La présidente de la Confédération Doris Leuthard a estimé vendredi à la radio romande que "c'est un premier pas et un comportement correct des autorités libyennes". C'est "une étape", a insisté le porte-parole du Département des affaires étrangères (DFAE) Lars Knuchel.
La présidence espagnole de l'Union européenne a elle indiqué qu'en ce moment des efforts sont en cours pour procurer un visa de sortie à l'homme d'affaires "aussi vite que possible". Selon la porte-parole Cristina Gallach, le Premier ministre espagnol Miguel Angel Moratinos s'est engagé très fortement pour trouver une solution au conflit entre la Suisse et la Libye. "Et le travail n'est pas terminé", assure Madrid. Les prochains pas sont importants, jusqu'à ce que l'homme d'affaires suisse puisse vraiment quitter le pays.
Une rencontre entre le Premier ministre libyen et une délégation suisse de haut rang pourrait aussi avoir lieu vendredi en Libye. Cette information, rapportée par l'agence italienne Ansa, a été divulguée par le quotidien "Qurina", qui appartient à un des fils Kadhafi. Selon le journal, lors de cette réunion la Suisse et la Libye tenteront de mettre fin à la crise qui les oppose. Interrogé vendredi, le DFAE n'a pas souhaité faire de commentaires.
Départ samedi ou dimanche
La cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey était confiante sur un retour du ressortissant suisse dans les prochains jours. Néanmoins, la cheffe du DFAE a ajouté qu'il ne fallait pas être trop optimiste car il n'y a pas de garanties. "Il y a toujours eu des pics dans les relations avec la Libye", a-t-elle souligné. "On ne sait pas combien de temps cela prendra", a lâché de son côté la présidente de la Confédération Doris Leuthard.
Selon Saleh Zahaf, avocat de Max Göldi, ce dernier a déjà rencontré des représentants des autorités helvétiques. Saleh Zahaf a précisé à l'Associated Press qu'il attendait un départ de Libye de son client "samedi ou au plus tard dimanche", après l'obtention d'un visa et des autres documents nécessaires.
Pour Amnesty International, Max Göldi pourrait obtenir son visa de sortie et rentrer en Suisse dès samedi. "Apparemment, Max Göldi n'a pas encore les papiers nécessaires pour quitter la Libye. Il ne pourra pas les obtenir vendredi car c'est un jour férié, mais il devrait pouvoir recevoir un visa dès samedi", a indiqué Manon Schick.
La joie de la famille Göldi
Doris Leuthard, qui se trouve actuellement en Afrique du Sud pour l'ouverture de la Coupe du monde, se réjouit de la libération et espère un retour rapide de Max Göldi en Suisse, ont indiqué ses services vendredi. De son côté, Hans-Rudolf Merz se réjouit beaucoup pour Max Göldi et sa famille, a indiqué son porte-parole Daniel Saameli. Depuis New York, Micheline Calmy-Rey s'était dite jeudi soir "très heureuse" de la libération de Max Göldi.
La famille de Max Göldi a quant à elle appris "avec un grand soulagement et de la joie" la libération de leur proche, a-t-elle indiqué vendredi dans un communiqué. La famille de l'otage suisse, retenu depuis près de 700 jours en Libye, espère que "grâce au soutien de toutes les parties", Max Göldi puisse "quitter rapidement" le pays et "revenir auprès de sa famille".
Elle a indiqué avoir pu communiquer avec lui depuis sa libération et a pu constater qu'"il va bien et qu'il a supporté sa détention en restant en bonne condition". La famille de l'otage remercie "les responsables du DFAE, les ministres espagnols et allemands des Affaires étrangères, ABB, ainsi que toutes les autres parties pour leur soutien".
L'UE sur la scène
Micheline Calmy-Rey a également remercié "nos partenaires de l'UE, en première ligne l'Espagne et l'Allemagne, pour leur soutien". Selon elle, ses homologues de ces deux pays Miguel Angel Moratinos et Guido Westerwelle sont très engagés et le soutien de l'UE est très utile.
Le gouvernement allemand s'est déclaré soulagé de la libération de Max Göldi. "Nous espérons qu'il puisse bientôt quitter le territoire" libyen, a déclaré un porte-parole des Affaires étrangères à Berlin. La présidence espagnole de l'Union européenne a elle aussi salué la libération de l'homme d'affaires.
L'ancien compagnon d'infortune de Max Göldi en Libye, Rachid Hamdani, s'est déclaré heureux de la sortie de prison de l'employé d'ABB. "Je ne me sentais pas libre sans Max", a-t-il expliqué à la radio romande. Cette libération permet d'espérer une fin rapide au "calvaire" enduré par Max Göldi. Rachid Hamdani assure ne pas craindre que cela prenne plus de temps que prévu.
Max Göldi irait bien
Max Göldi a été contacté par téléphone dans son hôtel à Tripoli par la TSR. Il a confirmé sa libération, mais a refusé tout commentaire.
"Apparemment, il va bien", a estimé la porte-parole d'Amnesty International. "Des conditions de détention correctes ont fait qu'il a pu garder le moral et un état de santé relativement bon", a expliqué Manon Schick. Condamné à quatre mois de prison pour "séjour illégal" en Libye, le Bernois a été libéré deux jours avant la date annoncée en mai par l'avocat.
agences/bri
Une longue affaire qui a envenimé les relations bilatérales
Max Göldi, employé d'ABB, avait été arrêté en 2008 en représailles à l'arrestation musclée d'Hannibal Kadhafi à Genève en juillet 2008, sur une plainte de deux domestiques l'accusant de mauvais traitements.
Après 53 jours en prison, Max Göldi et un autre Suisse, Rachid Hamdani, avaient été libérés mais interdits de quitter le territoire libyen. Ils s'étaient alors réfugiés à l'ambassade helvétique à Tripoli. Rachid Hamdani a pu quitter la Libye le 23 février, tandis que Max Göldi a quitté le même jour l'ambassade pour se rendre aux autorités libyennes et purger sa peine de prison.
En réaction à la détention de ses deux ressortissants, la Confédération helvétique, membre associé de l'espace Schengen, avait décidé en 2009 de restreindre, pour l'élite libyenne, l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen.
Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays de l'espace Schengen. Ces mesures avaient provoqué la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles. L'UE et Tripoli avaient finalement levé leurs restrictions à l'octroi de visas.
En 2008, la Libye avait retiré ses avoirs des banques suisses, expulsé les sociétés helvétiques installées en Libye et annoncé un arrêt de ses exportations de pétrole vers la Confédération, avant de prévenir, en mars dernier, d'un arrêt commercial total.
Signe de ce refroidissement des relations sur le plan commercial, les exportations suisses vers la Libye ont chuté de 44,7% en 2009 par rapport à 2008, et les importations de produits libyens en Suisse ont baissé de 78,4% à 718 millions de francs, selon les statistiques des douanes helvétiques.