, et ainsi rapprocher les habitations, le travail et les loisirs", détaille la porte-parole.

    Des défis à relever dans toute la Suisse

    Interrogé dans La Matinale, Joël Varidel, chef de section à la Direction générale vaudoise de l’environnement, souligne de son côté que l’urbanisation aggrave les risques d’inondation: "On a construit de plus en plus près des cours d’eau, on les a aussi canalisés, on a donc réduit leur espace. Évidemment, ça a créé des situations d’inondations sur lesquelles on a dû, après coup, intervenir pour protéger les habitations".

    On essaie plutôt de travailler sur des mesures en amont des villes, où on prévoit des dépotoirs ou des herses qui retiennent une partie du charriage, tous les matériaux transportés

    Joël Varidel, chef de section à la Direction générale vaudoise de l’environnement

    Protéger les régions urbaines se révèle d'ailleurs souvent délicat, comme en témoigne en juin 2024 la crue centennale qui a vu l'eau envahir les rues et les magasins de Morges.

    >> Le centre de Morges inondé après un fort orage en juin 2024 :

    Le centre de Morges inondé après un fort orage
    Le centre de Morges inondé après un fort orage / L'actu en vidéo / 55 sec. / le 25 juin 2024

    "On n'a pas beaucoup de marge de manœuvre par rapport à des élargissements ou des aménagements. On essaie plutôt de travailler sur des mesures en amont des villes, où on prévoit des dépotoirs ou des herses qui retiennent une partie du charriage, tous les matériaux transportés par les crues ou encore les troncs d'arbres", explique Joël Varidel.

    "On a ensuite 'plus que l'eau' à gérer dans les villes. On rehausse alors un petit peu le sommet des berges ou, de manière exceptionnelle, on abaisse le niveau du lit", ajoute-t-il.

    Une mise en œuvre longue et complexe

    Le canton de Vaud mène actuellement cinq projets de protection, comme à Aigle, où un chantier est en cours depuis 2018 pour sécuriser la Grande Eau.

    Mais les délais restent longs: entre la planification et la réalisation, il faut compter au moins 5 à 10 ans. Brienz, dans le canton de Berne, en est un exemple frappant. Après une crue en août dernier, qui a pratiquement coupé le village en deux, il est prévu de dévier la rivière Milibach, mais les travaux ne commenceront pas avant 2028. En attendant, certains habitants n’ont toujours pas pu réintégrer leurs maisons.

    En Valais, la priorité reste aux travaux d’urgence pour restaurer le niveau de protection d’avant les intempéries. La situation est encore plus critique au Tessin, dans des zones escarpées et reculées comme le val Lavizzara, où les dégâts sont considérables. Faute de moyens, seules des mesures temporaires ont été mises en place. A Bavona, le val d’à côté, les masses de roches déplacées par les intempéries n’ont même pas encore été déblayées.

    Les inondations en Suisse rappellent que la reconstruction est un processus de longue haleine, nécessitant des investissements colossaux et une planification minutieuse. Chaque région doit trouver des solutions adaptées à ses contraintes géographiques et économiques pour prévenir de futurs désastres.

    Célia Bertholet

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