Surprise, remerciements et critiques après la démission de Viola Amherd

"Fidèle à ses principes, Viola Amherd a représenté la Suisse avec un sens aigu des responsabilités en tant que présidente de la Confédération", écrit le Centre. Il salue la rigueur et la détermination de sa conseillère fédérale.

L'organisation de la conférence sur la paix en Ukraine au Bürgenstock, mais aussi son engagement pour renforcer l'armée sont cités parmi les réussites de la Valaisanne, à la tête du Département de la défense.

Les Vert-e-s et les Vert'libéraux se sont dits surpris par l'annonce de sa démission. "Je pensais qu'elle allait au moins attendre la fin de l'Euro féminin cet été", une manifestation qui lui tient à cœur, a indiqué la vice-présidente des Vert'libéraux Céline Weber à Keystone-ATS.

Les Vert-e-s s'étonnent aussi de cette démission, trois jours après des critiques acerbes de l'UDC. Ils soulignent son engagement pour l'égalité, en particulier dans le sport. C'est aussi grâce à Viola Amherd que l'armée a fait son mea culpa et pris des mesures contre le harcèlement et la violence dans ses rangs, rappelle le vice-président du groupe parlementaire Fabien Fivaz (NE), interrogé par Keystone-ATS.

Un étonnement observé jusque dans les rangs de son propre parti, Le Centre. Invité dans Forum, son collègue de parti et conseiller aux Etats jurassien Charles Juillard assure qu'il ne s'y attendait pas.

"Je crois que c'est l'apanage des conseillers fédéraux, comme l'a rappelé Madame Amherd, de décider du moment de départ. Je crois que dans ce genre de situation, il y a peu de personnes qui sont au courant. En tout cas, moi, je ne l'étais pas", explique-t-il, saluant une "femme travailleuse", "qui veut toujours trouver des solutions" et "qui a le respect des institutions".

>> La réaction complète de Charles Juillard dans Forum :

>> Le suivi en direct de l'actualité autour de l'annonce de Viola Amherd : Viola Amherd crée la surprise en annonçant sa démission, Le Centre déjà mobilisé pour la succession 

Critiques sur les F-35

Viola Amherd a réussi à convaincre la population de la nécessité d'acquérir de nouveaux avions de combat, souligne le PLR. Pour les Vert'libéraux aussi, l'achat des F-35 figure parmi les succès de la centriste.

Un avis que ne partagent pas les Vert-e-s et le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA). Viola Amherd a refusé au peuple la possibilité de se prononcer sur l'achat du F-35, en signant les contrats avant le dépôt de l'initiative populaire de la gauche, relève Fabien Fivaz.

Sur X, le GSsA s'est réjoui que "les montagnes russes avec Viola Amherd" soient bientôt terminées. Outre le "vote empêché" sur le F-35, le groupe a aussi dénoncé une "augmentation insensée du budget de l’armée" et un "rapprochement de l’Otan par la porte-arrière".

DDPS "en panne"

Les partis ont profité de l'annonce de la démission de Viola Amherd pour souligner le besoin d'action au sein du Département de la défense.

"Viola Amherd a fait l'objet d'une surveillance particulière et s'est souvent vue confrontée à des attaques de la droite, notamment en raison de son genre", écrit le PS sur le réseau Bluesky.

Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) est par conséquent aujourd'hui "en panne", les "débâcles en matière d'armement" se succédant. Les socialistes attendent donc du successeur de la Valaisanne qu'il "fasse le ménage" au sein du DDPS et mette un terme "au gaspillage de l'argent du contribuable".

Les Vert-e-s relèvent également que Viola Amherd n'a pas réglé les problèmes laissés par ses prédécesseurs. De nombreux projets d'acquisition n'avancent pas ou font l'objet de dépassements de budgets.

>> Retour sur le mandat de Viola Amherd : Succès sur les F-35, crise des chars Leopard, conférence du Bürgenstock: le bilan de Viola Amherd à la Défense

Priorité à l'armement

Pour le PLR, la priorité absolue du successeur de la Valaisanne devra être de réarmer l'armée, qui n'est actuellement pas en mesure de se défendre. Pour ce faire, une feuille de route claire est nécessaire.

Pour l'UDC, le ou la prochaine ministre de la Défense devra remettre l'armée sur les rails. La Suisse doit revenir à la neutralité armée et globale qui a préservé le pays des grands malheurs des deux derniers siècles, a indiqué le président du groupe parlementaire Thomas Aeschi à Keystone-ATS.

L'UDC avait exigé samedi dernier le retrait de la conseillère fédérale, lui reprochant dans un communiqué de fixer de mauvaises priorités pour l'armée. Suite à ces critiques, les Vert-e-s estiment que l'UDC doit désormais prendre ses responsabilités et donc la tête du Département de la défense.

Invitée sur le plateau de Forum, la vice-présidente de l’UDC et conseillère nationale Céline Amaudruz estime toutefois que ce n'est sûrement pas le récent communiqué de son parti qui a poussé la Valaisanne à prendre cette décision. Avant de saluer l'engagement de la conseillère fédérale sur le départ. "Je ne suis pas là pour remercier quelqu'un qui part ou dire que je suis heureuse. Je suis là pour remercier quelqu'un qui s'est engagé pour notre pays, quand bien même je ne partage pas du tout certaines de ses positions."

Selon elle, Viola Amherd a hérité de dossiers difficiles, "dans un département trop longtemps pillé, car on sait que le budget de l'armée manque de ressources financières". Avant d'ajouter: "Je l'ai trouvée très active au niveau international lors de son année de présidence et peut-être pas assez au niveau de la défense nationale".

>> Démission de Viola Amherd: a-t-elle plié sous la pression de l'UDC? Débat entre Céline Amaudruz et Charles Juillard, dans Forum :

ats/fgn