"Max Göldi a été libéré aujourd'hui et se trouve actuellement dans un hôtel à Tripoli. Nous sommes en train d'achever les procédures administratives pour qu'il puisse quitter le pays", a déclaré Me Zahaf. Ce dernier prévoit que son client puisse rentrer en Suisse "samedi ou au plus tard dimanche". Condamné à quatre mois de prison pour "séjour illégal" en Libye, le Bernois a été libéré deux jours avant la date annoncée en mai par l'avocat.
La Télévision Suisse Romande a réussi à contacter Max Göldi par téléphone dans son hôtel à Tripoli. Ce dernier a confirmé sa libération, mais a refusé tout commentaire. L'avocat français de l'homme d'affaires suisse, Emmanuel Altit, a lui aussi confirmé que son client était sorti de prison.
Micheline Calmy-Rey remercie l'UE
La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey s'est dite jeudi soir à New York "très heureuse" de la libération de Max Göldi. Elle est confiante sur un retour du ressortissant suisse dans les prochains jours tout en précisant qu'il ne fallait pas être trop optimiste comme il n'y a pas de garanties.
La ministre a évoqué une étape et espère qu'il puisse rentrer à la maison le plus rapidement possible et retrouver sa famille. La cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a également remercié "nos partenaires de l'UE, en première ligne l'Espagne et l'Allemagne, pour leur soutien". Selon elle, ses homologues de ces deux pays Miguel Angel Moratinos et Guido Westerwelle sont très engagés et le soutien de l'UE est très utile.
Crise diplomatique
L'employé d'ABB avait été arrêté en 2008 en représailles à l'arrestation musclée d'Hannibal Kadhafi à Genève en juillet 2008, sur une plainte de deux domestiques l'accusant de mauvais traitements. Après 53 jours en prison, Max Göldi et un autre Suisse, Rachid Hamdani, avaient été libérés mais interdits de quitter le territoire libyen. Ils s'étaient alors réfugiés à l'ambassade helvétique à Tripoli. Rachid Hamdani a pu quitter la Libye le 23 février, tandis que Max Göldi a quitté le même jour l'ambassade pour se rendre aux autorités libyennes et purger sa peine de prison.
L'"affaire Hannibal" a envenimé les relations entre Tripoli et Berne. En réaction à la détention de ses deux ressortissants, la Confédération helvétique, membre associé de l'espace Schengen, avait décidé en 2009 de restreindre, pour l'élite libyenne, l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen, impliquant ainsi l'Union européenne dans ce contentieux.
Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays de l'espace Schengen. Ces mesures avaient provoqué la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles. L'UE et Tripoli avaient fini par annoncer la levée réciproque des restrictions à l'octroi de visas.
La Libye avait déjà pris en 2008 des mesures de rétorsion à l'encontre de la Suisse, retirant ses avoirs des banques suisses, et expulsant les sociétés helvétiques installées en Libye, outre l'annonce de l'arrêt de ses exportations de pétrole vers la Confédération. En mars, Tripoli a même annoncé en mars un "embargo économique total" sur la Confédération.
Conséquences commerciales
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont fortement ralenti à la suite de la crise. Les achats de pétrole à la Libye se sont ainsi effondrés de 80% en 2009 par rapport à l'année précédente, selon l'administration fédérale des douanes.
Signe de ce refroidissement des relations sur le plan commercial, les exportations suisses vers la Libye ont chuté de 44,7% en 2009 par rapport à 2008, et les importations de produits libyens en Suisse ont baissé de 78,4% à 718 millions de francs, selon les statistiques des douanes helvétiques.
agences/dk
Amnesty prédit un retour rapide
Quant à Amnesty International, l'ONG estime que Max Göldi pourrait obtenir son visa de sortie et rentrer en Suisse dès samedi. "Plus rien ne peut être retenu contre lui. Plus rien ne permet de le garder en Libye", a déclaré la porte-parole de l'organisation de défense des droits humains.
"Apparemment, Max Göldi n'a pas encore les papiers nécessaires pour quitter la Libye. Il ne pourra pas les obtenir demain car le vendredi est un jour férié, mais il devrait pouvoir recevoir un visa dès samedi", a indiqué Manon Schick.
"Un grand soulagement" pour Rachid Hamdani
L'ex-otage suisse en Libye Rachid Hamdani s'est dit "très heureux" jeudi soir après la libération de son ancien compagnon d'infortune Max Göldi. Il espère le revoir "bientôt" en Suisse.
"C'est un grand sentiment de soulagement", a déclaré Rachid Hamdani lors d'un flash spécial de la TSR. Cette libération permet d'espérer une fin rapide au "calvaire" enduré par Max Göldi.
Les deux hommes ont été détenus ensemble durant dix jours au début de la crise, à l'été 2008. Des moments "très durs, très pénibles", a rappelé Rachid Hamdani.