Résumé de l’article
"Viola Amherd ne s'est jamais démontée et a toujours tenu sa ligne", salue Dominique de Buman
Conseiller national pour le Parti démocrate-chrétien (PDC) de 2003 à 2019, Dominique de Buman a longtemps côtoyé Viola Amherd sous la Coupole fédérale avant même que la Haut-Valaisanne n'atteigne le sommet de l'Etat. Au lendemain de l'annonce de la démission de la cheffe du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, l'ancien président du Conseil national (2017-2018) lui rend un "vibrant hommage" et estime que la conseillère fédérale du Centre est toujours restée fidèle à sa ligne de conduite.
Viola Amherd n'aime pas qu'on s'occupe de ses affaires, de la même manière qu'elle ne s'occupe pas des affaires des autres
"Viola Amherd est une solitaire. C'est presque une montagnarde pur crin, elle n'aime pas se livrer, elle n'aime pas les effets de manche. Elle a toujours été la même et ce qui m'a frappé, c'est que son comportement n'a jamais changé, que ce soit lorsqu'elle était conseillère nationale, présidente de groupe ou conseillère fédérale. Elle a une authenticité qui est impressionnante. J'ai côtoyé beaucoup de conseillères et conseillers fédéraux et elle a toujours été l'une des plus accessibles", témoigne Dominique de Buman.
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"Une vraie centriste"
Selon le Fribourgeois, Viola Amherd s'est aussi distinguée par sa discrétion. "Elle a son univers à elle. Elle n'aime pas qu'on s'occupe de ses affaires, de la même manière qu'elle ne s'occupe pas des affaires des autres. Elle n'aime pas la polémique et les batailles inutiles. C'est une vraie centriste qui a des convictions personnelles, elle aime les résultats, mais elle sait aussi qu'il faut travailler avec les autres pour y arriver."
Quand elle a un projet, elle ne l'abandonne pas
Sur le plan politique, Dominique de Buman décrit la Brigoise comme "opiniâtre", "déterminée" et "une fine lame juridique", se démarquant aussi en tant que "tacticienne", telle "une petite souris qui vient, qui observe, qui ne fait pas de bruit, mais qui sait exactement où elle va et elle arrive à son but", mais sans fioritures. "Il n'y a peut-être pas de design, pas beaucoup de marketing ou de communication, mais Viola, c'est Viola."
Et de poursuivre: "Quand elle a un projet, elle ne l'abandonne pas. On a pu voir au DDPS qu'il y a eu des dossiers très difficiles, comme la cybersécurité, Ruag, certaines nominations, la création du Secrétariat d'Etat à la sécurité, les quotas de femmes dans les instances sportives. On sait qu'il peut y avoir des résistances dans un département, mais elle ne s'est jamais démontée, elle avait une ligne dont elle ne s'est jamais départie."
Pour Dominique de Buman, Viola Amherd n'était pas mangée par l'ambition du pouvoir. Il se souvient d'une discussion avec la Valaisanne quelques mois avant les élections fédérales de 2019: "Elle me disait, sans trahir sa confiance, qu'elle ne savait pas à l'époque si elle allait se représenter au Conseil national".
Résistante aux polémiques
Son côté montagnard lui a permis de résister aux vents et aux tempêtes politiques, estime encore l'ancien président de la Fédération suisse du tourisme. "Elle est campée, elle ne bouge pas. On peut l'attaquer de manière très désagréable et rustre comme l'UDC vient de le faire, elle n'a pratiquement pas réagi."
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Concernant les attaques du premier parti de Suisse le 11 janvier dernier, qui exigeait la démission de la cheffe du DDPS en avançant sa mauvaise gestion de l'armée, elles n'auraient eu, d'après Dominique de Buman, aucun impact sur la décision de Viola Amherd.
Quand vous attaquez des personnes d'une manière aussi violente, c'est une atteinte à la confiance et à la stabilité politique
"Les rumeurs sur son départ circulaient bien avant l'attaque de l'UDC. Par ailleurs, vous ne prenez pas une décision de ce genre en quelques minutes. Il y a aussi eu la démission à la tête de notre parti de Gerhard Pfister… on peut s'imaginer qu'il y a eu une certaine concertation dans les décisions. Je ne crois pas que l'UDC a joué un rôle, même si les ignorants de la scène politique sont peut-être impressionnés par cet effet de manche", analyse l'ancien conseiller national.
Le Fribourgeois juge ces attaques "contraires" à ce que l'UDC défend: les institutions et la stabilité politique. "Quand vous attaquez des personnes d'une manière aussi violente, c'est une atteinte à la confiance, à la stabilité du climat politique. C'est une infraction à leur propre image."
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Article web: Jérémie Favre